Crises au Sahel : Rencontres de développement à Rabat et complots destructeurs depuis Alger.

Par : El Bakr Shadi Abdel Salam
Au cours de cette semaine, la scène régionale a été marquée par deux réceptions diplomatiques. La première, de haut niveau, s’est tenue à Rabat, où Sa Majesté le Roi Mohammed VI a accueilli les ministres des Affaires étrangères des pays du G5 Sahel : le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Cette rencontre a été un moment politique rare dans la région, soulignant le rôle stratégique et central de Rabat dans le maintien des équilibres régionaux et des mécanismes de stabilité et de sécurité dans une zone en proie aux risques et aux crises. La seconde a eu lieu à Alger, où le président algérien, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu le chef de la milice séparatiste du Polisario, Ibrahim Ghali, dans une scène caricaturale et absurde qui met en lumière la réalité du régime militaire totalitaire en Algérie, un soutien historique aux mouvements terroristes et séparatistes en Afrique du Nord et de l’Ouest, et qui confirme l’isolement régional aigu du régime algérien.
Par cette réception royale des ministres du G5 Sahel, le Royaume du Maroc propose sa vision et sa conception de la sécurité et de la stabilité dans la région, abordant de manière responsable et sérieuse les problématiques de développement, de sécurité et climatique auxquelles sont confrontés ses peuples. À travers des initiatives de développement marocaines en Afrique, Rabat présente un cahier des charges régional aux différentes capitales pour s’engager dans les efforts de développement en Afrique. Cela témoigne du sérieux, de l’engagement et de la volonté du Maroc de promouvoir et de défendre les questions africaines depuis une perspective de solidarité et de développement sincère. Parmi ces initiatives se trouve le projet structurant de gazoduc Afrique-Atlantique, qui bénéficiera à plus de 400 millions d’Africains dans les pays d’Afrique de l’Ouest, y compris ceux du G5 Sahel, ainsi que le processus de Rabat pour les pays africains atlantiques et l’initiative royale pour faciliter l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique, qui s’inscrit comme une initiative régionale pionnière pour l’intégration régionale et continentale. Cela transformera le Sahara marocain en un pont logistique et de développement géant, au service des intérêts des peuples des pays enclavés dans le Sahara africain et en Afrique de l’Ouest, et représentera pour les économies des trois pays une opportunité prometteuse d’intégration économique et d’union régionale.
D’un autre côté, l’accueil par M. Abdelmadjid Tebboune du chef de la milice du Polisario, Ibrahim Ghali, au palais d’El-Mouradia, révèle une réaction précipitée de la part des décideurs politiques sous une forte pression des généraux de l’armée, tentant en vain de contrer les initiatives marocaines solides envers le continent africain, en harmonie avec les grands objectifs définis par ses peuples dans l’agenda Afrique 2063. Ce que néglige le raisonnement non stratégique de l’Algérie, c’est que l’initiative marocaine atlantique est un pôle de sécurité régional vis-à-vis des pays du Sahel, qui constitue un axe stratégique supposé pour l’Algérie. Cet axe, que le régime militaire algérien n’a pas réussi à préserver, est en fait à l’origine de bon nombre des problèmes de sécurité que connaît la région du Sahel et du Sahara, en raison de son soutien à des milices terroristes et séparatistes dans les camps de Tindouf, qui, depuis des décennies, constituent des bases arrière sûres pour les grands dirigeants des organisations terroristes actives dans le Sahara et le Sahel.
Récemment, le régime algérien a rencontré des défis qu’il a su transformer en défaites diplomatiques et politiques successives, alors que ses ailes pliaient sous le poids d’une guerre d’attrition et que les hauts responsables du ministère des Affaires étrangères s’accrochaient à une évaluation stéréotypée et dépassée des évolutions régionales et internationales. Cela a conduit à un recul significatif de l’influence régionale de l’Algérie. Cette faiblesse structurelle a ouvert la voie à une intensification de l’activité de la milice du Polisario, qui est classée comme organisation terroriste par plusieurs pays du monde. Dans ce contexte de tensions croissantes, la possibilité que la milice du Polisario devienne une "entité violente non gouvernementale" échappant au contrôle de l’armée algérienne représente un risque majeur pour la stabilité de la région. Par conséquent, cette rencontre, survenue après les combats internes qui ont eu lieu dans les camps la semaine dernière, confirme à ceux que cela concerne que la milice séparatiste ne peut avoir qu’un seul agenda dicté par un officier du renseignement algérien.
