L’Aïta sous une forme orchestrale… Un nouvel projet artistique signé Nasim Haddad

Le artiste et chercheur marocain Nassim Haddad célébrera, le samedi 5 juillet, le plus grand concert de aitā dans l’histoire du Maroc, sur la grande scène du Morocco Mall à Casablanca. Cet événement s’inscrit dans le cadre de son projet « Aytā World Tour », qui vise à revisiter le patrimoine marocain avec une vision contemporaine et ouverte sur le monde.
Ce concert, qui devrait attirer un large public de différentes catégories sociales, se distingue par l’accompagnement d’un vaste orchestre musical et une signature visuelle et sonore sans précédent. Cela traduit la vision artistique que Haddad porte dans son approche de l’art de l’aitā, non seulement comme un chant populaire, mais comme une structure culturelle et sonore vivante qui réinvente la relation entre les Marocains et leur patrimoine collectif.
Cette performance couronne un parcours artistique et intellectuel unique, qui a débuté avec les interactions de Nassim Haddad avec la musique ghiyawiya dans ses débuts, en passant par son immersion dans le patrimoine gnaoua et le malhoun, jusqu’à l’aitā, qui a constitué pour lui un tournant essentiel. Il a commencé à travailler sur ce genre de l’intérieur, non seulement en tant qu’interprète, mais également en tant que créateur de son nouveau sens esthétique et social.
Il n’est donc pas surprenant que l’artiste Omar Sayed, l’un des fondateurs du groupe « Nas El Ghiwan », l’ait décrit, dans l’une de ses précédentes déclarations, comme « le porteur de la flamme ghiyawiya », soulignant sa conscience artistique et sa sincérité dans l’exploration du patrimoine sans tomber dans la répétition ou le réchauffé.
Ce qui caractérise Haddad, en plus de sa capacité technique à interpréter, c’est sa transition fluide entre les différentes couleurs sonores marocaines — du ghiyaw à la musique gnaoua, en passant par l’amazigh et le malhoun — sans jamais perdre la cohérence de son projet, dont l’aitā reste le centre de gravité esthétique et culturel. Par exemple, il a interprété une chanson amazighe avec une prononciation correcte et une profonde sensibilité intérieure, le rapprochant davantage de l’original que de l’interprète.
Cette vision globale du son marocain n’est pas dissociable de son arrière-plan scientifique unique. Nassim Haddad est titulaire d’un doctorat en physique nucléaire et a précédemment travaillé sur le projet ATLAS au CERN, le centre de recherche nucléaire mondial, avec plus de 600 articles scientifiques publiés. Cependant, sa passion pour le patrimoine l’a conduit à quitter le laboratoire afin de façonner un projet artistique qui transforme la mémoire en un espace d’innovation, et non de répétition.
Son succès ne s’est pas limité à l’élite, mais a touché un large public, notamment après qu’une de ses dernières chansons a figuré parmi les tendances dans plusieurs pays arabes, du Golfe au Levant, dans sa langue d’origine, sans aucun ajustement. Cela constitue un événement rare pour un art qui appartient à une mémoire locale et orale.
Avec ce concert, Nassim Haddad poursuit ce qu’il a commencé : un projet artistique et culturel, qui redonne à l’art de l’aitā sa centralité et offre à la voix marocaine sa place naturelle en tant qu’outil d’expression, d’appartenance et de réconciliation collective.