L’art du tapis de feutre : un patrimoine ancien résistant à l’oubli.

La tradition de la « labbada », qui remonte à des décennies, est l’une des plus emblématiques des métiers d’artisanat au Maroc. Les artisans s’efforcent de la préserver et d’assurer sa continuité à travers les générations.
La technique de la labbada, pratiquée dans plusieurs villes du royaume, dont Marrakech, repose sur un savoir-faire ancien. La laine est soigneusement lavée, peignée et teinte, puis le maître artisan la pétrit avec de l’eau et du savon pour qu’elle s’imbrique et se fonde en une seule pièce, lui conférant ainsi une texture solide et malléable, utilisée pour créer des produits variés.
Cet art ancestral, autrefois omniprésent dans la vie quotidienne, allant de la fabrication de tapis traditionnels aux outils utilitaires et aux vêtements, est aujourd’hui menacé par l’oubli et l’évolution des modes de consommation.
Face à cette situation, le ministère du Tourisme, de l’Artisanat, de l’Économie sociale et solidaire a mis en place un programme pluriannuel visant à préserver ces compétences précieuses et à transmettre le savoir des maîtres artisans aux nouvelles générations.
À ce sujet, Hicham Berdouzi, directeur régional de l’artisanat à Marrakech, a expliqué que le ministère a élaboré un programme s’étendant sur plusieurs années, visant à protéger et préserver les métiers en danger d’extinction.
Dans une déclaration à l’Agence Maghreb Arabe Presse, il a indiqué : « Nous avons d’abord commencé par identifier ces métiers à l’échelle nationale et à documenter chaque étape de la production, des matières premières au produit final. Nous avons également cherché à développer l’utilité de ces produits. »
Il a ajouté que, par exemple, le tapis traditionnel, qui était parfois utilisé pour la prière ou l’enseignement, est aujourd’hui devenu un élément de décoration ou un vêtement alliant authenticité et modernité.
De plus, plusieurs programmes de formation ont été lancés pour structurer ces métiers et encourager les jeunes à rejoindre les filières artisanales, dans le but de protéger et de valoriser ces professions à travers un soutien matériel et moral aux artisans.
M. Berdouzi a précisé qu’après une première saison du programme dédiée aux instruments de musique, la seconde phase est entièrement consacrée à l’art de la labbada. Elle vise à documenter ses techniques traditionnelles, à former de jeunes artisans et à développer de nouvelles applications pour les tapis, les vêtements et les objets de décoration, afin de préserver cette compétence ancestrale tout en l’adaptant aux besoins et aux goûts contemporains.
Pour sa part, l’artisan Khaled Mousou, spécialiste de l’art de la labbada, a souligné l’histoire de ce métier ancien et sa résistance à toutes les transformations, rappelant qu’il existait au Maroc un marché appelé « labbadin », où plus de soixante artisans pratiquaient ce métier.
Il a signalé que cette profession a connu au fil des années de grandes difficultés ; néanmoins, il existe encore des maîtres aguerris qui continuent de faire vivre ces techniques authentiques.
M. Mousou a déclaré que « la popularité des réseaux sociaux et le développement du tourisme ont revitalisé cet art. Nous avons progressivement élargi notre gamme de produits pour inclure des tapis, des chapeaux, des babouches traditionnelles, des vêtements et d’autres objets décoratifs, tout en respectant les techniques traditionnelles. »
Il a affirmé qu’au cours des quinze dernières années, l’art de la labbada a réaffirmé sa place comme un modèle dans le domaine de la préservation et de la modernisation de l’artisanat marocain.
Il est certain que la préservation de l’art de la labbada ne se limite pas à la survie d’un métier ; c’est une nécessité pour sauvegarder un patrimoine culturel, encourager la créativité et offrir aux jeunes artisans un avenir professionnel remarquable, où chaque pièce traditionnelle devient un miroir vivant du passé et de l’identité marocaine, un pont entre des traditions anciennes et la modernité.