Le Centre cinématographique marocain… Ce tournant redonnera-t-il à la cinématographie marocaine son éclat international ?

Said Al-Aidi
Au cours des deux dernières années, une nouvelle tendance a commencé à se dessiner au sein du Centre cinématographique marocain, sous la direction de l’actuel directeur, Abdelaziz Boujdaïni. Cette approche se caractérise par une vision plus ouverte et réaliste dans la gestion des évolutions de l’industrie cinématographique tant au niveau local qu’international. Bien que cette vision soit encore à ses débuts, elle a restauré une partie de la confiance qui avait fait défaut entre l’institution et les professionnels, et a établi les bases d’une phase prometteuse.
Ce qui distingue cette tendance, c’est son attention portée à tous les aspects de l’industrie cinématographique, et non à un seul pôle, comme c’était le cas par le passé. Cela a généré un certain équilibre dans l’approche entre la production, la promotion, la formation, et l’organisation légale, ainsi que d’autres aspects qui souffraient d’oubli ou de sélection.
Ce parcours réformiste est renforcé par la loi n° 18.23, qui a permis de développer le cadre légal régissant le secteur, en révisant la structure du centre, ses prérogatives, ainsi que les mécanismes de gouvernance et de financement. Cela a constitué un coup d’accélérateur juridique et institutionnel pour accompagner les transformations récentes de l’industrie cinématographique.
Lors de grands festivals internationaux, notamment à Berlin, Cannes et Annecy, le cinéma marocain a fait une entrée remarquée, non seulement par des films projetés, mais aussi par des délégations professionnelles bien pensées et des participations institutionnelles qui traduisent une volonté politique et culturelle de renforcer la position du Maroc sur la carte mondiale de la création cinématographique, notamment dans des domaines prometteurs tels que le cinéma d’animation et la coproduction.
Dans ce contexte, la récente participation du Maroc au Festival international du cinéma d’animation à Annecy a eu un impact particulier. Une délégation professionnelle marocaine, sous l’égide du Centre cinématographique marocain et conduite directement par Abdelaziz Boujdaïni, était présente. De nombreux acteurs du secteur ont salué cette présence significative et organisée, la considérant comme un résultat direct de la nouvelle orientation adoptée par l’institution au cours des deux dernières années.
Des professionnels marocains participant à ces événements internationaux ont déclaré :
« Nous espérons que le Centre cinématographique marocain maintiendra cette tendance positive, comme lors des deux dernières années sous la direction de Abdelaziz Boujdaïni, afin de renforcer la présence du cinéma marocain dans les plus grands forums internationaux. »
Cet espoir ne repose pas seulement sur la nostalgie d’une représentation honorable, mais sur une conviction profonde que le Maroc dispose de toutes les ressources artistiques et humaines pour jouer un rôle majeur dans le paysage cinématographique mondial. Le défi aujourd’hui est d’assurer la continuité de cette approche, et de bâtir une politique culturelle claire, axée sur le soutien des compétences, la protection de la production, et l’ouverture à des partenariats internationaux, sans tomber dans des logiques saisonnières ou personnalisées.
Ce qui a été accompli au cours des deux dernières années ne doit pas être perçu comme une exception circonstancielle, mais comme une base sur laquelle s’appuyer, à condition que cette vision devienne une politique institutionnelle pérenne qui dépasse les personnalités et affirme que l’investissement dans le cinéma est un investissement dans l’identité, la culture et la diplomatie douce.