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Le Conseil économique, social et environnemental présente ses conclusions sur l’agriculture familiale de petite et moyenne taille.

Le Conseil économique, social et environnemental a présenté, ce mercredi à Rabat, les résultats de son avis sur le sujet « L’agriculture familiale de petite et moyenne taille : pour une approche plus adaptée, innovante, inclusive, durable et territorialisée ».

À cette occasion, le président du Conseil économique, social et environnemental, Abdelkader Amara, a affirmé que cet avis avait été préparé selon une approche participative adoptée par le Conseil, où divers acteurs institutionnels, professionnels et experts ont été consultés. Une visite de terrain a également été effectuée dans la province d’Essaouira, et une consultation citoyenne a été réalisée pour recueillir les opinions et suggestions des citoyennes et citoyens sur le sujet.

Amara a considéré que l’agriculture familiale de petite et moyenne taille, également appelée agriculture de subsistance ou agriculture sociale et solidaire, n’est pas seulement une unité de production limitée en termes de superficie ou de ressources, mais constitue également un mode de vie intégral, garantissant la sécurité alimentaire aux populations locales, créant des emplois, soutenant la stabilité en milieu rural et réduisant l’exode rural, tout en préservant l’environnement ainsi que les traditions et pratiques de production et de consommation héritées à travers les générations.

Il a souligné que, afin de ne pas restreindre cette agriculture au seul modèle de subsistance, le Conseil a adopté une définition intégrée de l’agriculture familiale de petite et moyenne taille, qui repose sur plusieurs caractéristiques et fonctions. Ces dernières incluent la pratique d’activités agricoles et animales variées sur des exploitations de moins de 5 hectares, la fourniture de consommation autocentrée pour les ménages, l’écoulement des surplus de production sur les marchés hebdomadaires et de proximité, la diversification des sources de revenus à travers des activités non agricoles intégrées, l’inclusion économique et sociale d’un large éventail de la population rurale, ainsi que la préservation des races animales et des espèces végétales locales ou endémiques.

Il a rappelé que l’agriculture familiale de petite et moyenne taille joue un rôle central dans la préservation des écosystèmes et de la biodiversité, grâce à sa contribution à la gestion durable des ressources naturelles et à son renforcement de la résilience des exploitations agricoles face aux aléas climatiques et aux pressions extérieures.

Amara a insisté sur le fait que le diagnostic réalisé par le Conseil sur la réalité des exploitations agricoles de petite et moyenne taille, qui représentent près de 70 % du total des exploitations agricoles au Maroc, a mis en évidence que les politiques publiques dans les domaines du développement agricole et rural n’ont pas suffisamment et efficacement ciblé les acteurs de ce mode de production. Cela compromet leur contribution à la valeur ajoutée agricole et leur engagement dans l’attractivité du milieu rural. Il a considéré que l’agriculture familiale de petite et moyenne taille demeure « le maillon faible » dans les approches adoptées, que ce soit en termes de soutien technique, de financement ou d’accompagnement.

Il a confirmé que les données du Plan Maroc Vert montrent que le montant des investissements alloués aux projets d’agriculture solidaire, en grande partie pratiqués par des agriculteurs familiaux, n’a pas dépassé 14,5 milliards de dirhams, contre environ 99 milliards de dirhams dédiés à l’agriculture à forte valeur ajoutée. Cela souligne le besoin d’une plus grande reconnaissance, d’incitation et de valorisation de ce tissu agricole familial au sein des politiques publiques connexes. Amara a ajouté que la faible régularité des exploitations familiales au sein de structures organisées limite leur efficacité productive et commerciale, notamment dans les « projets de regroupement agricole », face à la présence excessive d’intermédiaires qui conduit à des spéculations au détriment des petits producteurs, surtout lors de la commercialisation de leurs excédents de production.

Amara a également indiqué, sur la base de ce diagnostic, l’importance de faire de l’agriculture familiale de petite et moyenne taille une priorité stratégique au sein des politiques agricoles et rurales nationales, compte tenu des fonctions économiques, sociales et environnementales qu’elle remplit. Il a précisé que l’ambition est de transformer cette agriculture en un secteur plus productif, inclusif et durable, par le biais d’un renforcement de son intégration dans les chaînes de valeur, de sa capacité de négociation sur les marchés, ainsi que de sa contribution à la stabilité des populations rurales et à l’amélioration des revenus.

