Reconnaissances de l’État de Palestine : un enthousiasme mitigé à Ramallah

À Ramallah, centre du pouvoir palestinien en Cisjordanie occupée, il n’y a ni écrans géants ni grands rassemblements pour suivre la reconnaissance de la France et d’autres pays de l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Cette démarche n’excite pas beaucoup de monde.
Zen Abd El Wahab, 18 ans, déambule dans une des rues commerçantes et déclare : « C’est certainement une bonne chose (la reconnaissance de l’État de Palestine), mais ce que traverse la Palestine, même si le monde entier la reconnaissait, n’est pas bon. »
Le décalage horaire entre la Cisjordanie occupée et New York, où se situe le siège de l’ONU, complique également le suivi de la conférence qui a démarré à dix heures du soir, heure locale (19 heures GMT).
Dans le centre de Ramallah, de nombreux passants rencontrés par l’AFP ont exprimé leur indisposition à suivre l’événement, sortant plutôt pour déguster des glaces que pour célébrer cette occasion.
Racha, presque dans la quarantaine et souhaitant garder son nom incomplet, confie : « Franchement, cela m’importe peu. L’Occident fait tout un plat de cela, mais cela ne change rien dans notre vie quotidienne. La situation est désastreuse. »
Ce qui préoccupe Racha, c’est qu’elle n’a pas pu rendre visite à sa famille dans le nord de la Cisjordanie depuis le printemps dernier. Elle ajoute : « Le danger est très grand avec les attaques des colons, sans parler des nombreux postes de contrôle qui allongent considérablement le temps de trajet. C’est la réalité dans leur État palestinien. »
– « Améliorer la situation » –
Autour de Ramallah, comme dans toute la Cisjordanie, les colonies israéliennes continuent de croître, tout comme les barrages qui coupent la région.
L’économie est également entravée, notamment en raison de la rétention par les autorités israéliennes des recettes douanières palestiniennes, ce qui impacte le versement des salaires des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne.
Avec le début des célébrations du Nouvel An juif lundi, des informations ont circulé indiquant que l’armée israélienne avait déployé des unités supplémentaires en Cisjordanie, comme c’est habituellement le cas durant les fêtes juives.
Cette série de reconnaissances de l’État de Palestine intervient alors qu’Israël intensifie ses opérations militaires dans la ville de Gaza, environ deux ans après le déclenchement d’une guerre en raison de l’attaque sans précédent de Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre 2023.
Dans les cafés, les mêmes écrans qui diffusent presque en continu les images effroyables de la guerre dans le secteur détruit et assiégé transmettent également les discours prononcés depuis la tribune de l’ONU.
À Ramallah, la situation à Gaza, située à moins de cent kilomètres, reste la principale préoccupation des habitants de la ville.
Ibrahim Salam Abdullah, 18 ans, qui se promène avec ses amis, déclare : « Nous voulons que les pays qui ont reconnu l’État de Palestine et nous ont témoigné leur affection agissent pour améliorer la situation en Cisjordanie, mettre fin à la guerre dans notre chère bande de Gaza, et combattre la famine qui affecte les enfants et nos familles à Gaza. »
Il précise que la reconnaissance de l’État de Palestine est « quelque chose d’extraordinaire, car cela accroît notre force et notre détermination sur notre terre, et aide à établir un État palestinien libre de toute occupation », ajoutant : « Nous sommes contents de cette reconnaissance, mais nous voulons des étapes supplémentaires. »
Dans la place de Ramallah, des associations de défense des prisonniers palestiniens ont accroché une banderole pour adresser un hommage aux pays qui soutiennent les droits du peuple palestinien.