Rachid Taleb et Ridouane Semlali : la compétition des leaders des cliniques privées passe des salles d’opération à la présidence de la fédération.

Le choix de Rachid Taleb en tant que président de la Fédération marocaine des entreprises de services de santé, et de Redouane Semlali comme vice-président, lors de la première assemblée générale élective de la fédération à Casablanca, peut sembler être une démarche organisationnelle normale reflétant la maturité de la représentation du secteur de la santé privée. Cependant, cet événement revêt, en réalité, des implications qui vont au-delà du cadre institutionnel et invitent à une lecture plus large de la nature de la concurrence au sein du secteur des cliniques privées au Maroc.
Le président et son adjoint ne sont pas seulement des acteurs professionnels de premier plan, mais ils incarnent également des modèles concurrents dans un marché caractérisé par une forte dynamique et des investissements conséquents, où la lutte pour la position s’est intensifiée ces dernières années, particulièrement en ce qui concerne l’intégration de technologies médicales avancées.
La dernière manifestation de cette concurrence ressemble à une « course à la tête » pour l’introduction de robots chirurgicaux, devenus un symbole de supériorité technologique et un atout marketing puissant dans le domaine des services de santé privés.
Cette concurrence, qui était jusqu’à récemment gérée via l’investissement, l’expansion et l’innovation des offres de soins, a évolué vers un niveau supérieur, se traduisant par la direction de l’organe représentatif qui regroupe les entreprises de services de santé. Cela soulève des questions sur la capacité de la fédération à concilier la logique de la concurrence commerciale avec les exigences du travail collectif et de la défense des intérêts communs du secteur.
De leur côté, certains observateurs estiment que regrouper deux pôles concurrents sous une seule direction pourrait être une opportunité d’établir des équilibres internes et de transformer la concurrence, qui était perçue comme un combat pour les positions, en une compétition positive qui favoriserait le développement du système de santé, surtout dans un contexte national marqué par l’accélération des chantiers de généralisation de la protection sociale et par une demande croissante de services de santé de qualité.
Le défi réel pour la nouvelle direction de la fédération sera de prouver que la présidence de cet organe n’est pas une prolongation d’une lutte pour l’influence dans le marché des cliniques, mais plutôt un espace de coordination, de plaidoyer institutionnel et de construction d’une vision partagée capable de répondre aux attentes des citoyens et d’assurer la pérennité d’un secteur qui constitue l’un des piliers de la réforme sanitaire au Maroc.
Réussiront-ils, ces anciens concurrents, à transformer leur rivalité d’hier en complémentarité aujourd’hui ? Ou la fédération se retrouvera-t-elle, elle aussi, en tant que champ de bataille non déclaré pour les intérêts dans un secteur qui ne reconnaît que la logique de la primauté ?




