Au féminin

Le Conseil national des droits de l’homme lance une campagne nationale contre la violence numérique à l’égard des femmes et des filles.

Le Conseil national des droits de l’homme a lancé, ce mercredi à Rabat, une campagne nationale contre la violence numérique à l’égard des femmes et des filles, sous le slogan « Nous ne resterons pas silencieux face à la violence », qui se poursuivra jusqu’au 10 décembre prochain.

À cette occasion, le Conseil a organisé un séminaire national sur le thème « La violence facilitée par la technologie contre les femmes et les filles, une pandémie numérique silencieuse », s’inscrivant dans le cadre de l’engagement dans la campagne internationale « Unis pour mettre fin à la violence numérique contre toutes les femmes et toutes les filles ».

Ce rendez-vous vise à renforcer la protection des droits des femmes et des filles dans l’espace numérique, à promouvoir une culture de sécurité et d’utilisation des technologies, ainsi qu’à encourager les voies de signalement pour les filles concernant la violence numérique. Il met également en lumière les responsabilités des grandes plateformes face à la violence contre les femmes et les filles et les moyens possibles pour limiter les conséquences graves de ces violations.

Dans son discours, Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l’homme, a souligné que la violence présente dans les contenus des plateformes numériques représente désormais l’une des violations des droits les plus graves, en raison de la révolution technologique, de la rapidité de diffusion du contenu numérique et de sa traversée des frontières. Elle a précisé que ce type de violence, alimenté par les caractéristiques de l’espace virtuel, affecte la dignité des victimes ainsi que leur intégrité physique et psychologique, dépassant le monde numérique pour impacter leur vie quotidienne.

Bouayach a également mis en avant que la transformation numérique est devenue un espace de production de l’exclusion et de la discrimination sous des formes nouvelles et complexes, où la violence prend des formes multiples, incluant le harcèlement en ligne, le chantage, le cyberharcèlement et la diffusion d’images et de données personnelles sans consentement. Elle a indiqué que la campagne de cette année sera axée sur une approche de proximité avec les citoyennes et citoyens à travers une caravane parcourant 12 régions et villes pendant 16 jours, en plus de l’établissement d’un espace interactif de sensibilisation aux risques numériques.

Pour sa part, Chakib Benmoussa, le Haut-Commissaire au plan, a expliqué que l’évolution de l’utilisation des médias numériques et des réseaux sociaux avait contribué à l’élargissement du champ de la violence numérique, touchant particulièrement les jeunes et les femmes en situation précaire. Il a noté que les femmes célibataires, les étudiantes et les femmes avec un niveau d’éducation élevé constituent les groupes les plus exposés à cette violence, qui prend diverses formes, telles que la diffamation, le chantage, les commentaires offensants et le cyberharcèlement.

Après avoir présenté les principales statistiques concernant la violence faite aux femmes, M. Benmoussa a mentionné que ce phénomène avait enregistré une diminution entre 2009 et 2019, particulièrement en milieu urbain, affirmant que la lutte contre ce phénomène nécessitait une vision claire prenant en compte les facteurs qui l’influencent.

Dans ce contexte, il a signalé que le Haut-Commissariat poursuivait, à travers ses recherches nationales sur la famille et les dynamiques sociales, la production de données statistiques précises et classées par sexe, contribuant ainsi à renforcer la base de données nationale sur le genre.

De son côté, Mariam Ouhssane Naciri, représentante d’ONU Femmes au Maroc, a affirmé que la lutte contre la violence numérique envers les femmes et les filles nécessitait une approche globale combinant sensibilisation, protection et mise à jour du cadre juridique. Elle a souligné que l’espace numérique, conçu pour la communication et l’interaction, s’était souvent transformé en un domaine où s’exercent diverses formes de harcèlement, de chantage et de discours de haine.

Pour sa part, Marie Louise Aboumo, Commissaire et présidente du groupe de travail sur les droits des personnes âgées et des personnes en situation de handicap auprès de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, a noté que les femmes âgées et les femmes en situation de handicap subissent des formes spécifiques de violence en raison de leur double statut, en tant que femmes, mais aussi âgées ou handicapées. Elle a fait observer qu’elles sont victimes d’exclusion sociale et de restrictions sur leur droit à l’expression et à la prise de décision, et parfois même du rejet, notamment au sein des sociétés traditionnelles.

Enfin, Nehla Haidar, présidente de la Commission des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a indiqué, dans un discours enregistré, que les lois actuelles ne couvraient pas la plupart des violations numériques, ce qui entraîne un recul de la participation des femmes dans l’espace numérique et une crainte d’être exploitées ou maltraitées, y compris concernant leurs images et leurs informations personnelles. Elle a souligné la nécessité d’une coopération entre les États et le secteur privé pour développer des cadres juridiques et des politiques efficaces pour protéger les femmes et les filles.

La rencontre, à laquelle ont assisté de nombreuses personnalités diplomatiques, politiques et de défense des droits, a été marquée par une présentation innovante utilisant la technologie de mapping sur la façade du siège du Conseil national des droits de l’homme, donnant une dimension visuelle et interactive à l’événement et contribuant à sensibiliser à l’importance de la lutte contre la violence numérique à l’encontre des femmes et des filles.

Ce rassemblement a également été l’occasion d’inaugurer un espace de sensibilisation du Conseil national des droits de l’homme sur l’avenue des Olympiades, visant à renforcer la sensibilisation du grand public aux risques numériques et aux moyens de s’en prémunir.

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