Performance du Maroc entre records et critiques : Walid Rekrakki est-il en mesure d’offrir un titre continental en 2025 ?

Les 12 victoires consécutives de l’équipe nationale marocaine de football n’ont cependant pas exempté son entraîneur, Walid Regragui, des critiques qui lui demandent d’améliorer le niveau de jeu afin d’augmenter ses chances de remporter le titre de la Coupe d’Afrique des Nations prévue en décembre et janvier prochains sur son sol.
Les « Lions de l’Atlas » ont récemment battu la Tunisie 2-0 et le Bénin 1-0 lors de deux matchs amicaux début juin, ce qui a permis à Regragui d’établir un nouveau record avec la plus longue série de victoires consécutives dans l’histoire de l’équipe.
Il a atteint 12 victoires sans aucun match nul ni défaite, dépassant ainsi le Bosniaque Vahid Halilhodžić, qui s’était arrêté à 11 succès d’affilée.
Cependant, les performances de l’équipe lors de ses deux derniers matchs, ainsi que lors des rencontres de mars contre le Niger (2-1) et la Tanzanie (2-0), ont suscité des critiques, notamment en raison de certaines décisions de l’entraîneur, de l’absence d’un style de jeu clair, de la lenteur du rythme et de la difficulté à créer des occasions de but, malgré la présence d’une génération dorée de stars et de jeunes talents.
Ce débat survient alors que le Maroc fait face à une pression considérable pour remporter le tournoi, puisqu’il se déroule sur son sol, du 21 décembre au 18 janvier, près de 50 ans après son unique couronnement continental (1976).
Les commentaires des journaux locaux reflètent ces inquiétudes, avec certaines publications spécialisées se demandant jeudi : « Des chiffres records, des victoires consécutives et des questions persistant, pourquoi ne sommes-nous pas convaincus ? »
De son côté, un quotidien a noté que « l’hésitation de Regragui laisse perplexe le public », tandis qu’un autre journal, Al Sabah, a affirmé que « l’équipe de Regragui continue de reculer ».
Pour sa part, une source au sein de la Fédération royale marocaine de football a indiqué que Regragui « continue son travail et que tout est normal », en réponse aux rumeurs circulant sur les réseaux sociaux concernant une éventuelle séparation.
Face aux critiques, Regragui a réagi avec émotion lors de la conférence de presse après le match contre le Bénin mardi, affirmant : « Que cela vous plaise ou non, je suis le meilleur entraîneur (de l’équipe) de l’histoire jusqu’à présent. »
Il a rappelé son bilan depuis trois ans : « Nous avons rajeuni l’équipe et atteint les demi-finales de la Coupe du Monde, ce qui n’était jamais arrivé en Afrique », et « nous avons réalisé 12 victoires consécutives, ce qui n’a jamais été fait au Maroc. »
Il a ajouté : « Certes, il est encore possible de nous améliorer, nous ne sommes pas complètement prêts, mais nous sommes confiants », en faisant allusion à l’absence de plusieurs joueurs clés lors des deux derniers matchs.
Ces déclarations ont alimenté le débat autour de Regragui dans les médias locaux, où ses détracteurs lui rappellent son échec décevant en phase éliminatoire de la Coupe d’Afrique des Nations en Côte d’Ivoire début 2024, après une défaite contre l’Afrique du Sud (2-0).
Le Maroc abordait ce tournoi en tant que favori, après avoir terminé à la quatrième place de la Coupe du monde Qatar 2022 et avoir gravé son nom dans l’histoire en tant que première équipe africaine et arabe à atteindre les demi-finales de la compétition.
Un journaliste spécialisé estime que les inquiétudes soulevées par les performances actuelles des Lions de l’Atlas sont liées « au spectre de la Côte d’Ivoire, où l’équipe nationale a été éliminée de manière caricaturale, alors que nous étions dans une période florissante après la Coupe du monde, ce qui a causé un choc fort ».
Le contrat de Regragui avec la fédération stipulait d’atteindre les demi-finales en Côte d’Ivoire.
Il a été critiqué après cette élimination, notamment pour avoir convoqué des joueurs blessés ou non prêts pour le tournoi, en se basant sur leur « préférence » d’atteindre les demi-finales du Mondial, ainsi que pour son incapacité à trouver un style de jeu efficace contre des équipes qui se regroupent en défense.
Cependant, les critiques sont restées mesurées et la fédération marocaine a renouvelé sa confiance en lui.
Après cette décision, « nous avons attendu un changement alors que nous avions accepté de jouer en nous basant sur des contres lors de la Coupe du Monde, mais nous n’avons pas réussi à passer à autre chose, vivant des niveaux variés entre des matchs parfois excellents et d’autres très médiocres », comme l’a souligné Hachlaf.
Il ajoute : « Cette oscillation est ce qui fait douter les gens. »
L’ancien international Fakhreddine Rajhi déclare : « Si l’on se base sur les derniers matchs, il y a de grandes lacunes ; lorsque nous jouons à ce niveau, c’est un problème. »
Il poursuit : « Nous n’avons pas progressé depuis le Qatar, alors qu’il faudrait tourner la page de cette période », en faisant référence à l’évolution de l’Espagne et du Portugal, que le Maroc a éliminés depuis.
Il tempère toutefois : « Peut-être que la majorité des supporters estiment maintenant que les choses seront difficiles, mais par expérience, rien n’est assuré ; tout dépendra de la manière dont l’équipe aborde le tournoi et des niveaux des équipes que nous affronterons. »
Bien que le style parfois émotionnel de Regragui ait suscité des critiques de la part de certains médias et du public, il parie sur « l’unité et l’énergie positive » pour soutenir l’équipe.
Avant les matchs contre la Tunisie et le Bénin, il a promis aux supporters : « Je peux le faire », ajoutant : « Vous ne trouverez personne de meilleur que moi pour remporter la coupe. »