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Les combattants du PKK brûlent leurs armes lors d’une cérémonie symbolique dans le nord de l’Irak.

Trente combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan, dont des femmes, ont lancé vendredi une opération de désarmement lors d’une cérémonie près de la ville de Souleymaniye, dans le nord de l’Irak, après deux mois de la déclaration des combattants kurdes mettant fin à quatre décennies de lutte armée contre l’État turc.

Cette cérémonie de désarmement, qualifiée par le parti de « démarche historique », marque un tournant dans la transition du Parti des travailleurs du Kurdistan d’un mouvement de rébellion armée vers une activité politique, dans le cadre d’efforts plus larges pour mettre fin à l’un des conflits les plus longs de la région, qui a fait plus de 40 000 victimes depuis 1984.

En réponse à cet événement, un haut responsable turc a déclaré à l’Agence France-Presse, sous couvert d’anonymat, que le désarmement des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan à Souleymaniye « constitue une étape marquante… une avancée concrète et bienvenue ». Il a ajouté : « Nous considérons ce développement comme un tournant irréversible. »

Une correspondante de l’Agence France-Presse a rapporté, près du site de la cérémonie, que « 30 combattants, dont quatre dirigeants, ont brûlé leurs armes » devant la grotte de Jaisna, située à 50 kilomètres à l’ouest de Souleymaniye.

Des rapports médiatiques indiquent que le site revêt une grande symbolique, car il abritait une imprimerie qui a produit l’un des premiers journaux kurdes.

Après être descendus, femmes et hommes, les combattants ont pris place sur une estrade devant environ 300 personnes, avec en arrière-plan une image du fondateur du parti, Abdullah Öcalan. Deux dirigeants, Basy Hozat et Bahjat Şarçel, ont ensuite lu une déclaration en kurde et en turc, décrivant la destruction des armes comme une « démarche démocratique historique ».

Ils ont déclaré : « Nous espérons que cette initiative apportera le bien, la paix et la liberté… alors que notre peuple a un grand besoin d’une vie fondée sur la liberté, l’égalité, la démocratie et la paix. »

Les combattants ont ensuite déposé, un par un, des fusils et des mitraillettes dans une fosse et y ont mis le feu. Beaucoup des présents ont pleuré devant la scène, tandis que d’autres scandaient « Vive Apo », le surnom d’Öcalan.

Il est prévu que ces combattants retournent dans les montagnes d’Irak où ils sont stationnés, selon un responsable du parti interrogé par l’AFP plus tôt.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan, fondé par Öcalan à la fin des années 1970, a annoncé le 12 mai dernier sa dissolution et son désarmement, mettant ainsi fin à un conflit qui a longtemps tendu les relations entre les autorités turques et la minorité kurde ainsi que les pays voisins.

Cette annonce répondait à un appel lancé par Öcalan depuis sa prison sur l’île d’Imrali, près d’Istanbul, le 27 février. Le 1er mars, le parti, considéré par Ankara et ses alliés occidentaux comme une organisation « terroriste », a déclaré un cessez-le-feu.

L’événement a rassemblé des représentants du Parti des travailleurs du Kurdistan en Irak, le leader kurde Massoud Barzani et le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, ainsi que plusieurs journalistes et députés du Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples, qui soutient la cause kurde, selon un correspondant de l’AFP.

Nechirvan Barzani a réaffirmé dans un communiqué vendredi l’« engagement total » de la région à continuer d’apporter son soutien au processus de paix.

Des membres des services de renseignement turcs étaient également présents, selon des médias turcs.

Le Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples, troisième plus grande formation politique de Turquie, a joué un rôle clé en tant que médiateur entre Ankara et Öcalan, qui purge une peine de réclusion à perpétuité depuis 1999.

De son côté, les autorités de la région autonome du Kurdistan ont annoncé qu’elles avaient neutralisé, dans la nuit de jeudi à vendredi, des drones près de sites des forces peshmergas. Aucune des parties n’a revendiqué ces attaques qui n’ont pas fait de victimes.

Au cours de la dernière décennie, la plupart des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan se sont repliés dans des zones montagneuses du nord de l’Irak, où la Turquie a établi des bases militaires depuis 25 ans pour les affronter et mène régulièrement des opérations terrestres et aériennes contre eux.

Le désarmement représente une étape cruciale dans les négociations indirectes en cours depuis octobre entre Öcalan et Ankara, sous l’égide du président Recep Tayyip Erdoğan.

Dans une vidéo datant du 19 juin, diffusée mercredi, Öcalan a déclaré : « Pour honorer les promesses que nous avons faites, il est nécessaire de… créer un mécanisme de désarmement qui contribue à faire avancer le processus, en mettant fin à la lutte armée de manière volontaire et en passant à la phase légale et politique démocratique. »

Le leader kurde, âgé de 76 ans, a ajouté : « Concernant le désarmement, nous allons déterminer les voies appropriées et prendre des mesures pratiques rapides. »

Pour sa part, Erdoğan a affirmé samedi aux journalistes, lors de son retour d’un sommet économique en Azerbaïdjan, que les efforts de paix avec les Kurdes « vont s’accélérer un peu lorsque l’organisation terroriste commencera à mettre en œuvre sa décision de désarmement ».

Dans une autre déclaration, il a fait savoir mercredi devant des membres de son parti au pouvoir : « Nous entrons dans une nouvelle phase où nous allons recevoir des nouvelles positives dans les jours à venir. » Il a ajouté : « Nous espérons que ce processus se terminera avec succès le plus rapidement possible, sans incidents ni tentatives de sabotage. »

Un responsable de la sécurité irakienne a déclaré à l’Agence France-Presse que le processus de désarmement « devrait se terminer en 2026, entraînant la formation d’un nouveau parti politique en Turquie ».

Les Kurdes en Turquie espèrent que l’abandon de la lutte armée par le parti ouvrira la voie à un règlement politique avec Ankara, permettant un nouvel engagement envers cette minorité qui représente environ 20 % des 85 millions d’habitants du pays.

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