Délégation des Espaces pour l’Enfance et la Jeunesse : Le ministre BenSaid menace les fondements de l’État social sous le gouvernement Akhannouch.

Dans une démarche ayant suscité un large débat, l’Union des organisations marocaines éducatives, qui regroupe des dizaines d’associations œuvrant dans ce domaine, a exprimé son rejet catégorique de l’orientation adoptée par le ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication. Ce dernier a en effet décidé de confier la gestion de plusieurs espaces pour l’enfance et la jeunesse, tels que les centres d’accueil et de camping, à des entités d’investissement à caractère commercial, sans consulter les associations et organisations éducatives concernées.
Cette initiative, qui porte la signature du ministre Mohamed Mehdi Bensaïd, soulève d’importantes interrogations sur l’avenir d’un secteur qui a longtemps constitué une pierre angulaire de l’action sociale constructive, jouant un rôle essentiel dans l’encadrement des enfants et des jeunes, tout en inculquant des valeurs de citoyenneté et d’esprit collectif.
Un coup dur pour le programme national de camping
L’Union des organisations éducatives a enregistré une baisse inquiétante du nombre de bénéficiaires du programme national de camping, avec une diminution atteignant 70 % par rapport aux saisons précédentes. Cette chute ne reflète pas seulement un manque de vision réelle pour le développement du secteur, mais suscite également des inquiétudes quant à la capacité de l’État à honorer ses engagements envers les enfants et les jeunes, surtout dans un contexte de défis sociaux et éducatifs croissants.
Un défi pour le concept d’État social
La délégation de la gestion des espaces pour l’enfance et la jeunesse au secteur privé constitue, dans son essence même, une rupture avec le concept d’État social que le gouvernement d’Aziz Akhannouch affirme défendre dans son discours officiel. Ces espaces ne sont pas seulement des lieux de loisirs ; ils représentent des institutions éducatives qui favorisent l’engagement des enfants et des jeunes dans un environnement leur apprenant les valeurs nationales et les protégeant contre la déviance et l’extrémisme.
Prendre une telle décision sans consulter les associations et organisations nationales, qui ont historiquement été des partenaires de l’État dans la gestion de ces espaces, montre un mépris flagrant pour le rôle vital que jouent ces entités dans l’éducation des générations futures. Ce dédain menace de rompre la confiance entre le gouvernement et les acteurs éducatifs, et ouvre la voie à une exploitation commerciale de ces espaces, ce qui va à l’encontre de leur nature et de leur fonction sociale.
Un message au jeune Bensaïd
La protection des espaces pour l’enfance et la jeunesse n’est pas une option, mais une responsabilité qui incombe à l’État, représenté par le ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication. Si le ministre Mohamed Mehdi Bensaïd aspire à apporter des changements dans ce secteur, toute démarche dans ce sens devrait être fondée sur le dialogue et la coopération avec les acteurs éducatifs, afin d’assurer la pérennité de la mission sociale de ces espaces et de les protéger de l’exploitation commerciale.
Le concept d’État social défendu par le gouvernement d’Akhannouch est en jeu, et toute atteinte aux espaces pour l’enfance et la jeunesse pourrait constituer une menace pour cette vision. Pour cette raison, il est impératif que le gouvernement prenne des mesures urgentes pour protéger ce secteur, qui représente la colonne vertébrale d’une action sociale et éducative significative.
Objectifs lucratifs ou politiques
Si l’objectif est de réorienter le secteur vers la rentabilité ou de réduire l’aide fournie, cela s’oppose au concept d’État social promu par le gouvernement d’Akhannouch. Le secteur du camping est l’un des piliers qui affirment le rôle de l’État dans la fourniture de services publics aux populations vulnérables et dans la promotion des valeurs de citoyenneté et d’éducation à la coopération.
Il est crucial que le gouvernement, à travers le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, clarifie les motivations derrière cette décision, tout en mettant en avant des garanties pour éviter de nuire aux bénéficiaires ou aux acteurs éducatifs. Un débat public et participatif impliquant toutes les parties prenantes doit également être engagé pour évaluer les conséquences de cette décision à court et à long terme.
Cette question mérite d’être examinée dans le contexte de la décision du ministre Mohamed Mehdi Bensaïd, qui semble susciter des interrogations sur ses impacts et ses répercussions sur le paysage politique et social du Maroc. Si le ministre nourrit des ambitions politiques futures, comme la direction de son parti après 2030, cette décision pourrait avoir des dimensions qui dépassent le cadre technique et administratif, devenant une partie d’une stratégie à long terme.
La politique est présente
Le secteur du camping et l’organisation des espaces pour l’enfance et la jeunesse représentent un domaine social sensible et vital, en lien direct avec de larges segments de la société marocaine. Contrôler ce secteur ou redéfinir sa gestion pourrait permettre au ministre de construire une base populaire et un soutien politique, tant des investisseurs que des jeunes bénéficiaires de nouvelles politiques présentées comme des réformes ou des modernisations du secteur.
En même temps, cela minimiserait le rôle des associations et organisations qui ont géré ce secteur pendant des décennies, longtemps considérées comme des partenaires essentiels de l’État dans la promotion des valeurs de citoyenneté et de solidarité sociale. Si ces associations sont marginalisées ou voient leur rôle réduit, cela pourrait redéfinir la relation entre l’État et la société civile, ouvrant la voie à l’établissement d’un nouveau modèle servant des objectifs politiques ou économiques spécifiques.