Le Bank Al-Maghrib maintient le taux d’intérêt directeur à 2,25 %.

Le Conseil de Bank Al-Maghrib, réuni aujourd’hui mardi à Rabat, a décidé de maintenir le taux d’intérêt directeur inchangé à 2,25 %.
Dans un communiqué concernant la troisième réunion trimestrielle de son conseil pour l’année 2025, Bank Al-Maghrib a indiqué : « En tenant compte de l’évolution de l’inflation à des niveaux modérés et des incertitudes entourant les perspectives économiques qui demeurent élevées, le conseil a décidé de maintenir le taux d’intérêt directeur à 2,25 % tout en poursuivant le renforcement des mesures visant à faciliter les conditions de financement des entreprises, notamment celles très petites. »
Le conseil suivra de près l’évolution de la conjoncture économique et fondera ses décisions lors de chaque réunion sur les données les plus récentes.
Au cours de cette réunion, le conseil a examiné l’évolution de la conjoncture économique nationale et internationale, ainsi que les prévisions macroéconomiques de la banque à moyen terme. Il a souligné que le niveau d’incertitude à l’échelle internationale continue d’influer sur les perspectives de l’économie mondiale, qui devrait poursuivre son ralentissement, mais à un rythme moins prononcé qu’attendu en juin.
Au niveau national, Bank Al-Maghrib prévoit que la croissance économique s’accélère, passant de 3,8 % en 2024 à 4,6 % cette année, pour se stabiliser à 4,4 % en 2026.
Il est prévu que la valeur ajoutée agricole augmente de 5 % cette année, compte tenu d’une récolte de céréales estimée à 41,3 millions de quintaux, puis à un taux de 3,2 % en 2026 avec l’hypothèse d’une production de 50 millions de quintaux.
Concernant les secteurs non agricoles, grâce à la dynamique robuste d’investissement dans les infrastructures, on s’attend à ce que leur croissance atteigne 4,5 % en 2025 et 2026.
En ce qui concerne l’inflation, celle-ci continue d’évoluer à des niveaux modérés, atteignant en moyenne 1,1 % au cours des huit premiers mois de l’année 2025.
Selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, le taux d’inflation devrait s’établir à 1 % pendant l’année 2025, demeurant relativement stable par rapport à 2024, avant de s’accélérer à 1,9 % en 2026.
On s’attend à ce que sa composante fondamentale passe de 2,2 % en 2024 à 1,1 % en 2025, puis à 2 % en 2026.
D’autre part, les prévisions d’inflation restent ancrées, les experts du secteur financier anticipant, pour le troisième trimestre de l’année 2025, un taux d’inflation moyen de 2,1 % sur une période de huit trimestres, et de 2,2 % sur douze trimestres.
En ce qui concerne la transmission des décisions antérieures du Conseil, on note la poursuite de la baisse des taux d’intérêt appliqués aux prêts bancaires accordés au secteur non financier, avec un recul cumulé depuis le début de l’assouplissement monétaire en juin de l’année dernière de 59 points de base au deuxième trimestre de 2025, contre une baisse de 75 points pour le taux d’intérêt directeur.
Sur le plan des comptes extérieurs, une dynamique des échanges commerciaux est attendue à moyen terme, l’impact des récentes mesures douanières américaines restant faible.
Ainsi, on prévoit que les exportations augmentent de 6,2 % en 2025, principalement grâce à l’accroissement des ventes de phosphate et de ses dérivés, atteignant 110,7 milliards de dirhams, puis de 9,4 % en 2026, en lien avec la reprise attendue dans l’industrie automobile, dont les ventes devraient croître de 20 % en 2026 pour atteindre 187,6 milliards de dirhams.
On prévoit que les importations augmentent de 7,4 % en 2025, puis de 7,1 % en 2026, en raison de la forte hausse des achats de biens d’équipement, tandis que la facture énergétique devrait continuer de diminuer, revenant à 94,4 milliards de dirhams en 2026.
Parallèlement, les revenus du tourisme devraient continuer à bien performer, avec de nouvelles augmentations de 11,3 % cette année, et de 4,8 % l’année prochaine, atteignant 131,2 milliards de dirhams.
Quant aux transferts des Marocains résidant à l’étranger, après une stabilisation attendue cette année, ils devraient progresser de 4,8 % en 2026 pour atteindre 125,5 milliards de dirhams.
Dans ce contexte, le déficit du compte commercial devrait rester contenu à environ 2,3 % du produit intérieur brut en 2025, et à 2 % en 2026, après s’être établi à 1,2 % en 2024.
Pour ce qui est des investissements étrangers directs, leurs rendements devraient représenter environ 3,3 % du produit intérieur brut en 2025 et 3,5 % en 2026.
Dans l’ensemble, compte tenu des financements externes prévus pour le trésor, les réserves officielles devraient continuer d’augmenter pour atteindre 418 milliards de dirhams d’ici la fin de l’année 2025, et 434,5 milliards à la fin de 2026, soit l’équivalent de 5 mois et demi d’importations de biens et services.
En ce qui concerne les conditions monétaires, le déficit de liquidité devrait diminuer à 115,3 milliards de dirhams à la fin de 2025, avant de se creuser à nouveau à 133 milliards en 2026, entraîné par l’augmentation du volume de monnaie en circulation.
Pour ce qui est du crédit bancaire, en raison de l’évolution attendue de l’activité économique et des prévisions du système bancaire, il est probable que les financements destinés au secteur non financier connaîtront une forte acceleration, augmentant de 5,9 % en 2025 et 2026, contre une moyenne de 2,7 % au cours des deux années précédentes.
Concernant le taux de change effectif réel, une stabilité est attendue d’ici la fin de l’horizon de prévision, suite à une augmentation prévue de 2,2 % cette année et à une baisse anticipée de 2,3 % en 2026.
Dans ce même contexte, les évaluations trimestrielles réalisées par Bank Al-Maghrib, conformément à la dernière version de la méthodologie internationale, indiquent que la valeur de la monnaie nationale reste globalement cohérente avec les fondamentaux économiques.
En matière de finances publiques, les données d’exécution du budget jusqu’à fin août 2025 révèlent une amélioration significative des recettes ordinaires, qui ont augmenté de 14,5 %, soutenues principalement par la progression des recettes fiscales.
Parallèlement, les dépenses totales ont augmenté de 12,6 %, reflétant une hausse tant des dépenses ordinaires que des dépenses d’investissement.
Compte tenu de ces évolutions et des dispositions de la loi de finances pour l’année 2025 ainsi que de la programmation budgétaire 2025-2027, et des crédits supplémentaires ouverts par le gouvernement en avril dernier, ainsi que des orientations du projet de loi de finances pour 2026, Bank Al-Maghrib prévoit que le déficit budgétaire, hors recettes de cession des participations de l’État, se stabilisera à 3,9 % du produit intérieur brut cette année et qu’il reculera à 3,4 % en 2026.
Enfin, dans le cadre d’un processus d’ouverture et d’écoute visant à mieux appréhender la performance des secteurs de l’économie nationale et ses perspectives, le conseil tiendra une rencontre le 24 septembre 2025 avec le groupe OCP (Office chérifien des phosphates).