International

Une crise politique menace la France après le vote de défiance contre le gouvernement de François Bayrou.

Les députés français ont retiré lundi leur confiance au gouvernement de François Bayrou, qui présentera sa démission au président Emmanuel Macron après moins de neuf mois à son poste, ce qui menace d’entraîner à nouveau le pays dans une grave crise politique.

Un total de 364 députés ont voté en faveur du retrait de confiance, tandis que seulement 194 ont exprimé leur soutien à Bayrou, qui a déclaré que son gouvernement était responsable d’un projet de budget pour l’année 2026 prévoyant des coupes de 44 milliards d’euros.

Peu après, la présidence française a annoncé que Macron « rencontrera le Premier ministre François Bayrou demain (mardi) pour accepter la démission de son gouvernement. Le président nommera un nouveau Premier ministre dans les jours suivants. »

Cela signifie que Macron a perdu son deuxième Premier ministre nommé depuis sa décision surprise en 2024 de dissoudre l’Assemblée nationale, suite à la domination de l’extrême droite lors des élections européennes, ce qui a plongé le pays dans une importante crise politique et financière, sans lui conférer de majorité dans la nouvelle Assemblée.

Avant le vote, Bayrou a déclaré devant l’Assemblée nationale : « C’est un véritable test en tant que chef de gouvernement… et je l’ai choisi », soulignant que « l’avenir du pays est en jeu » en raison de « ses dettes excessives » (114 % du produit intérieur brut).

Il a poursuivi : « Notre pays fonctionne et pense qu’il devient plus riche, mais en réalité, il s’appauvrit chaque année. C’est une hémorragie silencieuse et latente, invisible et insupportable. »

Bayrou a averti : « Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, mais vous n’avez pas le pouvoir d’effacer la réalité », comparant « l’angoisse sous le poids de la dette… à se soumettre à une puissance militaire » et à la privation de liberté.

– Consultations et « lignes rouges » –

Le Rassemblement national (extrême droite) pousse pour la tenue d’élections législatives anticipées.

La leader du parti, Marine Le Pen, a estimé lundi que la dissolution du parlement et la convocation à des élections législatives anticipées « ne sont pas une option mais une obligation » pour Macron.

Le président, dont le mandat expire en 2027, écarte pour l’instant la possibilité de dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale.

Un sondage publié dimanche a révélé que le parti de Le Pen, avec ses alliés, dominerait le premier tour des élections s’il avait lieu, avec 33 % des voix, devançant largement la gauche et le camp présidentiel.

Les consultations ont déjà commencé, avec le Parti socialiste se positionnant au centre du jeu, affichant sa « disponibilité » à prendre les rênes du pouvoir mais dans le cadre d’un gouvernement de gauche sans les « macronistes ».

Macron se retrouve donc coincé entre une extrême droite qui renforce son influence au fil des ans et des élections, et une gauche radicale (représentée par la France insoumise) qui devient toujours plus dure et opposée à lui, ce qui le pousse à chercher à élargir sa base centrale et à trouver une personnalité de droite ou du centre qui pourrait être acceptée par les socialistes.

Un proche du président a déclaré : « Il est nécessaire d’assurer la stabilité. Ce qui est le plus stable, c’est la base commune qui dialogue avec les socialistes. »

Cependant, la tâche semble difficile face à l’attachement des partis à leurs positions.

Matthieu Galard de l’institut Ipsos a déclaré à l’AFP que « le problème actuel en France est que chaque (parti) a ses lignes rouges, et ces lignes rendent complètement impossible la formation d’une coalition. Il n’y a pas de coalition qui dispose d’une majorité, ni de coalition pouvant tenir durablement. »

Parmi les noms évoqués pour le poste de Premier ministre figurent le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, et le ministre de l’Économie, Éric Lombard.

– Mouvements sociaux –

Le défi devant Macron se renforce alors que la défiance à son égard grandit et que sa popularité atteint ses niveaux les plus bas depuis son arrivée au pouvoir en 2017, 77 % des Français exprimant leur mécontentement face à sa gestion du pays.

En plus de la crise budgétaire et de l’impasse politique, la France se prépare à une période de troubles sociaux, qui commencera par une journée d’épreuve mercredi.

Le mouvement « Civique », apparu durant l’été sur les réseaux sociaux sous le slogan « Ruinons tout », soutenu par certains syndicats et la gauche radicale, appelle à paralyser le pays mercredi, bien que le niveau de mobilisation reste incertain jusqu’à présent.

Les syndicats ont également appelé à une journée de grève et de manifestations le 18 septembre pour dénoncer la politique du gouvernement et le projet de budget présenté par Bayrou, bien qu’il soit probable que son gouvernement soit tombé d’ici là.

L’agence Fitch annoncera vendredi sa notation de la dette française, avec un risque de dégradation dans les conditions actuelles.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page