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Rabat-Madrid : une alliance stratégique durable et un fort intégration bilatérale

Par : Al Barak Shadi Abdel Salam

Les relations bilatérales entre le Royaume du Maroc et le Royaume d’Espagne dépassent les simples limites de la proximité géographique directe pour établir des liens culturels profondément ancrés dans l’histoire humaine commune et l’interaction constante à travers les rives de la Méditerranée. Grâce à une conscience partagée de l’importance de ces liens pour construire un avenir de développement durable, ces relations se sont transformées en un partenariat stratégique clé entre deux puissances régionales influentes. Le Maroc représente la porte de la stabilité pour le nord-ouest de l’Afrique et constitue un partenaire majeur pour l’Europe, tandis que l’Espagne fait figure de pierre angulaire du système européen vers le sud. Dans un contexte de turbulences géopolitiques rapides et de divers risques menaçant la sécurité, la volonté commune a nécessité la construction de ce partenariat sur des bases solides de confiance mutuelle et de clarté, faisant de l’axe Rabat-Madrid un modèle dynamique de coopération, non seulement en tant que principal lien économique du Maroc, mais aussi en tant que fondement essentiel pour ancrer la sécurité et la stabilité dans l’espace euro-méditerranéen et atlantique commun.

Dans cette optique, la Commission mixte supérieure maroco-espagnole se réunit à Madrid, agissant comme l’organe directeur et l’incarnation institutionnelle de ce partenariat essentiel. Aujourd’hui, cette commission représente un cadre stratégique pour approfondir le dialogue stratégique et la consultation politique régulière, visant à architecturer et orienter les voies de coopération bilatérale vers des secteurs à forte valeur ajoutée. Cela comprend la sécurité, la lutte contre la criminalité organisée, la gestion des migrations, les énergies renouvelables, l’échange commercial et d’investissement, ainsi que l’organisation de la Coupe du monde. Son rôle dépasse l’agenda bilatéral pour inclure la coordination et l’unification des positions et des visions sur les questions régionales et internationales, affirmant ainsi le rôle double de cet axe comme un pont vital pour la stabilité et le développement entre l’Europe et le continent africain. Les réunions de cette commission soulignent que les relations bilatérales ont entamé une nouvelle ère d’intégration stratégique, les plaçant au cœur des efforts visant à garantir la sécurité humaine et le développement durable dans leur espace commun.

Dans le contexte de cette dynamique stratégique, la participation du Royaume du Maroc prend un élan supplémentaire, notamment en raison des retombées positives de la résolution des Nations Unies n° 2797 qui renforce la position marocaine. Ces rencontres visent également à ancrer davantage la position espagnole, robuste et supportive, en faveur de l’initiative d’autonomie, comme étant la solution la plus sérieuse, réaliste et crédible pour mettre fin au conflit créé autour des provinces méridionales du Royaume. Ce soutien espagnol représente un changement qualitatif dans la structure du partenariat bilatéral, élevant le niveau de coordination politique à un partenariat des visions sur des questions de souveraineté nationale et de sécurité régionale, garantissant la pérennité de cet axe comme un moteur de stabilité et de développement commun.

Ainsi, s’inscrivant dans le chemin tracé par la Commission mixte supérieure, ces discussions ont été couronnées par la transformation du dialogue politique en une feuille de route économique concrète par le biais de l’organisation du « Forum économique maroco-espagnol » hier. Ce forum a constitué le cadre d’exécution pratique pour activer les engagements du partenariat stratégique, mettant l’accent sur le lancement d’une nouvelle génération de projets d’investissement communs, avec l’objectif de multiplier les flux d’investissements espagnols vers le Maroc en tant que base de production et d’exportation vitale vers les marchés africains et européens. Cela a été réalisé en se concentrant sur des secteurs stratégiques prioritaires, notamment les projets d’énergies renouvelables (en particulier dans le domaine de l’hydrogène vert massif), le développement des infrastructures logistiques et des connexions interrégionales en préparation pour le dossier de la Coupe du monde 2030, ainsi que le renforcement des chaînes d’approvisionnement dans l’industrie alimentaire. De plus, un ensemble d’accords a été signé pour impliquer directement le secteur privé des deux pays, devenant le principal moteur de création de valeur ajoutée régionale et de génération d’emplois durables. L’objectif étant de renforcer l’intégration économique bilatérale et de transformer la proximité géographique en un atout compétitif commun, garantissant ainsi la traduction du soutien politique et espagnol à la marocanité du Sahara en bénéfices économiques tangibles au service de la sécurité humaine et du bien-être commun.

