Casablanca entre marginalisation et mauvaise gestion : la capitale économique perd-elle son rôle de leader ?

Le pays.ma
La ville de Casablanca, capitale économique du Maroc, traverse une période d’incertitude qui soulève des interrogations sur les stratégies de développement qui lui sont destinées, face à ce que certains perçoivent comme un recul de son rôle dirigeant par rapport à d’autres villes telles que Rabat, Marrakech, et Tanger.
Un recul dans les rôles majeurs
Les signes les plus évidents de ce recul se manifestent par le transfert de la Foire internationale du livre à Rabat et la délocalisation de la plupart des rencontres de football internationales vers d’autres villes. Par ailleurs, Marrakech et Tanger ont accaparé les grandes conférences économiques et commerciales, laissant les habitants de Casablanca, longtemps considérée comme le centre des grands événements, se sentir écartés de la carte des manifestations nationales et internationales.
Causes possibles : mauvaise gestion ou complot ?
Ce déclin soulève une question fondamentale : reflète-t-il une mauvaise gestion de la part des élus locaux ? Ou bien existe-t-il une décision politique visant à réduire le rôle de Casablanca au profit d’autres villes ?
Certains observateurs affirment que l’inefficacité des représentants de Casablanca, incapables de répondre aux aspirations de la ville et de ses habitants, contribue directement à cette situation. D’autres avancent qu’il existe une tendance gouvernementale à redistribuer les grandes activités nationales entre les villes marocaines, dans le but d’atteindre un équilibre régional, même si cela se fait au détriment de l’héritage prestigieux de Casablanca.
Une ville aux chantiers sans fin
La capital, qui compte environ cinq millions d’habitants, vit entourée de grands chantiers inachevés, comme le projet des lignes de tramway et d’autres infrastructures suspendues. Ces travaux en cours sont devenus une source de désagrément quotidien pour les résidents, qui ont l’impression que leur ville souffre d’un manque de planification.
Malgré les efforts royaux pour développer la ville à travers des projets tels que le "pôle financier" et le port "Casa Finance City", la mise en œuvre effective de ces projets avance à un rythme très lent, ce qui affaiblit les chances de la ville de retrouver son éclat en tant que pôle économique et culturel.
Avis des experts : entre passé et avenir
Le Dr. Ahmed Taheri, chercheur en développement urbain, souligne que "Casablanca a besoin d’une vision stratégique globale pour se repositionner en tant que véritable capitale économique, loin des considérations politiques ou de la compétition entre villes."
Il ajoute : "La ville possède toutes les qualités nécessaires, mais la faiblesse de la gouvernance et le retard des grands chantiers nuisent à sa réputation et à son rôle."
De son côté, la sociologue Nadia Belmelih affirme que "les habitants de Casablanca ont souffert d’un manque de communication avec leurs élus, ce qui a creusé le fossé de la confiance entre citoyens et institutions."
Conclusion
Casablanca, qui fut un jour le cœur du combat et de l’activité économique, fait aujourd’hui face à un grand défi entre un possible marginalisation et une gestion défaillante. La question demeure : peut-on redonner vie à cette ville fascinante pour qu’elle retrouve sa position de leader, ou son destin sera-t-il de continuer à décliner face à d’autres villes en pleine ascension ?