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Affrontement militaire dans le ciel du Mali révélant l’implication des services de renseignements algériens dans la déstabilisation de la sécurité régionale.

Par : Baraq Chadi Abdel Salam

L’implication du régime algérien dans le soutien, la formation et l’armement de groupes terroristes et séparatistes pour réaliser son agenda expansionniste au détriment de son voisinage régional n’est pas une nouveauté sur la scène géopolitique en Afrique du Nord et de l’Ouest. L’observateur peut, à travers l’analyse des données provenant des intelligences open source (OSINT), découvrir l’implication de hauts responsables au sein de l’armée algérienne dans le financement et l’armement de groupes terroristes et séparatistes qui menacent la sécurité nationale des pays voisins. Le dossier de l’affaire du général Bachir Tartag, ancien chef des services de renseignement algériens, regorge d’éléments qui abordent ce sujet avec beaucoup de détails.

Quatre corridors sécurisés à la frontière avec le Mali et le Niger bénéficient de la couverture sécuritaire et militaire des services de renseignement algériens, en coordination avec les commandements militaires de la 6e région militaire, sous les ordres directs du général Abdel Nour Lachib, commandant du secteur opérationnel de Bordj Badji Mokhtar, sur ordres du général Mohamed Akrour, commandant de la 6e région militaire, et sous la supervision du général Abdelaziz Houam, commandant des forces de défense aérienne du territoire, très proche du général Chanegria et son successeur présumé. Le centre régional de recherche et d’investigation à Bordj Badji Mokhtar a mis en place ces corridors, qui ont été rapportés par des médias dans les localités de Tamalguig, Tamanrasset et Tin Zaouatin, afin de faciliter le déplacement logistique des éléments terroristes actifs dans les groupes terroristes et séparatistes basés au nord du Mali, au Niger et au Burkina Faso, ainsi qu’à la lointaine frontière algérienne. Des éléments locaux, affiliés aux services de renseignement militaires et civils algériens, collaborent avec des leaders tribaux de la région pour encadrer les mouvements des éléments terroristes et séparatistes à travers la frontière, s’appuyant sur la couverture aérienne des activités terroristes dans le triangle frontalier algéro-malien-nigérian. Les opérations de coordination se déroulent à partir de la salle d’opérations des systèmes de couverture radar située au quartier général de la 6e division de détection et de surveillance radar à Tamanrasset, dans le cadre d’opérations conjointes entre la 601e brigade de détection et de surveillance à Bordj Badji Mokhtar et la 610e brigade à Tamanrasset, avec le soutien du 62e bataillon de logistique indépendante à Bordj Badji Mokhtar et la 700e brigade d’infanterie de la 6e région militaire, chargée de la surveillance des frontières. Les drones algériens, depuis la base de déploiement aérien située dans le troisième secteur d’Hassi Tiriine au secteur opérationnel de In Guezzam, assurent la couverture aérienne pour le passage de personnes, de véhicules et de blindés appartenant à des groupes terroristes et séparatistes vers le Sahel et le Grand Sahara à travers les corridors sécurisés mentionnés précédemment.

Dans ce même contexte, l’incident de la chute / de l’escroquerie d’un drone dans la zone de Tin Zaouatin, à la frontière entre l’Algérie et le Mali, dans un environnement de concurrence géopolitique intense et de changements constants des dynamiques et des acteurs influents sur la sécurité humaine dans la région du Sahel et du Grand Sahara, a donné lieu à trois versions divergentes concernant l’incident, chacune portant des implications géopolitiques significatives.

– La version algérienne :

L’Algérie affirme avoir abattu le drone après son intrusion de deux kilomètres dans son espace aérien. Le ministère de la Défense algérien n’a pas précisé l’identité de l’appareil, mais a indiqué que le moment et le lieu suggèrent qu’il pourrait appartenir à l’armée malienne. À travers cette action, l’Algérie cherche à envoyer deux messages :

Le premier à l’intérieur, en promouvant une victoire fictive de l’armée dans un contexte de montée de la crise interne et de demandes de démocratisation de l’État, ainsi que de la fin de l’hégémonie de l’institution militaire sur la vie en Algérie, représentée actuellement par le président Abdelmadjid Tebboune.

