Quand les islamistes et les radicaux se rassemblent autour de la colère des jeunes !

Le pays.ma
La scène nationale a récemment été le théâtre de appels de la jeunesse à manifester pour des revendications sociales fondamentales, portant principalement sur l’amélioration des services de santé et d’éducation, la réduction du chômage et la garantie de conditions de vie dignes.
Cependant, ce mouvement qui semble, en son essence, être spontané, s’est rapidement trouvé entouré par des cercles politiques, notamment des courants islamistes et quelques composantes de la gauche radicale, soulevant ainsi de nombreuses questions sur l’autonomie de la décision juvénile en période de tension sociale.
D’une part, il est indéniable que les revendications des jeunes sont justes. Elles reflètent une réalité tangible vécue quotidiennement par le citoyen marocain : engorgement dans les hôpitaux, déclin de la qualité de l’éducation publique, difficultés d’accès au marché du travail, et un avenir social bouché qui pousse beaucoup vers l’émigration ou le désespoir.
Mais d’autre part, le timing de ces appels et la nature des acteurs qui les soutiennent suscitent des soupçons sur une instrumentalisation politique et une tentative d’exploiter la colère des jeunes à des fins partisanes ou idéologiques étroites.
L’islam politique, qui a perdu de son éclat après les expériences de gestion gouvernementale, cherche à revenir dans la rue et à retrouver une base populaire qui a perdu confiance. Quant à la gauche radicale, qui a longtemps cherché une occasion d’influence, elle a trouvé dans ces appels une chance de réapparaître en tant que voix d’opposition au système politique et social en place.
Entre ces deux dynamiques, les jeunes se retrouvent face à une équation difficile : comment s’assurer que leurs revendications demeurent pures, non contaminées par des calculs politiques, et comment préserver leur autonomie décisionnelle loin de toute instrumentalisation idéologique ?
L’histoire récente prouve qu’un mouvement social perd rapidement son cap et se transforme en outil aux mains d’acteurs politiques, s’éteignant ou se fragmentant alors, car la clé du succès de tout mouvement de protestation réside dans la clarté de ses objectifs et la cohésion de sa direction interne.
Aujourd’hui, pour que les jeunes puissent être entendus en tant que force de proposition significative, ils doivent développer des outils organisationnels indépendants et élaborer un discours inclusif, éloigné des polarités, tout en s’ouvrant à toutes les forces nationales soutenant les revendications de dignité, à condition que cela se fasse dans un cadre transparent qui ne vide pas le mouvement de son essence.
Le moment de la colère populaire peut être une opportunité pour établir un nouveau contrat social, mais il peut aussi se muer en un simple outil dans le combat entre courants politiques en quête de légitimité perdue.
Le critère décisif ici est la capacité des jeunes à distinguer entre ceux qui soutiennent réellement leurs causes et ceux qui cherchent simplement à surfer sur la vague.