Yémen : État d’urgence déclaré et soutien saoudien face aux revendications d’un retrait émirati.

Les autorités yéménites ont annoncé mardi l’état d’urgence et ont exigé le retrait des Émirats de leur territoire, après plusieurs semaines de contrôle des séparatistes soutenus par Abu Dhabi sur de vastes étendues des gouvernorats de Hadramout et de Mahra.
La Arabie Saoudite s’est rapidement rangée du côté des autorités yéménites, qualifiant les actions des Émirats au Yémen de « très préoccupantes », et ce, après avoir mené des frappes contre les forces séparatistes soutenues par Abu Dhabi.
Le président du Conseil de direction yéménite, Rashad al-Alimi, a déclaré dans un communiqué avoir décidé d’« annuler l’accord de défense commune avec les Émirats Arabes Unis », tout en prononçant un décret distinct annonçant l’état d’urgence « pour une durée de 90 jours renouvelable » et en imposant « un interdit aérien, maritime et terrestre sur tous les ports et points d’entrée pendant 72 heures ».
Le Conseil de direction, qui représente les autorités yéménites reconnues internationalement, a également donné un ultimatum de 24 heures pour le retrait des « forces émiraties et de leurs membres » des territoires yéménites.
Cela intervient après que le Conseil de transition sudiste, soutenu par les Émirats, a pris le contrôle de vastes terrains dans les gouvernorats de Hadramout et de Mahra, adjacents à l’Arabie Saoudite et à Oman, lors d’une offensive éclair au début de ce mois.
Mardi, l’Arabie Saoudite a rapidement apporté son soutien aux autorités yéménites, exigeant des Émirats qu’ils répondent à sa demande de « retirer leurs troupes militaires de la République du Yémen dans les vingt-quatre heures, et de cesser tout soutien militaire ou financier à quiconque à l’intérieur du Yémen ».
Le communiqué exprimait son regret concernant le « soutien » des Émirats au Conseil de transition sudiste au Yémen, « incitant ce dernier à mener des opérations militaires aux frontières sud du Royaume, ce qui représente une menace pour la sécurité nationale » saoudienne.
Les Émirats ont participé avec leurs forces aux côtés de l’Arabie Saoudite dans la coalition soutenant le gouvernement reconnu au Yémen, tout en soutenant le Conseil de transition qui prône la séparation du sud, et qui est également représenté au sein du gouvernement.
L’Arabie Saoudite a décrit le soutien des Émirats aux séparatistes au Yémen comme une menace pour sa sécurité nationale.
Le communiqué a ajouté que « les actions entreprises par les Émirats… sont d’une gravité extrême et ne correspondent pas aux fondements sur lesquels repose la coalition de soutien à la légitimité au Yémen ».
Cela a été annoncé quelques heures après que la coalition menée par l’Arabie Saoudite au Yémen ait annoncé avoir mené une « opération militaire limitée » ciblant des « armes et véhicules de combat » venant des Émirats au port de Mukalla, récemment contrôlé par le Conseil de transition sudiste séparatiste.
L’agence de presse saoudienne (SPA) a diffusé un communiqué du porte-parole des forces de la coalition, le général Turki al-Maliki, indiquant que « sur la base de la demande du président du Conseil de direction présidentiel yéménite à la coalition de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramout et de Mahra… les forces de la coalition aérienne ont mené ce matin une opération militaire limitée ciblant des armes et des véhicules de combat déchargés de deux navires au port de Mukalla ».
Al-Maliki a précisé que les deux navires étaient « en provenance du port de Fujairah (aux Émirats) vers le port de Mukalla sans avoir obtenu les autorisations officielles ».
L’agence saoudienne a rapporté sur son compte sur la plateforme X que, selon la coalition, « il n’y a eu aucune victime ni dommages collatéraux à la suite de l’opération au port de Mukalla ».
Un responsable du port yéménite a signalé avoir reçu un appel de mise en garde pour évacuer le port quelques minutes avant qu’il ne soit visé et en proie aux flammes.
Dans une conversation avec l’Agence France-Presse, le responsable, qui a souhaité rester anonyme car il n’est pas autorisé à parler aux médias, a déclaré : « À quatre heures du matin, nous avons reçu un appel pour évacuer le port de Mukalla quinze minutes avant la frappe ».
Il a ajouté : « La frappe a eu lieu (…) dans l’enceinte du port et pour l’instant, les flammes font rage. Nous n’avons pas pu faire entrer les camions de pompiers de peur des explosions ».
Les autorités ont fermé la route menant au port, selon un journaliste de l’AFP à Mukalla.
La chaîne indépendante Aden, liée aux séparatistes yéménites, a rapporté sur la plateforme X que « l’aviation saoudienne mène des frappes sur le port de Mukalla à Hadramout », accompagnant cela d’une photo de flammes apparemment au port.
Il semble que les séparatistes soutenus par les Émirats cherchent à ressusciter l’État du Sud-Yémen, qui a existé de 1967 jusqu’à sa réunification avec le Nord-Yémen en 1990.
La coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite est intervenue en 2015 en soutien au gouvernement yéménite contre les rebelles houthis soutenus par l’Iran, après plusieurs mois de leur prise de la capitale Sanaa, ce qui avait stoppé leur avancée pour contrôler Aden dans le sud du Yémen, ainsi que Marib et Taëz.
Jusqu’à présent, l’Arabie Saoudite et les Émirats ont tenté de se présenter comme unis, bien que chacun soutienne un camp différent. Ce mois-ci, elles ont envoyé une délégation conjointe au Conseil de transition pour lui demander de retirer ses forces de Hadramout et de Mahra.