Le second à son environnement régional, en affirmant que toute violation de sa souveraineté aérienne sera confrontée à une réponse décisive, dans une tentative de démontrer sa puissance militaire et de présenter un succès auprès du général Abdelaziz Houam pour se positionner mieux dans la hiérarchie du pouvoir militaire en Algérie, dans le cadre de son conflit avec le général Ali Oulhaj, également proche de Chanegria, et ce, particulièrement après des nouvelles concernant la restriction des mouvements du général Lotfi Ben Bahtouch, directeur de l’École supérieure de défense aérienne du territoire, qui était auparavant associé au général Amar Omarani, un des hommes de confiance de Gaïd Salah et ancien directeur de l’école, également incarcéré après avoir tenté de fuir l’aéroport Houari Boumediene en portant des documents militaires et des fichiers sensibles.

– La version malienne :

De son côté, le gouvernement malien a nié la version algérienne, affirmant que l’appareil appartenu à son armée, et qu’il s’est écrasé en raison d’un « défaut technique » dans une zone inhabité. L’armée malienne a ajouté que ses systèmes de sécurité ont empêché l’explosion de sa cargaison, soulignant qu’il n’y avait pas de danger pour les civils. Cependant, certains experts militaires doutent de la véracité de cette version, faisant remarquer que les drones modernes tombent rarement à cause de pannes soudaines. Parallèlement, les déclarations de l’institution militaire malienne réaffirment son intention de poursuivre sa stratégie de renforcement de sa pleine souveraineté sur le territoire malien, affrontant les groupes terroristes et les organisations séparatistes installées au nord du Mali, qui, à cause des complications géopolitiques et des interventions extérieures continues, sont devenues un foyer pour certaines des organisations terroristes les plus dangereuses au monde.

– La version azawadienne :

Quant à la troisième version, elle provient de militants qui attribuent la chute à des forces affiliées au Cadre stratégique de défense du peuple azawad (CSP-DPA), qui contrôle la ville de Tin Zaouatin. Il a été rapporté que des « forces locales » ont abattu l’appareil, bien que le Mouvement de libération de l’Azawad n’ait pas officiellement revendiqué l’incident, certaines déclarations du porte-parole du mouvement ont donné un caractère officiel à ces allégations. Cette version soulève des questions sur la possibilité pour les groupes armés azawadiens ou ceux qui y sont proches, tels que le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), dirigé par le terroriste Iyad Ag Ghali, très proche des services de renseignement algériens et en particulier des éléments locaux actifs à Tin Zaouatin, de bénéficier d’un soutien, d’une formation et d’un armement de la part de l’Algérie pour faire un rôle régional, notamment pour gérer ses relations avec les puissances internationales présentes dans la région telles que la France, les États-Unis et la Russie.

Un des fondateurs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, la matrice de tous ces groupes et organisations terroristes opérant au Sahara et dans le Sahel, et un cadre éminent du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, bras droit d’Oussama ben Laden en Afrique subsaharienne, est Omar Saïfi, connu sous le nom d’Abdelrazak al-Bara, un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne (et selon ses dires, il a été le chef de la garde personnelle du ministre de la Défense, le général Khaled Nezzar, de 1990 à 1993), qui a exécuté plusieurs opérations terroristes pour le compte des services de renseignement algériens, que ce soit des opérations d’enlèvement ou des attentats visant des intérêts occidentaux au Sahel et au Sahara, ainsi qu’en Algérie, dans le cadre de luttes internes au sein du système à Alger. Il a également joué le rôle d’officier de liaison entre la Direction de la Coordination de lutte contre les activités subversives au ministère central de la Défense et les différents groupes terroristes et séparatistes actifs dans le Sahara et le Sahel.

De plus, la plupart des organisations terroristes dans le Sahel et le Grand Sahara ont été créées ou dirigées par des Algériens, comme Abdelmalek Droudkal, qui dirigeait le groupe « Al-Qaïda », suivi par Abu Oubaïda al-Annabi. Mokhtar Belmokhtar, connu sous le nom de « l’aveugle », est également reconnu comme le chef du groupe « les signataires par le sang », qui fusionna ultérieurement avec l’organisation « Jihad et Unité ».