Le Conseil recommande, a ajouté Amara, de mettre en place un plan d’action spécifique pour ce type d’agriculture qui tienne compte des particularités de chaque territoire. Ce plan devrait inclure des mesures de soutien dépassant le cadre des activités agricoles pour continuer à développer des infrastructures appropriées, diversifier les activités génératrices de revenus et améliorer l’accès aux services publics.

Il a également souligné que le Conseil préconise d’encourager les petits et moyens agriculteurs familiaux à adopter des pratiques agricoles durables et, en tenant compte des spécificités agro-écologiques de chaque région, à développer des cultures résilientes face aux changements climatiques, à forte valeur ajoutée et à faible consommation d’eau. En outre, il est nécessaire de renforcer l’organisation des exploitations agricoles familiales de petite et moyenne taille au sein de coopératives et de groupements à but économique, ainsi que d’aménager des espaces pastoraux de manière coopérative, en veillant à leur exploitation selon le principe de la rotation, pour préserver les ressources végétales et éviter le pâturage excessif, tout en capitalisant sur les expériences réussies dans ce domaine.

Il s’agit également de continuer et de renforcer le soutien aux petits et moyens éleveurs pour préserver les races locales de bétail dans leurs territoires, de les encadrer et de renforcer leurs capacités en matière de croisement avec des races importées à haut rendement adaptées aux conditions locales, contribuant ainsi efficacement à la restructuration du cheptel national et à l’amélioration de sa qualité. Cela inclut également de promouvoir la transformation des produits d’origine végétale et animale ainsi que de renforcer le mécanisme de conseil agricole au bénéfice de l’agriculture familiale de petite et moyenne taille et d’améliorer l’accès des petits et moyens agriculteurs familiaux au financement, tout en reconnaissant et en valorisant les fonctions environnementales de cette agriculture.

Pour sa part, Abdelrahman Qandila, rapporteur du sujet, a détaillé les résultats de ce travail en termes de diagnostic, d’analyse et de recommandations, soulignant l’importance économique de l’agriculture familiale de petite et moyenne taille, qui nécessite une reconnaissance de ses rôles en tant que pilier incontournable du développement économique, social et environnemental.

Qandila a mis en avant les caractéristiques de l’agriculture familiale de petite et moyenne taille en ce qui concerne ses fonctions productives, économiques, sociales et environnementales, tout en indiquant les défis auxquels ce type d’agriculture est confronté en tant qu’acteur majeur du développement durable, appelant à faire de celle-ci une priorité stratégique dans le cadre des politiques agricoles et rurales nationales.

Il a ajouté que les exploitations agricoles de moins de 5 hectares, qui comprennent la majorité des exploitations familiales de petite et moyenne taille, contribuent à hauteur de 29 % à la valeur ajoutée agricole et approvisionnent les marchés locaux grâce aux excédents de production. Il a estimé que la diversification des cultures et l’intégration de l’élevage renforcent la capacité de ces exploitations à résister économiquement.

Il a souligné que certaines cultures spécialisées (agriculture biologique, produits locaux aux caractéristiques spécifiques) améliorent les revenus des petits et moyens agriculteurs familiaux et créent des emplois dans les zones rurales. Il a rappelé les rôles sociaux de l’agriculture familiale de petite et moyenne taille, notamment en tant que pourvoyeuse d’emplois pour une part significative de la population active agricole, majoritairement composée de travailleurs familiaux. Environ 50 % de la main-d’œuvre agricole travaille dans des exploitations de moins de 3 hectares.

Cette rencontre de communication, à laquelle ont assisté des représentants des secteurs ministériels, des établissements publics, des organismes nationaux et internationaux ainsi que de la société civile et des membres du Conseil, s’inscrit dans le cadre du programme de travail du Conseil pour l’année 2024. Il est considéré que l’agriculture familiale de petite et moyenne taille constitue un pilier essentiel du développement agricole et rural au Maroc, et il est impératif de renforcer ses contributions économiques, sociales et environnementales, surtout face aux défis liés aux éléments de production agricole et aux changements climatiques des dernières années.

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