Société

Abdelmakssoud Rachidi écrit : Premières observations sur le mouvement des jeunes

Abdel-Maqsoud Rachidi

Après une semaine de ce mouvement de protestation organisé par un groupe de jeunes dont l’âge moyen varie entre 18 et 25 ans au cours des deux premiers jours, il semble que leur appartenance sociale se rattache aux classes moyennes. Avec le temps, des personnes plus âgées issues de différentes couches sociales, notamment celles vivant dans la précarité et le besoin, viendront s’y greffer.

Ce qui attire l’attention, c’est que l’opinion publique, et en particulier certains responsables de divers secteurs, ont été surpris par ces manifestations de la jeunesse, tandis que les conditions de vie quotidienne, telles que la montée vertigineuse des prix et l’accès limité à une école publique de qualité, ne sont pas garanties de manière équitable à tous les élèves et étudiants, beaucoup d’entre eux considérant l’éducation comme un **ascenseur de promotion sociale**.

Ces jeunes vivent la souffrance de leurs familles pour garantir le droit à la santé et aux soins, souvent inaccessibles face aux coûts des traitements dans le secteur privé, aux conditions souvent injustes. De plus, le vide intellectuel et éducatif et le manque d’offres culturelles et artistiques adaptées à ce groupe sont presque inexistants, laissant ces jeunes dans un grand désarroi, sans stratégie claire pour les aider à s’épanouir et à créer, tout en ancrant une culture de dialogue et d’ouverture sur le monde et ses transformations.

La calamité majeure réside dans l’absence d’opportunités d’emploi stable, leur permettant d’accéder à une intégration sociale et de contribuer au développement et au progrès du pays.

Cette situation contribue sans doute à un **étouffement de leur vision d’avenir**, agrémentée de discours gouvernementaux qui manquent de crédibilité et qu’ils ne ressentent pas dans leur quotidien.

Cette situation sociale a été exacerbée par des pratiques gouvernementales qui ont contribué à détruire la politique et sa noblesse, sous l’emprise d’une action partisane répulsive qui rend l’implication électorale peu attrayante, tant dans le discours que dans la pratique, rendant ce modèle rejeté par les jeunes.

Tous ces facteurs ont créé des conditions favorables à une explosion sociale, six recherches avaient déjà été alertées, au moins depuis deux ans, et les études de certaines institutions constitutionnelles et universitaires l’ont confirmé, comme en témoignent les slogans des « ultras » dont nous n’avons pas compris les messages multiples, et ceux chantés par les jeunes lors de divers événements musicaux.

Le monde numérique et l’ouverture sur le monde ont également permis de comparer la situation des jeunes et de leurs droits ailleurs. Cependant, nous n’avons peut-être pas accordé suffisamment d’importance à l’analyse du discours et des formes de communication entre les jeunes sur « le monde bleu », ainsi qu’aux modes d’expression de leurs souffrances.

Après tous ces signes, le gouvernement n’a-t-il pas réussi à cerner et à comprendre la gravité du sentiment de marginalisation et le large fossé entre les politiques publiques et les attentes diversifiées des jeunes, dans un Maroc aux deux vitesses qui renforce les inégalités territoriales et limite la justice sociale ?

Ces politiques peuvent-elles vraiment compromettre les conditions de cohésion sociale nécessaires à la réalisation du projet d’un État social ?

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