Aujourd’hui, un parcours similaire se reforme avec un autre terroriste ayant des rôles douteux dans le Sahel et le Sahara à travers le rôle caché de la Direction Générale de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DGDSE), qui a fourni au groupe Iyad Ag Ghali, leader d’Ansar Dine, financement, formation, conseils et informations via des satellites, lui qui était un ancien mercenaire au service du régime de Kadhafi durant la guerre civile libanaise et d’autres missions au Tchad et au Niger, avant de participer à la révolte touareg au Mali au début des années 1990.

D’autre part, de nombreuses sources indiquent que le régime algérien avait un accord avec les Russes en 2022, stipulant que la couverture des opérations des entreprises de sécurité associées à Moscou devait se limiter au cœur du Mali et préserver une zone de sécurité tampon s’éloignant des frontières algériennes d’environ 80 à 200 km, en tant que mesure de précaution offrant une marge de manœuvre aux groupes terroristes collaborant avec les services de renseignement algériens. Toutefois, les forces du conseil militaire au Mali, en collaboration avec la Russie, ont mené d’importantes opérations de ratissage et d’affrontements avec des éléments terroristes dans la zone de Tin Zaouatin, tout juste à la frontière algérienne, ce qui a été perçu par les généraux algériens comme une menace directe pour leur sécurité nationale.

Une rapide analyse des intérêts imbriqués dans la région montre que la partie algérienne impose, par le biais de ses outils terroristes et séparatistes, une réalité géopolitique visant à protéger ses propres intérêts, s’appuyant sur l’état d’instabilité dans la région à travers les interventions permanentes des services de renseignement algériens et de ses agents dans les affaires internes des différents pays limitrophes. Ceci se fait à travers la formation, le financement, la qualification et le soutien de milices terroristes, cherchant à transformer la région du Sahel et du Grand Sahara en un nouveau front de confrontation à Alger entre les différentes factions du régime militaire algérien.

La région du Sahel et du Sahara africains fait face à de graves défis sécuritaires qui affectent sa stabilité et son développement. De nombreux pays subissent un effondrement des institutions à cause des guerres civiles, entraînant un affaiblissement du contrôle sécuritaire. De plus, la propagation de groupes terroristes et des opérations de criminalité organisée exacerbe l’instabilité. Les crises économiques résultant des conflits aggravent la pauvreté et le chômage, rendant ainsi les sociétés plus susceptibles de se laisser influencer par des idées extrémistes. De surcroît, les changements climatiques ont un impact négatif sur les ressources naturelles, intensifiant les conflits autour de l’eau et des terres. Les tensions entre groupes ethniques et tribaux aggravent les crises sécuritaires et menacent la sécurité humaine, ce qui nécessite des stratégies globales et intégrées pour faire face à ces défis.

Dans ce cadre, l’initiative royale marocaine visant à faciliter l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique, en plus du projet de pipeline atlantique africain et du projet d’interconnexion électrique continentale, ainsi que d’autres projets structurants, constituent des réponses logiques à de nombreuses problématiques de développement rencontrées par les peuples de la région. Cette démarche s’inscrit dans une approche marocaine globale selon la vision royale éclairée, axée sur le soutien des peuples africains pour faire face aux risques sécuritaires, en mariant la dimension sécuritaire et la coopération régionale et internationale, tout en s’efforçant d’atteindre un développement économique, social et humain et en préservant l’identité culturelle et religieuse, fondée sur l’engagement historique du Royaume du Maroc envers les causes des peuples africains. Ce dernier représente la vision royale éclairée pour réaliser un développement global des peuples africains à travers la recherche d’une plateforme de travail régionale commune, selon une approche régionale proprement africaine, visant à faire face aux menaces sécuritaires par l’appui d’un dialogue régional élargi et multilatéral, pour créer des solutions fondées sur le traitement des enjeux menaçants de sécurité humaine, selon le principe de « solutions africaines », et en consacrant le principe de « l’Africanisation » des solutions aux problématiques menaçant la sécurité humaine dans la région, en coordonnant les efforts et en impliquant toutes les parties prenantes internationales, régionales et nationales, en particulier dans la région du Sahel et du Grand Sahara africain, ce que reflète la stratégie atlantique des pays du Sahel selon une approche marocaine intégrale, s’engageant vers un développement durable et une sécurité durable, centrée sur le rôle de l’homme africain dans la réalisation des objectifs communs.

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