Macron s’apprête à nommer un nouveau Premier ministre en urgence au cœur d’une crise politique.

Le président français Emmanuel Macron prévoit de nommer d’urgence un nouveau Premier ministre, suite à la démission de François Bayrou mardi, au lendemain d’un vote de défiance contre son gouvernement à l’Assemblée nationale. Cette situation approfondit la crise politique et financière dans le pays et menace d’affaiblir la position du président.
Le Premier ministre a rejoint l’après-midi le palais présidentiel à bord de sa voiture officielle pour un dernier entretien avec le président, qui a promis de désigner un successeur dans « les prochains jours ».
Cela représente un défi dans un contexte politique qui a été un casse-tête pour Macron depuis plus d’un an, dans un Parlement divisé entre une coalition de gauche, le centre-droit et l’extrême droite, depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.
Le successeur de François Bayrou sera le cinquième Premier ministre depuis le début du second mandat présidentiel de Macron en 2022, et le troisième en l’espace d’un an, un fait sans précédent sous la Cinquième République, instaurée en 1958, qui a longtemps été caractérisée par sa stabilité.
Des sources proches du président anticipent la nomination d’un nouveau Premier ministre d’ici la fin de la semaine, avant le départ de Macron pour New York, où il devrait annoncer, les 22 et 23 septembre, la reconnaissance par la France de l’État de Palestine à l’ONU.
Parmi les noms qui circulent, celui du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, proche du président, est évoqué comme un candidat potentiel pour la tâche de construire une coalition dans un paysage politique français fragmenté.
– « Troubles » –
Après que les députés ont rejeté le projet de budget de François Bayrou, visant à économiser 44 milliards d’euros pour réduire l’énorme dette publique, qui atteint 114% du PIB, les partis restent campés sur leurs positions.
Le Rassemblement national (extrême droite) réclame des élections législatives anticipées, et son président Jordan Bardella a promis mardi de refuser tout Premier ministre qui ne renoncerait pas totalement aux politiques adoptées durant les huit dernières années.
Le gauche radicale, de son côté, a appelé à la démission du président lui-même.
Le Parti socialiste rappelle que la gauche, qui a dominé les récents résultats des élections législatives, est la mieux placée pour diriger le gouvernement.
Le ministre de l’Intérieur et président des Républicains (droite traditionnelle), Bruno Retailleau, a écarté toute participation à un gouvernement dirigé par la gauche. Il a ajouté : « Nous avons besoin d’urgence d’un Premier ministre pour prendre les commandes », avertissant que « septembre pourrait connaître toutes sortes de troubles ».
– Mobilisations sociales à l’horizon –
Ce summer, un nouveau mouvement sous le slogan « On bloque tout » a émergé sur les réseaux sociaux, soutenu par certains syndicats et la gauche radicale, appelant à paralyser le pays à partir de mercredi, dans un climat de méfiance généralisée envers Macron, dont la popularité a atteint son niveau le plus bas depuis son arrivée au pouvoir en 2017. Un récent sondage a révélé qu’environ 77% des Français ne sont pas satisfaits de lui.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé qu’environ 80 000 membres des forces de police et de sécurité seront déployés mercredi à travers le pays, où des centaines d’événements et de manifestations seront organisés.
La Direction générale de l’aviation civile s’attend à des perturbations et des retards dans « tous les aéroports français ».
Bien que cette mobilisation rappelle à certains le mouvement des « gilets jaunes » qui a ébranlé la France entre 2018 et 2019, il reste incertain de son impact.
Dans ce même contexte, tous les syndicats ont appelé à une grève et à des manifestations le 18 septembre.
Cette crise politique survient seulement quelques jours avant que l’agence Fitch ne publie vendredi son évaluation concernant la dette française, au milieu des craintes d’un abaissement de la note dans un climat d’incertitude, ce qui suscite des inquiétudes quant à des perturbations sur les marchés financiers.
Mardi, le rendement des obligations françaises à 10 ans a atteint le même niveau que celui des obligations italiennes, un phénomène sans précédent depuis environ 15 ans, bien que l’Italie ait longtemps été considérée comme l’un des pays les plus fragiles d’Europe en matière de gestion de la dette publique.