Depuis des décennies, la région du Sahel et du Sahara a été un terrain de conflit géopolitique, une scène ouverte à la compétition entre les grandes puissances, et constitue l’une des zones les plus vulnérables sur le plan sécuritaire, formant l’un des passages les plus sûrs pour la propagation des groupes terroristes, exploitant la nature des terrains et l’immensité de la région pour en faire des bases arrière de leur déploiement militaire et sécuritaire. Ce bloc géographique, représentant le Sahel et le Sahara africain, est aujourd’hui l’une des zones les plus dangereuses au monde et en Afrique, parmi les plus fragiles sur les plans sécuritaire et social, et attirant de plus en plus les groupes terroristes extrémistes, les organisations criminelles transcontinentales et les mouvements séparatistes. La région est devenue à la fois un refuge régional et international pour les groupes terroristes et les organisations criminelles, ainsi qu’un terreau pour l’idéologie extrémiste, avec la présence de Boko Haram au Nigéria, d’Ansar al-Charia en Libye, d’Al-Qaïda au Maghreb islamique au Mali et au Niger, de l’État islamique au Sahara et de la milice du Polisario en Algérie.
En raison de tous ces facteurs réunis, la problématique de la réalisation de la sécurité humaine dans son sens large est devenue l’un des dossiers les plus préoccupants pour les sphères de sécurité et militaire, ainsi que les institutions décisionnelles politiques à tous les niveaux, national, régional et international. Cela a transformé cette région en l’un des théâtres internationaux les plus attractifs pour la compétition géopolitique à multiples dimensions et parties, d’autant plus que de nombreuses puissances internationales se précipitent pour mettre en œuvre leurs agendas afin de jouer un rôle dans l’influence des trajectoires de conflit régionales entre les parties en présence, profitant de l’instabilité politique et sécuritaire pour servir leurs diverses stratégies.
En parallèle, dans un communiqué conjoint des ministres des Affaires étrangères des trois pays du Sahel, à savoir M. Karamoko Jean-Marie Traoré, ministre des Affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabés de l’extérieur du Burkina Faso ; M. Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères, de la coopération internationale de la République du Mali ; et M. Bakari Yaou Sanjari, ministre des Affaires étrangères, de la coopération et des Nigériens de l’étranger de la République du Niger, après la réception royale à Rabat, il a été souligné les efforts exceptionnels du Royaume du Maroc, fondés sur le principe de solidarité régionale et de dialogue stratégique Sud-Sud, pour surmonter toutes les manifestations d’instabilité et rechercher un équilibre au niveau régional, tout en cherchant un terrain d’entente commun entre tous les pays de la région pour parvenir à la stabilité, et en soutenant toutes les initiatives et efforts visant à promouvoir la paix, la sécurité et à résoudre les conflits, que ce soit au niveau bilatéral ou multilatéral, régional, continental ou international.
Ainsi, les politiques régionales marocaines envers les pays du Sahel en particulier et l’Afrique en général, visent à promouvoir la sécurité, la paix et le développement des peuples africains à travers de nombreuses initiatives de développement structurantes, qui constituent de véritables opportunités pour la région afin d’atteindre un véritable décollage économique, contribuant à renforcer les efforts de développement et de durabilité, face à des politiques chauvinistes et exclusives nourries par l’approche irréaliste du régime totalitaire algérien face à la problématique de la sécurité régionale, continentale et internationale, qui influent significativement sur l’équilibre des forces régionales, en l’absence de garanties et d’arrangements politiques et sécuritaires assurant la fluidité du passage politique vers la sécurité et la stabilité entre les différents acteurs régionaux.