Les syndicats et organisations professionnelles de la presse annoncent un programme national de protestation et envisagent de porter le dossier sur la scène internationale en raison de la loi sur le Conseil national de la presse.

Les organisations syndicales et professionnelles du secteur de la presse et de l’édition ont annoncé le début immédiat d’un programme national de protestation, accompagné d’actions de plaidoyer au niveau international, en réponse à ce qu’elles ont qualifié de « violation flagrante de l’État de droit » qui a marqué le processus d’adoption du projet de loi n° 06.25 relatif à la réorganisation du Conseil national de la presse.
Dans un communiqué commun, la Fédération nationale des journalistes marocains, la Fédération marocaine des éditeurs de journaux, l’Université nationale des médias, de la presse et de la communication, rattachée à l’Union marocaine du travail, et le syndicat national de l’information et de la presse, affilié à la Confédération démocratique du travail, ainsi que la Confédération marocaine des éditeurs de presse et des médias électroniques, ont exprimé leur vive surprise et leur incompréhension face au vote de la majorité gouvernementale contre toutes les amendements proposés par les groupes et les équipes de l’opposition lors de la réunion de la Commission de l’éducation, des affaires culturelles et sociales au Conseil des conseillers, qui s’est tenue le lundi 22 décembre 2025.
Les organisations signataires ont considéré que le vote des partis de la majorité gouvernementale (Rassemblement national des indépendants, Authenticité et modernité, Istiqlal) contre tous les amendements, sans proposer d’alternatives, constitue un « décalage évident » pour soutenir un plan visant ce qu’elles appellent « la fragmentation du secteur de la presse », en sapant l’institution de l’autogestion de la profession et en portant atteinte à son essence basée sur les principes d’élection, d’indépendance, de démocratie, de pluralité et de justice représentative entre les journalistes et les éditeurs.
Les organisations ont fermement critiqué le refus du ministre de la Communication d’introduire tout amendement au texte tel qu’adopté par la Chambre des représentants lors de sa première lecture le 22 juillet 2025, considérant cela comme un mépris pour l’institution législative dans ses deux chambres, un mépris pour l’avis de l’opposition parlementaire, et un déni des opinions de deux institutions constitutionnelles, à savoir le Conseil économique, social et environnemental et le Conseil national des droits de l’homme, qui ont exprimé des réserves claires concernant le projet.
Le communiqué a affirmé que le projet de loi, dans sa forme actuelle, présente des dysfonctionnements fondamentaux tant sur le fond que sur la forme, ne répond pas aux exigences d’amélioration du cadre juridique régissant la profession, ne renforce pas la liberté de la presse et son éthique, ne garantit pas l’indépendance de l’autogestion, ne prend pas en compte l’équilibre nécessaire entre les journalistes professionnels et les éditeurs, et ne sert pas à renforcer les petites et moyennes entreprises de presse.
Les organisations ont appelé l’État à assumer ses responsabilités politiques et sociales face à ce qu’elles considèrent comme des « plans affectant la souveraineté médiatique et la sécurité de l’information », avertissant du passage d’une loi régressive, en dehors du cadre constitutionnel, sans l’implication des professionnels du secteur, et éloignée de la philosophie du Code de la presse et de l’édition, qui renforce la logique de domination, de contrôle et de monopolisation, et lie l’organisation du secteur aux intérêts de nouveaux lobbies captifs.
Dans ce contexte, les organisations syndicales et professionnelles ont annoncé leur intention de mener une lutte générale, à travers des formes de protestation nationales et de plaidoyer devant les institutions internationales et régionales concernées, en coordination avec les ONG de droits de l’homme, les organismes de la société civile, les partis politiques et les centrales syndicales soutenantes, affirmant que le calendrier et les modalités de ce programme de protestation seront annoncés ultérieurement.
Les organisations ont conclu leur communiqué en exprimant leur gratitude et leur appréciation à toutes les parties qui ont soutenu leurs positions, des groupes de l’opposition parlementaire, des partis politiques, des centrales syndicales, des ONG de droits de l’homme et des organisations civiles, ainsi que des entités journalistiques tant au Maroc qu’à l’étranger, en affirmant que la lutte pour défendre l’indépendance et la démocratie de l’institution d’autogestion de la profession se poursuivra jusqu’à l’élimination de toute forme de tutelle, de domination et d’exclusion.




