La romancière marocaine Hind Sennani aborde le divorce en Égypte sous un angle féministe et juridique complexe.

Dans son nouveau livre publié par « Dar Al-Mufakkir Al-Arabi », l’auteure marocaine Hind Al-San’ani plonge au cœur des enjeux relatifs aux femmes divorcées en Égypte, en particulier celles d’origine étrangère, à travers une étude juridique et sociale intitulée : “Le cadre juridique des femmes égyptiennes et étrangères en Égypte entre défis et aspirations”.
Cet ouvrage a été réalisé sous la supervision scientifique du docteur Hossam Abou Al-Ala et de la docteure Sihem Zaïri, et constitue une contribution de qualité au débat renouvelé autour du système des états civils dans le monde arabe.
Al-San’ani, journaliste et écrivaine marocaine résidant au Caire, révèle l’ampleur des complications auxquelles les femmes sont confrontées après un divorce, en se concentrant sur des sujets délicats tels que la pension alimentaire, la période de deuil, la dot, la garde des enfants, et le logement de la garde.
Cependant, ce qui est le plus sensible dans cette étude, c’est la mise en lumière de la situation des femmes étrangères en Égypte, ainsi que des vides juridiques qui les obligent à faire face à une réalité précaire, parfois dépourvue du minimum de protection juridique et sociale.
L’auteure ne se contente pas de dresser un constat de souffrance, mais cherche également à déconstruire la structure des lois en vigueur qui régissent la relation des femmes avec leur environnement familial et judiciaire après le divorce.
Avec un style critique et analytique rigoureux, Al-San’ani examine les lacunes dans les textes et les applications juridiques, et plaide pour une révision globale qui prenne en compte la justice et l’égalité entre les femmes, sans distinction de nationalité.
Une des principales contributions du livre est la comparaison juridique entre les systèmes égyptien et marocain en matière d’état civil, où l’auteure s’ouvre à l’expérience du Maroc dans la « Moudawana de la famille », en en tirant des leçons inspirantes pour le contexte égyptien, notamment en ce qui concerne l’organisation de la garde, de la pension alimentaire et la garantie des droits des femmes étrangères après le divorce.
Le livre comprend également des propositions pratiques visant à réaliser un équilibre délicat entre la préservation de la spécificité juridique de l’État égyptien d’une part, et l’accès à la justice pour toutes les femmes d’autre part.
L’auteure renforce ces propositions avec des exemples de lois comparées dans des pays arabes et occidentaux, ce qui confère à son œuvre une dimension de référence pouvant intéresser les acteurs du droit et des politiques sociales.
Cette publication représente la continuité de l’engagement d’Hind Al-San’ani en faveur des questions liées aux femmes et aux migrantes, ayant déjà abordé dans ses articles et ses œuvres littéraires des thématiques à la croisée du droit, de la société et de l’immigration.
À travers ce livre, l’auteure se place au cœur du débat sur la réforme des lois concernant l’état civil et ouvre une nouvelle fenêtre de réflexion sur la justice juridique pour les femmes dans l’espace arabe.
C’est un ouvrage qui porte en lui un appel à la réforme audacieux, et une plaidoirie raisonnée en faveur de femmes souvent négligées par le législateur.