Paris déplore que les « conditions d’un procès équitable n’aient pas été respectées » suite aux verdicts dans l’affaire de « conspiration » en Tunisie.

La ministre des Affaires étrangères française a exprimé mercredi son « inquiétude » après les condamnations prononcées par la justice tunisienne à l’encontre de personnalités accusées de « complot » contre le président, et a déploré « le non-respect des conditions d’un procès équitable ».
Un tribunal en Tunisie a rendu samedi des peines de prison allant jusqu’à 66 ans lors de ce procès sans précédent visant environ quarante individus – politiciens, anciens ministres, avocats et hommes d’affaires – dont des figures de l’opposition.
Les organisations non gouvernementales ont protesté contre ce jugement. Bassam Khawaja, de Human Rights Watch, a dénoncé sur la plateforme X un procès « qui ne fait même pas semblant d’être équitable » et qui « ne repose pas (ses accusations) sur des preuves fiables ».
Les accusés ont annoncé qu’ils feraient appel du jugement.
Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué : « Nous avons été informés avec préoccupation des peines sévères prononcées par le tribunal à l’encontre de nombreux accusés de +complot contre la sécurité de l’État+, parmi lesquels plusieurs citoyens français (…) Nous déplorons le non-respect des conditions d’un procès équitable. »
Il a ajouté : « La France est engagée, en Tunisie comme partout dans le monde, en faveur du droit à un procès équitable, d’une justice indépendante, ainsi que de la liberté de former des associations, d’expression et de rassemblement. L’État de droit partout est une garantie pour le développement d’une démocratie stable et prospère. »
Lors de la dernière audience du procès vendredi, les avocats ont exprimé leur indignation face à la décision du juge de prendre son jugement en délibéré sans prononcer d’accusations ni entendre les plaidoiries de la défense. Les journalistes et diplomates étrangers ont été exclus de la salle d’audience.
Parmi les quarante condamnés, 15 sont emprisonnés depuis deux ans, tandis que les autres sont libres ou en exil, comme le penseur français Bernard-Henri Lévy, l’activiste féministe tunisienne Bushra Belhaj Hamida, et l’ancienne présidente du cabinet présidentiel Nadia Akacha.
Depuis que le président Kaïs Saïed s’est accordé des pouvoirs étendus à l’été 2021, les ONG et les opposants dénoncent le recul des droits en Tunisie, où a débuté ce qui a été appelé le « printemps arabe » en 2011.