Le titre pourrait être traduit comme suit :« Younes El Taïb écrit : Toutes les discussions numériques ne méritent pas la confiance des Marocains ! »

Younes Taiyib
Je ne comprends pas selon quelle logique certains acceptent de discuter de questions et de sujets majeurs, chargés d’implications historiques, politiques, institutionnelles, sociales et sociologiques, tels que la monarchie et le “makhzen”, dans une salle de discussion numérique où seul Dieu sait qui contrôle les algorithmes qui régulent ses rythmes et détermine son parcours. Nous ne voyons pas le visage de l’auteur de la question, nous ignorons son identité, et nous ne connaissons pas les visages des participants au débat. Nous savons seulement qui est “l’invité” auquel on demande de répondre à des questions, certaines étant supérieures à sa conscience personnelle, plus élevées que ses bases idéologiques, que le terrain sur lequel il se tient et les convictions qu’il porte.
Alors, en des termes simples, y a-t-il quelqu’un qui croit que les Marocains sont revenus si légers qu’ils pourraient accorder 0,01 % de crédibilité aux résultats d’un tel “débat public numérique” sur des questions qu’il est impossible de traiter avec légèreté, étant donné leur caractère central dans la construction historique de la conscience politique des enfants de la nation marocaine ?
Si nous voulons véritablement communiquer de manière efficace et utile, et si nous souhaitons que le débat public réussisse à rapprocher les points de vue sur notre réalité nationale, nous devons tous nous engager avec sérieux dans la gestion de notre communication pour qu’elle soit bénéfique au pays et à tous ses citoyens.
Le point de départ est de ne pas tomber dans le piège de croire que la “chaleur” de l’espace numérique peut ignorer les constantes nationales profondément ancrées dans l’esprit des Marocains, ou qu’elle peut effacer les luttes de générations de notre peuple qui se sont engagées sur le terrain avec courage et sans masque pour contribuer à bâtir ce Maroc où “certains” peuvent discuter de question délicates et d’une grande importance, sans craindre que des visiteurs de la nuit ne pénètrent chez eux à trois heures du matin.
Les adeptes des “discussions numériques” doivent bien comprendre que ce Maroc contemporain, avec ses acquis et ses déséquilibres, ses succès et ses échecs, avec les institutions de l’État et de la société, ne nous est pas tombé du ciel ni offert comme un cadeau de fête. Ce Maroc a été façonné par les héros de la résistance et l’armée de libération dans les années 1920, 1930 et 1940, par les épopées de la Révolution du roi et du peuple dans les années 1950, par la Marche verte et l’achèvement de l’unité territoriale dans les années 1970, et par le processus de développement et les grands chantiers du XXIe siècle.
Entre chaque étape, ce Maroc a été construit par les luttes du mouvement national et des forces populaires, par les travailleurs militants et les jeunesse des partis du mouvement national, par les combattants dans les prisons et sur les campus universitaires, par la dynamique de l’équité et de la réconciliation, et par le discours d’Agdir qui a ancré la conscience de l’identité amazighe et la diversité des courants culturels de l’identité marocaine.
Ce Maroc a été façonné par la dynamique de la politique de proximité et du partenariat avec la société civile en vue d’un développement humain et social intégré, par les citoyens qui participent aux élections de tous types, par les intellectuels, les écrivains, les opinion leaders, les savants et les juristes, ainsi que par les simples gens de ce pays. Tous ceux-là n’ont jamais été des opportunistes, mais des patriotes libres qui mesurent l’importance de la liberté et du cheminement des acquis, et qui connaissent bien la place, l’importance et la solidité de l’institution monarchique dans l’histoire du Maroc.
Ainsi, ceux qui souhaitent discuter, aujourd’hui, des circonstances et des marges, des aspects de la monarchie et du “makhzen” dans le contexte marocain, doivent faire preuve de beaucoup d’humilité face à ceux dont les empreintes ont marqué et dont les contributions ont permis d’atteindre une réalité actuelle où nous pouvons penser, écrire et nous exprimer librement dans le cadre constitutionnel que nous avons adopté.
Celui qui estime nécessaire une quelconque remise en question doit comprendre que “celui qui ne compte que sur lui-même, est condamné à l’échec”. Par conséquent, il sera utile de revenir à la lecture de ce qu’ont écrit les prédécesseurs pour tirer des leçons de leur lutte à une époque où le combat était visible et non dissimulé derrière un écran d’ordinateur, et où les discussions se déroulaient dans des cercles sur le terrain, et non avec des visages cachés, des noms d’emprunt, et des invités ayant leurs propres agendas, qui, certainement, ne défendent pas mes intérêts ni ceux de mon peuple… et… #LeMotEstDit