Dans le même contexte, le Royaume du Maroc a été présent à cette réunion pour présenter sa vision et sa conception de la sécurité et de la stabilité régionales et continentales, en tant que voix forte du Sud global. Rabat aborde de manière responsable et sérieuse les problématiques de développement, de sécurité et de climat qui touchent les populations de la région, en discutant des initiatives de développement marocaines en Afrique, considérées comme un cahier des charges régional proposé par la capitale à toutes les capitales régionales, notamment Madrid, pour s’engager dans les efforts de développement du continent. Ces initiatives constituent une base solide pour le développement des efforts de croissance sur le continent, démontrant la sérieux, l’engagement et la volonté du Royaume de servir les problématiques africaines-européennes sur une base de solidarité et de développement authentique.

Cet engagement se manifeste à travers d’énormes projets structurels, dont le plus emblématique est le pipeline de gaz Afrique-atlantique, qui dessert plus de 400 millions d’Africains en Afrique de l’Ouest tout en garantissant, en même temps, un approvisionnement durable pour les besoins européens en gaz. Se dessine également le processus de Rabat pour les pays africains atlantiques, qui pourrait s’ouvrir sur l’ouverture atlantique européenne, ainsi que l’initiative royale facilitant l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique. Ce dernier est une initiative régionale pionnière pour l’intégration régionale et continentale, transformant le Sahara marocain en un pont logistique et de développement géant qui sert les intérêts des peuples des pays africains enclavés dans le Sahara africain et en Afrique de l’Ouest, créant ainsi pour les économies de ces quatre pays une opportunité prometteuse d’intégration économique, d’unité régionale et d’ouverture sur les partenaires européens sur une base gagnant-gagnant.

Au regard des complexités politiques internes traversées par le gouvernement de Pedro Sánchez, dont les alliances fragiles manquent de consensus politique sur de nombreuses questions, l’affirmation de la position espagnole en faveur de la marocanité du Sahara renforce son statut de décision stratégique de l’État espagnol, transcendant les calculs électoraux et politiques. Les intérêts supérieurs communs exigent cette stabilité, notamment sur des dossiers lourds qui dépassent le mandat de tout gouvernement, comme l’organisation conjointe de la Coupe du monde 2030, ainsi que la coopération sécuritaire indispensable et active dans la lutte contre l’immigration illégale et le terrorisme. En outre, la résolution des Nations Unies n° 2797 a fourni aux Espagnols et aux différents pays du monde un point de départ moral et politique fort pour ancrer leurs positions de soutien à la souveraineté du Maroc sur ses provinces sud. Ces éléments contribuent à faire de la position espagnole une réalité diplomatique solide visant à établir un partenariat stratégique transcendant les idéologies et servant les intérêts supérieurs de l’Espagne.

De ce fait, le passage d’une phase de soutien diplomatique et politique à des déclarations d’intention à une mise en œuvre de positions par des politiques économiques et d’investissement direct est devenu une nécessité stratégique. Une diplomatie efficace requiert la traduction de la clarté politique en gains concrets. Ainsi, le travail sur la programmation d’une feuille de route claire pour l’ouverture d’un consulat espagnol à Laâyoune ou à Dakhla ne sera pas un acte de présentation ou symbolique, mais un ancrage de la décision espagnole à travers l’investissement économique, enracinant le soutien politique dans la réalité de développement des provinces du Sud. Ce mouvement garantira à Madrid une position avancée comme porte principale des projets européens vers l’Afrique et transforme le soutien politique en un pilier économique et opérationnel renforçant la sécurité humaine et le bien-être commun.

Les résultats de la Commission mixte supérieure et du dernier forum économique confirment que les relations entre le Royaume du Maroc et le Royaume d’Espagne forment des liens culturels profondément enracinés et interconnectés dans le tissu historique méditerranéen. Cette alliance stratégique représente aujourd’hui un socle fondamental pour l’intégration bilatérale globale, dépassant les limites de la proximité pour établir la sécurité et le développement communs. L’engagement envers le calendrier déterminé pour la tenue de la Commission supérieure envié un message clair et indubitable : la solidité de ces relations et leur force interconnectée, protégées contre les fluctuations politiques. Cette régularité temporelle ancre le partenariat comme un choix stratégique pour l’État des deux pays.

Dans le même ordre d’idées, la diplomatie marocaine, à travers son engagement complet envers la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et la diplomatie espagnole, par son pragmatisme, ont fait preuve d’une grande sagesse dans l’établissement du parcours Rabat-Madrid comme une priorité absolue. Elles ont réussi à le dissocier efficacement de tous les autres parcours politiques régionaux, en particulier du parcours Madrid-Alger avec ses complexités et ses demandes irréalistes et impossibles. Cette position garantit que le partenariat bilatéral avec le Maroc agit aujourd’hui comme un moteur indépendant du développement mutuel, reposant sur des intérêts supérieurs communs et faisant de l’axe Rabat-Madrid un modèle dynamique pour la stabilité de la région et un centre de efforts d’intégration euro-africaine.

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