L’essor de la profession de garde du corps pour les célébrités et les richissimes en France

La profession de protection personnelle des célébrités et des riches lors de leur visite à Paris a connu une forte croissance depuis un vol en 2022, lorsqu’un homme sur un scooter a brisé la vitre arrière d’une voiture de luxe louée avec son chauffeur et dérobé trois millions d’euros à une passagère, une femme d’affaires brésilienne participant à la Fashion Week.

Yassine Tarab, qui dirige une organisation formant des agents de sécurité privés, déclare que « l’accompagnement des riches étrangers lors de leurs courses est une mission essentielle ».

Cependant, le champ des risques liés à la protection est devenu plus vaste, englobant la violence, vol de maisons et le ciblage de personnalités de la mode.

Le Conseil national des activités de sécurité privée a constaté que le nombre d’accompagnateurs de personnalités a augmenté, atteignant environ 13 000, parmi les 270 000 personnes travaillant dans le secteur de la sécurité privée et de la surveillance en 2019, selon les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques en France.

Les personnalités qui font appel à des agents de sécurité varient, allant d’un PDG d’une entreprise cotée en bourse à une star du K-pop coréen, lorsqu’ils se trouvent dans la capitale française.

Tarab, dont l’organisation « Sécurité » a formé en 2024 quatre fois plus d’agents de protection personnelle qu’à l’accoutumée, constate un intérêt croissant pour cette profession.

À son avis, cette prospérité s’explique principalement par le fait que les salaires des « accompagnateurs personnels », qui s’élèvent à une moyenne de 18 euros de l’heure, sont beaucoup plus élevés que ceux des agents de sécurité, qui touchent moins de 10 euros de l’heure. De plus, il y a une certaine prestige associé à ce métier, car des demandes pour des « bodyguards » proviennent par exemple de participants au Festival de Cannes ou de touristes du Golfe et russes nécessitant une protection lors de leur shopping durant leurs vacances d’été sur la Côte d’Azur.

En 2023, le Conseil national des activités de sécurité privée a délivré 2 891 cartes professionnelles de « protection physique des personnes », soit environ 700 de plus que l’année précédente.

La communication se fait par le biais de groupes de discussion informels, car c’est un « petit monde où tout le monde se connaît », expliquent plusieurs acteurs concernés.

Ils ajoutent : « Nous ne traitons jamais directement avec les personnalités à protéger. » Souvent, la communication passe par le manager, le secrétaire ou un membre de l’équipe de sécurité de la personnalité, soit pour assurer la sécurité de leur client, soit pour finaliser les arrangements de protection prévus lors de ses déplacements en France.

Les étrangers considérés comme des personnalités éminentes, en particulier les Américains, voyagent souvent avec leur propre accompagnateur, selon Alexandre, un ancien policier ayant migré vers le secteur privé et souhaitant garder l’anonymat.

Il estime que la raison provient de l’absence d’une « culture de la sécurité anglo-saxonne » en France, en plus d’un cadre légal restrictif.

Le « bodyguard » américain « arrive une semaine » avant la personnalité qu’il protège, tandis que son homologue français, choisi parmi une entreprise reconnue, agit comme un élément de « reconnaissance ».

Alexandre explique : « Nous les informons sur les points de sécurité, les lieux et quartiers où la criminalité est active ou les routes à éviter, notamment celles qui s’étendent sur plus de 1300 mètres après le tunnel de la Plaine à Saint-Denis. »

Stéphane, qui a passé 26 ans dans la gendarmerie, dont 18 ans au sein des forces de protection privées, remarque que les personnalités renforcent leurs mesures de sécurité après le vol dont a été victime la star américaine Kim Kardashian dans un hôtel de luxe à Paris en 2016.

La justice française commencera à examiner cette affaire à partir du 28 avril à Paris.

Il souligne que parmi les mesures renforcées figure une plus grande confidentialité, en limitant la connaissance des itinéraires de la personnalité à un cercle restreint de personnes, ainsi que l’utilisation de techniques de « surveillance anti ».

Henri Petry, président de l’Union française des agents de sécurité armés, ancien gendarme et garde du corps de l’ancien président François Mitterrand, précise que les réseaux sociaux, qui constituent « une source importante d’informations », compliquent la mission de sécurité, car « parfois, les agents de sécurité se prennent en photo avec les célébrités qu’ils protègent, facilitant ainsi la tâche de tout criminel qui pourrait vouloir connaître leur emplacement. »

Stéphane fait partie des 326 accompagnateurs justifiant actuellement d’un droit de porter des armes de catégorie « B » (pistolets) et « D » (matraques et gaz lacrymogènes), selon les statistiques du Conseil national des activités de sécurité privée.

Les accompagnateurs prennent également une autre précaution, à savoir informer la police. Stéphane explique : « Nous nous rapprochons du commissariat local pour les informer qu’une personnalité importante sera présente dans la zone et qu’il serait donc préférable d’accorder une attention particulière à cette région. »

Cependant, une source policière confirme qu’« aucune mesure spécifique n’est prise » et que des entreprises privées s’occupent, par exemple, de la sécurité des domiciles des joueurs du Paris Saint-Germain, souvent avec des agents présents « en permanence ».

Alors que la police, selon cette source, n’a pas la capacité d’effectuer des opérations de surveillance, les agents de protection se plaignent de l’absence de liberté d’action, notamment pour arrêter des individus.

Alexandre ajoute : « Il est demandé à l’accompagnateur de gérer une situation criminelle pour laquelle il n’a pas été formé, sauf s’il a été ancien policier ou gendarme », ce qui représente un danger pour eux.

Il conclut en disant : « Nous sommes des boucliers, c’est un métier dangereux. »