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La défense syrienne déploie ses troupes à Suwaida après des affrontements ayant causé 50 morts

Les forces syriennes ont commencé leur déploiement à Suwayda, dans le sud du pays, lundi, alors que les violents affrontements entre combattants druzes et tribus bédouines se poursuivent, faisant 50 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, dont six parmi les forces syriennes.

Ces affrontements sanglants, qui ont débuté dimanche, remettent en lumière les défis sécuritaires que doivent encore relever les autorités de transition en Syrie depuis leur arrivée au pouvoir après la chute de Bashar al-Assad en décembre, en matière de rétablissement de l’ordre.

Des événements tragiques avaient déjà eu lieu sur la côte syrienne en mars, et des affrontements autour de Damas entre combattants druzes et forces de sécurité en avril.

Les combats se poursuivent dans certaines villages du district ouest de Suwayda, selon l’Observatoire et la plateforme locale Suwayda 24.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme a fait état de 50 morts dans les échanges de feu et les bombardements dans la ville de Suwayda et dans des zones rurales de la province, dont 34 druzes, incluant deux enfants, 10 bédouins et six soldats syriens.

Une source au ministère de la Défense a rapporté à la chaîne d’information syrienne officielle que six soldats syriens avaient été tués « lors des opérations de désengagement à Suwayda ».

Suite aux affrontements, le ministère de la Défense a annoncé avoir commencé à « coordonner avec le ministère de l’Intérieur, le déploiement de nos unités militaires spécialisées dans les zones touchées, à fournir des corridors sécurisés pour les civils et à résoudre rapidement les conflits. »

Selon l’Observatoire, « l’étincelle des affrontements a été allumée samedi après l’enlèvement d’un marchand de légumes druzen par des miliciens bédouins qui avaient dressé des barrages sur la route Suwayda – Damas, ce qui a par la suite conduit à un échange d’enlèvements entre les deux parties. »

Cependant, la plateforme Suwayda 24 a par la suite indiqué que les personnes enlevées de part et d’autre avaient été libérées dans la nuit de dimanche.

Cependant, l’Observatoire a précisé que ces récentes turbulences sont le résultat d’un « tension continue depuis le début des affrontements de nature sectaire en avril » entre des miliciens druzes et les forces de sécurité, dans des zones druzes près de Damas et à Suwayda, impliquant également des miliciens de tribus bédouines sunnites dans la province.

Les actes de violence survenus en avril ont fait au moins 119 morts, dont des combattants druzes et des membres des forces de sécurité. Suite à ces affrontements, des représentants du gouvernement syrien et des notables druzes ont conclu des accords de cessez-le-feu pour contenir l’escalade.

Le ministère de la Défense a déclaré dans un communiqué dimanche que « le vide institutionnel qui a accompagné le déclenchement de ces affrontements a contribué à aggraver le climat de chaos et d’incapacité d’intervention des institutions de sécurité ou militaires officielles, entravant ainsi les efforts de rétablissement de la paix et de retenue. »

Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Anas Khattab, a écrit sur X que « l’absence des institutions de l’État, en particulier militaires et de sécurité, est une cause principale des tensions continues à Suwayda et dans sa région », considérant qu’il « n’y a d’autre solution que d’imposer la sécurité et d’activer le rôle des institutions pour garantir la paix civile et le retour à la normale. »

Le ministère de l’Intérieur avait précédemment annoncé qu’il commencerait à déployer ses forces en coordination avec le ministère de la Défense. Le ministère a précisé dans son communiqué que ces affrontements avaient eu lieu « dans un contexte de tensions accumulées au cours des périodes précédentes. »

À la suite des combats, le gouverneur de Suwayda, Mustafa al-Bakkour, a appelé à « la nécessité de faire preuve de retenue et de répondre au besoin de dialogue et de réflexion », ajoutant : « Nous apprécions les efforts déployés par les autorités locales et tribales pour contenir la tension, et nous confirmons que l’État ne tolérera aucune atteinte à la protection des citoyens. »

Des leaders spirituels druzes ont également appelé au calme et ont exhorté les autorités de Damas à intervenir.

Après avoir pris le pouvoir, la communauté internationale et les envoyés occidentaux ayant visité Damas ont encouragé les autorités islamistes à protéger les minorités et à garantir leur participation à la gestion de la transition, au milieu d’inquiétudes concernant leur exclusion, surtout après des actes de violence sur fond sectaire, au-delà des violations dans plusieurs régions.

On estime que le nombre de druzes dépasse un million, la majorité vivant dans des zones montagneuses au Liban, en Syrie, dans les territoires palestiniens et en Jordanie.

On estime leur nombre en Syrie à environ 700 000, la plupart vivant dans le sud du pays, où la province de Suwayda est leur bastion, ainsi qu’à Jaramana et Sahnaya près de Damas, avec une présence limitée à Idleb, au nord-ouest du pays.

Après les affrontements d’avril, Israël a mené des frappes aériennes en Syrie et a averti Damas de ne pas toucher aux membres de la communauté druze.

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