Albalad

La mer est traîtresse : plus de 14 000 cas de noyade au Maroc cet été.

Nous sommes sur la plage d’Aïn Diab, l’un des lieux les plus prisés de Casablanca. L’atmosphère est magique en cette belle journée d’été. Le soleil brille, le sable est chaud, et les parasols colorés ainsi que les rires des enfants apportent de la vie au paysage… Mais derrière cette image idyllique se cache un combat contre un ennemi redoutable : le danger de la noyade. En effet, bien que la mer soit d’une beauté envoûtante, elle dissimule une nature traîtresse.

À quelques mètres de la plage, dans un bâtiment surélevé, se trouve le centre de secours d’Aïn Diab, rattaché à la direction régionale de la protection civile de Casablanca-Settat. Les sauveteurs surveillent la situation avec une vigilance accrue. Ces hommes, formés pour lire la mer avec attention : les reliefs, les vagues, les marées et les courants… rien n’échappe à leur regard attentif.

La tâche n’est pas facile du tout. Sur la plage d’Aïn Diab, le nombre de baigneurs atteint 250 000 personnes par jour lors des week-ends.

Durant les 153 jours de la saison estivale (du 1er mai au 30 septembre), la vigilance est constante. À partir de 8 heures du matin, des équipes de différentes spécialités se réunissent lors d’une réunion quotidienne. Chaque jour a ses propres instructions, dictées par des rapports météo et l’état de la mer, mais la règle fondamentale est : toujours se préparer à l’imprévu.

À cette fin, des équipements lourds sont mobilisés : motos de mer, canots de sauvetage, bateaux Zodiac et véhicules tout terrain… tout est prêt. Le centre abrite également l’équipe régionale de plongée, spécialisée dans les opérations de recherche sous-marine et les interventions spécifiques. Les entraînements sont continus, précis et conçus pour répondre aux réalités du terrain.

Ce jour-là, quelques minutes après le déploiement des équipes, un jeune homme en difficulté dans la mer a été repéré. Une intervention rapide et réfléchie, réalisée avec précision, a permis de sauver sa vie. Malheureusement, toutes les opérations de sauvetage ne se terminent pas bien, surtout lorsque les appels à l’aide proviennent de zones non surveillées, comme la plage d’Ain Kadded, située à plus de 10 kilomètres (les plages sont sous la surveillance des équipes de protection civile lorsqu’elles sont aménagées pour la baignade).

Cette scène, parmi tant d’autres, illustre l’importance cruciale de la présence des équipes de secours. Sur les plages, une planification préalable peut faire une grande différence.

En effet, à l’approche de chaque saison estivale, la direction générale de la protection civile, en coordination avec les autorités locales, se mobilise pour garantir la sécurité et le bien-être des vacanciers.

Dans ce cadre, le lieutenant-colonel Adil Hamoudi, chef du centre de secours de la protection civile d’Aïn Diab, a expliqué que « la direction générale de la protection civile mobilise chaque année d’importants moyens humains et logistiques afin d’assurer la sécurité des zones de baignade très fréquentées le long du littoral national », soulignant que ces efforts permettent de se préparer préventivement à faire face aux dangers liés à la mer et d’intervenir efficacement en cas d’urgence.

Sur le terrain, les équipes de protection civile sont renforcées par de jeunes sauveteurs saisonniers, formés à cette fin par les services de protection civile, sous la supervision de formateurs et de médecins. À cet égard, le lieutenant-colonel Hamoudi a précisé dans une déclaration à l’Agence Marocaine de Presse que « ces jeunes suivent une formation rigoureuse qui inclut des techniques de sauvetage, de premiers secours, et surtout la communication avec les citoyens », notant que la formation en techniques de communication se fait en partenariat avec l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi et des Compétences.

Il a ajouté que leur mission vitale consiste à repérer les signes de détresse, à intervenir rapidement, à alerter les équipes de secours et à fournir des premiers secours.

Il a ajouté : « Les meilleures interventions sont celles que nous parvenons à éviter », expliquant dans ce contexte que « c’est pourquoi la prévention est au cœur du travail de la direction générale de la protection civile, qui chaque été organise une campagne nationale incluant la distribution de brochures, des spots radio, des messages numériques, en plus d’une sensibilisation directe auprès des citoyens sur les plages ».

Des signaux d’alerte sont également renforcés : drapeaux, zones interdites délimitées, haut-parleurs pour alerter les baigneurs, et patrouilles à pied et maritimes.

À cet égard, le lieutenant-colonel Hamoudi a averti que « la mer peut sembler calme, mais elle est imprévisible. Face à elle, la prudence est la seule garantie de revenir sain et sauf ».

Cette vigilance est d’autant plus nécessaire compte tenu des chiffres inquiétants enregistrés. Selon les statistiques de la direction générale de la protection civile, le nombre de cas de noyade au Maroc, entre le 1er mai et le 15 juillet dernier, s’élève à 14 040. Parmi ces cas, 13 970 personnes ont été secourues, tandis que 49 décès ont été enregistrés et 21 personnes sont portées disparues. Dans les zones surveillées, 16 décès et 3 disparitions ont été comptabilisés, comparativement à un total de 33 décès et 18 disparitions dans les zones non surveillées.

Dans la région Casablanca-Settat, 3 144 cas ont été enregistrés, dont 14 décès et 14 disparitions. Les cas étaient répartis entre 2 541 dans les zones surveillées et 603 dans les zones non surveillées.

Ces chiffres rappellent une réalité simple mais incontestable : suivre les consignes et faire preuve de prudence dans la mer peut sauver des vies.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page