L’Office Chérifien des Phosphates (OCP) investit 13 milliards de dollars dans son programme énergétique vert et inaugure sa ferme solaire à Khouribga.

Khenifra : Saïd Alidi
Dans une démarche marquée comme centrale dans le processus de transformation énergétique du Maroc, le Groupe OCP a lancé la phase initiale de son programme d’investissement dans l’énergie solaire avec le démarrage de trois centrales photovoltaïques actuellement en fonctionnement dans le pays. Ces initiatives visent à atteindre la neutralité carbone d’ici 2040, tout en atteignant l’autosuffisance en électricité verte d’ici 2027. Cela passera par une réduction des émissions directes et indirectes liées à l’énergie électrique et une réduction drastique des émissions de gaz, tout en renforçant l’autonomie énergétique du groupe et en augmentant la contribution du Maroc à l’économie verte mondiale.
Dans ce contexte, le projet OCP Green Energy a construit la plus grande centrale photovoltaïque au Maroc, avec une capacité de production qui surpasse celle des centrales Noor 1 et Noor 2 à Ouarzazate, inaugurées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cela renforcera la position stratégique de Khenifra dans la politique énergétique nationale et consolidera le leadership d’OCP dans la transition vers les énergies propres, tant au niveau régional que continental. Cela renforce également les contributions économiques du groupe et ses dimensions de développement durable, localement, nationalement et internationalement, positionnant ainsi le royaume en tant que puissance émergente dans le domaine des énergies renouvelables.
Ce projet d’investissement ambitieux, d’une capacité totale de 202 mégawatts, représente une étape cruciale dans ce parcours. Il se répartit sur plusieurs sites, dont Ouled Fariss, situé à environ 6 kilomètres au sud de Khenifra, avec une capacité de 105 mégawatts, actuellement la plus grande centrale photovoltaïque en fonctionnement au Maroc, ainsi que Foum Tizi dans la région d’Ouled Azzouz (30 mégawatts) et Beni Mellal (67 mégawatts). Le financement total du groupe s’élève à près de 13 milliards de dollars, soutenu par la Banque mondiale de 2023 à 2027. Ce soutien permettra au Groupe OCP de produire de l’électricité et de l’eau à faible empreinte carbone, et d’améliorer un modèle économique circulaire et durable, en partenariat avec l’Université Mohammed VI Polytechnique, qui accompagne les technologies marocaines du futur dans le secteur énergétique.
Dans la première phase du projet, environ 370 000 panneaux solaires et des milliers de kilomètres de câbles ont été installés, avec une attention particulière portée à éviter l’émission de 300 000 tonnes de dioxyde de carbone par rapport à la production conventionnelle. Le projet a également créé environ 36 emplois permanents et 1600 emplois temporaires durant sa phase de construction, tout en atteignant 3,3 millions d’heures de travail sans accidents, ce qui représente 60 % de contenu local.
En outre, le nouveau projet énergétique est conçu pour être à la fois efficace et responsable dans la production et le stockage d’électricité à partir de sources renouvelables, impliquant la société JESA ainsi que tous les partenaires techniques et industriels qui ont contribué au succès de cette initiative stratégique. Il permettra de couvrir une partie substantielle des besoins des sites miniers et de renforcer la sécurité des approvisionnements.
Le Groupe OCP Green Energy, bras vert du Groupe OCP, a engagé 1,8 milliard de dirhams dans cette phase, soutenu par 100 millions d’euros de la Société Financière Internationale et des contributions de la KfW Bank et d’autres fonds de technologie propre supervisés par la Banque africaine de développement. Il s’agit d’une étape importante pour garantir la sécurité de l’approvisionnement électrique du groupe et d’améliorer sa compétitivité industrielle grâce à l’utilisation d’énergie propre à faible coût, surtout pendant les périodes de forte demande. Ce projet représente un passage vers un modèle industriel efficace et durable, notamment dans la production de fertilisants, avec une vision qui dépasse la simple production d’électricité pour devenir un acteur majeur dans la gestion de l’énergie par la réduction de l’intensité de consommation et l’amélioration de l’efficacité via des solutions intégrées.
La réalisation d’un parc solaire de 301 mégawatts durant la première phase a été autorisée par le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, conformément à la loi sur la production d’énergie autonome. Des accords d’accès et de raccordement ont été signés avec l’Office National de l’Électricité et de l’Eau potable pour garantir le transport de l’électricité produite vers les sites de consommation du groupe, incluant les installations d’OCP Green Water pour la désalinisation, ainsi que les unités industrielles. Ce parc solaire injecte désormais de l’énergie solaire dans les réseaux, permettant pour la première fois de transporter l’électricité générée à partir de Khenifra vers les installations industrielles du groupe.
Les nouvelles centrales ont réussi tous les tests opérationnels et doivent fournir une part importante des besoins énergétiques des sites industriels et miniers du groupe, avec pour objectif non seulement de réduire les émissions de dioxyde de carbone, mais aussi d’alléger la facture énergétique en utilisant une énergie 100 % propre d’ici l’été 2025, atteignant des pics opérationnels durant les périodes de forte demande. Ce programme illustre l’un des piliers de la stratégie de l’Office Chérifien des Phosphates, qui vise à couvrir 100 % de ses besoins en électricité renouvelable d’ici 2027. Le groupe prévoit d’atteindre 1,2 gigawatt, et plus de 2 à 5 gigawatts d’énergie propre par la suite, augmentant la capacité totale à 13 gigawatts d’ici 2032, plaçant OCP en tête des entreprises mondiales s’engageant vers la décarbonation dans le secteur des fertilisants, tout en visant des capacités de stockage dépassant 2 gigawatts-heures.
Cela pose également la question cruciale des investissements au sein du groupe, évalués en milliards de dollars, tirant des revenus de la vente de phosphates et de ses dérivés à plus de 350 clients à travers le monde. Le chiffre d’affaires d’OCP a atteint environ 96,9 milliards de dirhams l’année dernière. Cependant, il reste à voir pourquoi ce projet, évalué à 13 milliards de dirhams d’ici 2027, ne génère pour l’instant que 36 emplois permanents et 1600 temporaires, soulevant des interrogations sur la capacité du groupe à répondre aux attentes locales en matière d’emploi, surtout après une décennie durant laquelle la région de Khenifra a souffert de l’absence d’opportunités d’emploi.
Il est également crucial de se concentrer sur la dimension environnementale et innovante des projets d’OCP Green Energy, qui représente une continuité d’une vision industrielle fondée sur des bases propres et efficaces, afin que la région de Khenifra, capitale mondiale du phosphate, puisse guérir des dommages environnementaux causés par plus d’un siècle d’exploitation. Le projet pourrait symboliser une étape stratégique majeure qui reflète l’engagement d’OCP Green Energy envers la transition énergétique au Maroc, faisant de cet investissement non seulement une infrastructure d’énergie renouvelable mais aussi une promesse pour un avenir durable et compétitif, consolidant la place du Maroc comme acteur régional dans le domaine des énergies propres.




