Art & Culture

Un spectacle marocain-africain clôt le Festival de Fès de la musique ancestrale.

La soirée de clôture du Festival de Fès de musique mondiale classique, qui s’est tenue samedi, a offert un spectacle enchanteur et remarquable. L’espace de « Bab Makina » s’est transformé pour l’occasion en un véritable sanctuaire de liaison musicale et spirituelle.

Le public, venu en masse, a vibré aux rythmes africains portés par des artistes du Ghana, du Mali et du Maroc. Cette soirée exceptionnelle a merveilleusement incarné l’esprit du festival : relier les peuples et les cultures à travers le langage universel de la musique, transcender les frontières et créer un espace d’unité où chacun se sent appartenir.

Le voyage musical a commencé avec le groupe « Spera » en provenance du Ghana, porteur d’un riche héritage centré autour de l’instrument « sperryou » (harpe-luth ghanéen). Sous la direction du maestro John Kwame Osei Korankye, accompagné de Christopher Amotorniour à la « berimbau » (lamellophone-cajón) et de Prince Charles Egan aux percussions, les artistes ont su captiver l’audience par leur jeu exceptionnel.

Cependant, ce qui a le plus touché le public, au-delà de la virtuosité musicale, ce sont les récits racontés à travers cette musique, comme l’histoire de l’homme de quatre-vingt-dix ans qui plante un cocotier en sachant qu’il ne le verra jamais grandir, juste pour laisser un héritage aux générations futures. Une métaphore puissante sur le passage du temps, l’espoir et l’amour inconditionnel, se transformant en leçon de vie.

Du Mali, le grand Baba Sissoko et son groupe « Orchestre » ont emmené « Bab Makina » dans un rêve avec les sonorités de la harpe malienne. Les chants poétiques, soutenus par une musique raffinée et sacrée, ont élevé les âmes dans une atmosphère contemplative et profonde, où chaque note semblait toucher directement l’esprit.

La douceur des mélodies et la profondeur des paroles ont rappelé à tous la place centrale de la musique dans la culture malienne, en tant que mémoire, sagesse, émotion et prière reliant l’être humain à son passé, tout en ouvrant les portes de l’avenir.

Parmi les moments forts de cette soirée, l’union des musiques ghanéennes et maliennes a constitué un grand moment, où les instruments des deux groupes se sont mêlés dans une symphonie vibrante et harmonieuse.

Dans un élan artistique spontané, le public a partagé ses voix et ses applaudissements avec les artistes, synchronisant le rythme et participant à une communion collective et libératrice.

Cette interaction symbolique a exprimé l’unité profonde du continent africain, capable de surmonter les barrières linguistiques, culturelles et religieuses pour célébrer ce qui unit, et non ce qui divise.

Poursuivant les performances exceptionnelles de la soirée, le groupe « Aïssaoua » de Meknès est monté sur scène sous un flot d’applaudissements, sentant dès leur arrivée l’enthousiasme et l’attente du public.

Rapidement, les invocations soufies aïssaoua, accompagnées de rythmes puissants, ont transformé « Bab Makina » en une arène vivante, où les spectateurs dansaient et chantaient ensemble ces hymnes soufis hérités des confréries marocaines.

Le grand final a rassemblé les tambours ghanéens et les musiciens de Meknès dans une parfaite harmonie, offrant au public un moment et une sensation indescriptibles. Cette rencontre inattendue a illuminé les liens profonds unissant les peuples africains, soulignant que ce qui les unit est plus grand que leurs différences, et que l’Afrique partage un seul pouls : riche, uni et vibrant, reflet de créativité, de fraternité et de dynamisme.

Tout au long de cette édition, le Festival de Fès de musique mondiale classique a relevé le noble défi d’établir un dialogue véritable entre les peuples en un temps de tensions et de malentendus, prouvant avec brio que la musique peut être ce pont précieux reliant des horizons lointains et unissant les cœurs.

Qu’il s’agisse d’hymnes sacrés, de musique spirituelle ou de créations contemporaines, chaque performance a constitué une brique dans la construction d’une compréhension plus profonde entre les cultures, révélant des similitudes là où nous avons l’habitude de ne voir que des différences.

Alors que se ferme le rideau sur cette soirée exceptionnelle, le Festival de Fès nous rappelle qu’au-delà des différences religieuses, il existe un langage universel : celui du cœur, du partage et de la musique. C’est véritablement une leçon de beauté, de paix et d’espoir, offerte par les artistes et le public, chacun étant un acteur essentiel de cette célébration unique.

À « Bab Makina », sous un ciel étoilé, les rythmes du Ghana, les mélodies du Mali et les invocations du Maroc se sont entremêlés en une ode lumineuse et puissante. Ce fut un spectacle musical extraordinaire qui restera gravé dans les mémoires, affirmant la place du Festival de Fès comme l’un des plus grands rendez-vous mondiaux pour le dialogue entre les cultures et les civilisations.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page