Art & Culture

« Un Ciel Sans Terre remporte l’Étoile d’Or : le Festival International du Film de Marrakech clôt une édition exceptionnelle avec audace et hommages mondiaux »

Clôture de la 22ème édition du Festival International du Film de Marrakech

Ce samedi soir, la 22ème édition du Festival International du Film de Marrakech, organisée sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a pris fin avec la remise de la Palme d’Or au film « Ciel sans terre » de la réalisatrice Areej Sahiri.

Le Palais des Congrès de Marrakech a accueilli une cérémonie de remise des prix empreinte de ferveur et d’émotions fortes, en présence d’un large public, après neuf jours riches en projections, rencontres et découvertes.

Selon un communiqué des organisateurs, en récompensant « Ciel sans terre », le jury a salué une œuvre cinématographique audacieuse qui aborde le monde sous un angle différent, ancrée dans une rare puissance poétique et une vision artistique profondément engagée. Par cette distinction, le jury célèbre une expérience cinématographique qui invite à repenser notre relation aux autres et à nous-mêmes.

Cette édition a révélé des œuvres audacieuses, créées par des cinéastes réfléchissant aux complexités du monde avec un nouveau regard. Le jury a décerné son prix à égalité aux films « Papa et Kadhafi » de Jihan K et « Mémoire » de Vladina Sandu : deux films marqués d’une empreinte personnelle profonde, où l’intime croise de grands moments de l’histoire. Le prix de la meilleure réalisation a été attribué à Oscar Hudson pour son film « Cercle droit », qui a laissé une impression mémorable grâce à sa rigueur formelle et son inventivité artistique.

En ce qui concerne les prix d’interprétation, Deborah Loubani a été récompensée pour sa performance dans « Ciel sans terre » d’Areej Sahiri, tandis que Soubi Derisso a remporté le prix du meilleur acteur pour son rôle dans « L’ombre de mon père » d’Akinola Davis Junior. Le jury a également salué les performances remarquables d’Eliott et Luke Titensor dans « Cercle droit » d’Oscar Hudson, leur décernant une mention spéciale. Ces choix soulignent la force de la compétition officielle et témoignent d’un cinéma audacieux, imprévisible, capable d’émouvoir, porté par des visions uniques et des performances puissantes.

Le jury, présidé par Bong Joon-ho, était composé de créateurs représentant la diversité du festival et l’ouverture à toutes les expériences cinématographiques internationales. Au côté du réalisateur sud-coréen, on retrouvait le réalisateur brésilien Karim Ainouz, le réalisateur marocain Hakim Belabbas, la réalisatrice française Julia Ducournau, l’acteur et réalisateur iranien Peyman Maadi, l’actrice américaine Gina Ortega, la réalisatrice coréenne canadienne Celine Song, et l’actrice britano-argentine Anya Taylor-Joy. Ce jury a offert un regard riche et engagé sur les films en compétition.

La 22ème édition a également été l’occasion d’honorer des figures emblématiques du septième art. Jodie Foster, qui a reçu la Palme d’Or pour son parcours artistique exceptionnel, a prononcé un discours émouvant sur sa relation avec le cinéma : « Je suis toujours guidée par le même amour : raconter des histoires, incarner des personnages, discuter de nos relations et de nos faiblesses, et explorer notre humanité. Le cinéma nous permet de rêver ensemble pendant quelques heures, de vivre ensemble, d’appartenir à une communauté humaine profonde. C’est le seul espace où nous nous tenons la main, côte à côte, dans l’obscurité. » Elle a également salué le Maroc en déclarant : « Cette enthousiasme et cette chaleur spirituelle, c’est le Maroc : un pays qui enchante tous les sens. Quelle chance de le découvrir avec vous. »

L’acteur égyptien Hussein Fahmy a également marqué le public en évoquant son lien étroit avec la ville rouge : « Je suis heureux d’assister à la première édition du festival. Cet honneur me remplit de joie et d’humilité, et je suis ravi de revenir à Marrakech, la ville magique, où j’ai tourné au début des années 70 l’un de mes premiers films, « Mon sang, mes larmes et mon sourire ». C’est un souvenir précieux ! »

Le moment de rendre hommage à Rawia, grande dame du cinéma marocain, a été particulièrement touchant pour le public, rassemblant de nombreux artistes venus célébrer sa carrière exceptionnelle. Rawia a déclaré, avec émotion : « Il y a neuf ans, j’étais ici sur cette scène en tant que membre du jury. Je reviens cette année pour être honorée grâce aux réalisateurs qui ont eu confiance en ma modeste personne pour donner vie à leurs imaginaires sur les écrans, grand et petit, pour le plaisir de notre public marocain et mondial. C’est une grande reconnaissance pour mon parcours artistique modeste, plein de passion. Je dédie cet honneur au public marocain et aux Marocains du monde. »

Cette édition a également vu l’hommage rendu au réalisateur Guillermo del Toro, l’un des invités habituels du festival, qui entretient une relation créative et affective forte avec Marrakech. « C’est un grand honneur d’être salué parmi mes amis dans l’un des plus grands festivals de cinéma au monde. Marrakech est le cinéma et continuera d’être un refuge et un abri pour les cinéastes de toutes les générations, une fenêtre sur le cinéma mondial », a déclaré del Toro en recevant sa Palme d’Or.

En plus des projections de films, le public du festival a eu l’occasion d’assister à des « dialogues », l’une des activités phares du festival. Ces rencontres ont réuni des personnalités de premier plan qui ont partagé avec le public présent leurs parcours professionnels et leurs idées sur le cinéma, explorant la créativité sous toutes ses formes. Des figures de proue du cinéma mondial comme Bong Joon-ho, Guillermo del Toro, Jodie Foster, Bill Kramer, directeur général de l’Académie des arts et sciences du cinéma, Jafar Panahi, Tahar Rahim et Yousra ont pris part à ces échanges, dans un esprit de partage et d’amour de la connaissance qui caractérise le festival de Marrakech.

Le public a répondu avec enthousiasme, avec plus de 47 000 spectateurs ayant assisté aux projections, dont 7 000 enfants et adolescents qui ont suivi le programme dédié au jeune public et aux familles, renforçant l’importance de transmettre créativité et savoirs, qui sont indissociables de l’identité du festival.

Les Ateliers de l’Atlas ont une nouvelle fois prouvé leur rôle clé dans le soutien à la cinématographie de tout le continent. Avec la participation de 350 professionnels rassemblés autour de 28 projets, cet espace de mentorat et d’encadrement a assisté à l’émergence de travaux prometteurs qui feront leur chemin vers les écrans mondiaux dans un avenir proche.

Sous la présidence effective de Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid, le volet social du festival a également pris forme concrète. Une nouvelle campagne de lutte contre la cécité a été lancée du 1er au 5 décembre à Tahnaout, bénéficiant aux habitants du Haut Atlas, avec 3000 examens médicaux et 400 opérations de cataracte réalisées – un geste de solidarité qui s’inscrit dans l’engagement continu du festival.

Ainsi, cette édition, marquée par la découverte, la participation et l’audace, s’achève. Marrakech a vu se dessiner des parcours uniques et des dialogues inédits, tandis que des créations cinématographiques ont trouvé un large écho auprès d’un public engagé. En révélant de nouveaux talents et en honorant des réalisateurs chevronnés, le Festival International du Film de Marrakech continue d’incarner son identité : un espace où le cinéma circule librement et rapproche ceux qui le créent de ceux qui en profitent.

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