La conférence arabe et islamique appelle les nations à réévaluer leurs relations avec Israël suite à l’attaque de Doha.

LaSommet arabe et islamique extraordinaire qui s’est tenu à Doha lundi a appelé les pays à revoir leurs relations diplomatiques et économiques avec Israël après qu’elle ait ciblé des responsables du Hamas au Qatar, qui joue un rôle dans la médiation concernant la guerre dans la bande de Gaza.
Le communiqué final de la réunion a exhorté « tous les pays à prendre toutes les mesures légales (…) pour empêcher Israël de poursuivre ses actions contre le peuple palestinien, y compris en soutenant les efforts visant à mettre fin à son impunité, à la tenir responsable de ses violations et crimes, à lui imposer des sanctions et à suspendre les livraisons d’armes, de munitions et de matériel militaire ou leur transit ».
Le texte a ajouté que « cette agression contre un lieu neutre de médiation ne viole pas seulement la souveraineté du Qatar, mais sape également les efforts internationaux de médiation et de paix, Israël portant la pleine responsabilité de cette attaque ».
Le communiqué a également appelé à « une coordination dans les efforts visant à suspendre l’adhésion d’Israël aux Nations Unies », car ses violations sont en contradiction avec la Charte des Nations Unies.
Lors de son discours à la conférence, l’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al Thani a accusé Israël d’avoir intentionnellement tenté de faire échouer les négociations sur la guerre dans la bande de Gaza par le biais de cette frappe sur son sol la semaine dernière.
Il a déclaré : « Celui qui s’acharne de manière systématique à assassiner la partie avec laquelle il négocie cherche à faire échouer les négociations ».
Il a ajouté que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou « rêve de faire de la région arabe une zone d’influence israélienne, ce qui est une illusion dangereuse ».
En conférence de presse, le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Hossam Zaki, a répondu à une question concernant la « révision des relations », en précisant que « cet appel n’est pas contraignant » et que chaque pays peut examiner la question et prendre les mesures qu’il juge appropriées.
Trois pays arabes, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, ont signé en 2020 des accords de normalisation avec Israël et ont établi des relations diplomatiques avec elle.
En revanche, la guerre qui a éclaté entre le Hamas et Israël le 7 octobre a suspendu les négociations de normalisation entre l’Arabie saoudite et l’État hébreu.
La Jordanie et l’Égypte maintiennent un traité de paix et des relations diplomatiques avec Israël.
— Washington et l’influence —
Lors de la conférence de presse qui a suivi le sommet, le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, Jassim Mohamed Al Budaiwi, a répondu à une question sur les mesures que les pays participant au sommet comptent prendre pour dissuader Israël en déclarant : « Nous nous attendons à ce que nos partenaires stratégiques aux États-Unis exercent leur influence sur Israël pour mettre un terme à ce comportement… ils ont une influence et un impact sur Israël, et le moment est venu d’utiliser cette influence et cet impact ».
Un responsable américain a confirmé lundi que le secrétaire d’État américain Marco Rubio, actuellement en visite en Israël, se rendra mardi au Qatar, qui abrite la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient.
La semaine dernière, le président américain Donald Trump a déclaré qu’il « n’était pas heureux » de l’attaque israélienne au Qatar.
Le ministère des Affaires étrangères américain a annoncé lundi que Rubio réaffirmera lors de sa visite au Qatar mardi « le soutien total des États-Unis à la sécurité et à la souveraineté du Qatar » après l’attaque israélienne.
Rubio a confirmé aux responsables israéliens le « soutien indéfectible » de son pays à l’État hébreu pour atteindre ses objectifs dans la bande de Gaza, appelant à l’élimination du Hamas.
Lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, Rubio a déclaré : « Le peuple de Gaza mérite un avenir meilleur, mais cet avenir ne peut commencer qu’une fois le Hamas éliminé », ajoutant : « Vous pouvez compter sur notre soutien et notre engagement indéfectibles pour y parvenir ».
Il a également souligné que les États-Unis soutiennent le « rôle constructif » que joue le Qatar dans la médiation, ajoutant : « Nous continuerons à encourager le Qatar à jouer un rôle constructif à cet égard ».
Ont participé au sommet de Doha le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, le président iranien Massoud Bezhkishan, le président turc Recep Tayyip Erdoğan, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le président syrien par intérim Ahmad al-Chara, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi de Jordanie Abdallah II.
Cette réunion s’est tenue sur fond de large condamnation internationale de l’attaque israélienne.
La frappe israélienne à Doha a causé la mort de six personnes. Le Hamas a déclaré que ses dirigeants ciblés avaient survécu à l’attaque.
Le communiqué final a dénoncé les « pratiques » d’Israël dans la bande de Gaza, où la guerre entre le Hamas et l’État hébreu se poursuit depuis plus de 23 mois, y compris « la famine et le blocus », qualifiant cela de « crime parfait », et a appelé la communauté internationale à agir pour y mettre fin. Le texte a également rejeté toute tentative d’annexion et de déplacement des Palestiniens.