Art & Culture

La coordination des acteurs de théâtre de Casablanca s’interroge sur les entités qui bloquent les directives du wali et annonce sa détermination à descendre dans la rue.

Par : Ismaïl Boukacem

Le slogan “Pour éclairer toutes les scènes de notre théâtre oval” élevé par la “Coordination des artistes théâtraux de Casablanca” lors de sa conférence de presse n’était pas qu’un vœu, mais un cri de protestation face à une marginalisation délibérée. Lors de cette conférence exceptionnElle, la salle du siège du Syndicat des professionnels des arts dramatiques à Casablanca est devenue une plateforme pour dénoncer l’absence et l’oubli qui touchent l’art théâtral. Les responsables de la coordination ont révélé qu’ils menaient une lutte acharnée, non seulement pour présenter leurs spectacles, mais pour préserver l’âme culturelle de la ville.
Au cœur de la conférence, le détail de la réunion du 11 juin 2025 avec le wali de la région de Casablanca a témoigné de la grande déception. Cette réunion, considérée comme historique dans le parcours militant de la coordination, avait fait naître un espoir parmi les artistes casablancais, et les résultats pratiques semblaient capables de mettre fin à des années d’attente et de chômage. Parmi ces résultats, la formation d’un comité mixte provincial pour effectuer des inspections sur le terrain des équipements culturels de la ville, afin de déterminer précisément leurs besoins. Cependant, comme l’ont exprimé les dirigeants de la coordination avec un mélange de colère et d’incrédulité, “ce processus s’est arrêté de manière soudain et ambiguë, et a été avorté en cours de route”. La question qui a résonné dans la salle était : “Qui sont les acteurs capables d’arrêter les directives du wali ? Et qui a intérêt à ce que la situation demeure inchangée ?”
Ce n’était pas la seule blessure, car le projet ambitieux du dossier artistique de dynamisation, élaboré par la coordination à la demande du wali pour couvrir toutes les rues de Casablanca avec des activités théâtrales redonnant vie à la ville, reste son destin suspendu sur le bureau du wali, enfermé dans des tiroirs avec d’autres dossiers destinés aux conseils élus, qui semblent avoir choisi une politique de “l’oreille sourde”.
Ce qui a accentué l’amertume de la situation, c’est l’affaiblissement de la voix des médias, un point que les organisateurs ont pris soin de souligner, considérant cela comme un “affaiblissement incompréhensible soulevant plus d’interrogations”. Alors que les artistes avaient besoin de plateformes pour faire entendre leur voix, ils se sont retrouvés à parler à un petit nombre de personnes, ce qui a renforcé leur sentiment qu’il y a une volonté de dissimuler leur cause et de l’empêcher d’atteindre l’opinion publique.
Cependant, au lieu de se soumettre, la conférence a révélé un tournant stratégique dans le travail de la coordination, passant d’une phase de revendication et d’attente à une phase d’action organisée et d’affrontement direct. Les organisateurs ont résumé les axes de cette stratégie en points clairs, allant de l’intensification de leurs actions militantes à la transformation d’une “force de proposition” en une “force de pression”, en adoptant toutes les formes de luttes légitimes et en créant un front opposé pour briser le silence.
Cette vision a immédiatement trouvé un écho dans les interventions des journalistes, des acteurs théâtraux et des chefs de troupe présents, qui ont élévé le niveau des revendications, en commençant par une demande explicite d’activation du principe de responsabilité et de reddition de comptes. Les propositions n’ont pas cessé d’augmenter, atteignant même le seuil de l’appel à l’organisation de manifestations massives comme première étape d’escalade.
La conférence n’a pas seulement été un lieu de plainte, mais a marqué la naissance d’une nouvelle ère de lutte théâtrale à Casablanca. Une phase où les artistes ont compris que les lumières des scènes ne s’allumeront pas par l’espoir, mais par la force de la volonté et l’unité des rangs, même si le prix à payer est de sortir du silence des coulisses vers le bruit de la rue.

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