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Veto américain au Conseil de sécurité des Nations Unies contre une résolution sur Gaza

Les États-Unis ont de nouveau bloqué jeudi l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’un texte appelant à un cessez-le-feu à Gaza et à l’accès de l’aide humanitaire au territoire assiégé et dévasté, suscitant l’indignation des États membres qui tentent d’agir face à une guerre qui dure depuis 23 mois.

Le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Asim Iftikhar Ahmad, a qualifié cette situation de « moment sombre » pour le Conseil, ajoutant que « le monde regarde ».

« Les pleurs des enfants auraient dû nous briser le cœur, l’angoisse des mères aurait dû ébranler nos consciences », a-t-il promis de « continuer à œuvrer ».

Le représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, le ministre Amara Benjamâ, s’est adressé aux habitants de Gaza en disant : « Pardonnez-nous, car ce Conseil n’a pas pu sauver vos enfants ».

Il a ajouté : « Le monde parle de droits, en appelle à ceux-ci mais vous, Palestiniens et Palestiniennes, en êtes privés ».

La majorité des membres du Conseil exprime de plus en plus son mécontentement face à l’incapacité de l’organe à faire pression sur Israël pour mettre fin aux souffrances des habitants de Gaza.

La première version du texte appelait à la levée de toutes les entraves à l’entrée de l’aide humanitaire.

Cependant, des sources diplomatiques ont indiqué que la France et le Royaume-Uni avaient exprimé des doutes quant à l’opportunité d’une décision purement humanitaire émanant d’un organe conçu pour maintenir la paix et la sécurité mondiales, à quoi les États-Unis peuvent de toute façon s’opposer.

Quatorze des quinze membres du Conseil ont soutenu le texte, tandis que les États-Unis, membre permanent, ont usé de leur droit de veto.

Le texte recommandait de lever les restrictions imposées à l’entrée de l’aide humanitaire et d’instaurer un « cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et durable à Gaza », ainsi que la libération immédiate et inconditionnelle des otages.

Parmi les 251 personnes kidnappées lors d’une attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, 47 sont toujours retenues à Gaza, dont 25 sont décédées, selon l’armée israélienne.

Les États-Unis avaient déjà rejeté des projets de résolutions similaires soumis au vote du Conseil de sécurité, le dernier étant en juin lorsque le pays a utilisé son veto pour protéger son allié israélien.

Avant le vote, l’émissaire américain, Morgan Ortagus, a déclaré : « Les États-Unis rejettent cette résolution inacceptable… Les États-Unis continuent de travailler avec leurs partenaires pour mettre fin à ce conflit horrible », en insistant sur le fait que le Hamas devait libérer les otages « et se rendre immédiatement ».

– Colère et frustration –

L’usage du veto par les États-Unis a soulevé des questions sur la pertinence de tenter à nouveau.

Avant le vote, la diplomate danoise, Kristina Marcus Lassen, a précisé que l’objectif de cette nouvelle tentative était d’adresser un « message indiquant que le Conseil de sécurité ne tourne pas le dos aux civils qui meurent de faim, ni aux otages, ni à l’appel à un cessez-le-feu ».

Elle a poursuivi : « Il y a une génération que nous risquons de perdre, non seulement à cause de la guerre, mais aussi à cause de la faim et du désespoir… C’est la situation humanitaire catastrophique, c’est l’échec humain et humanitaire qui nous a forcés à agir aujourd’hui ».

Le précédent veto avait suscité la colère des autres membres du Conseil de sécurité, qui expriment de plus en plus leur frustration face à l’incapacité de faire pression sur Israël pour mettre fin à la détresse des habitants de la bande de Gaza.

De son côté, l’ambassadeur israélien auprès de l’ONU, Danny Danon, a déclaré jeudi : « Les résolutions contre Israël ne libéreront pas les otages et ne garantiront pas la sécurité dans la région ».

Il a ajouté : « Israël continuera à combattre le Hamas et à protéger ses citoyens, même si le Conseil de sécurité préfère détourner les yeux face au terrorisme ».

Israël fait actuellement face à des pressions internationales pour mettre fin à la guerre qui a éclaté après l’attaque du Hamas sur son territoire le 7 octobre 2023.

Ce raid a fait 1219 morts côté israélien, dont la majorité sont des civils, selon un bilan de l’Agence France-Presse basé sur des données officielles israéliennes.

Plus de 65 000 Palestiniens, dont la plupart sont des civils, ont été tués dans la bande de Gaza suite à la violente campagne militaire lancée par l’armée israélienne après l’attaque, d’après des chiffres du ministère de la Santé du Hamas, que l’ONU considère fiables.

De plus, la grande majorité des habitants de la bande, qui compte plus de deux millions de personnes, se trouve sous le siège israélien depuis le début de la guerre.

Peu d’aide humanitaire a pu parvenir à la région, et le blocus, qui avait été renforcé par Israël début mars 2025, a été assoupli de manière relativement limitée depuis la fin mai.

Des experts partenaires de l’ONU ont confirmé en août qu’une famine touchait une partie de la bande, mais Israël dément cela et accuse le Hamas de piller l’aide.

Par ailleurs, un comité de l’ONU a accusé Israël de « génocide » à Gaza, dans un rapport que l’État hébreu a qualifié de « biaisé et trompeur ».

En 2024, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

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