Régions

Le responsable local : la logique de la gestion territoriale ne convient pas à la direction d’une agence nationale à vocation stratégique.

La marche des agriculteurs de cannabis à Ghafsaï n’est qu’un arbre cachant une forêt de colère grandissante dans les zones de culture de cannabis au Maroc.

Cette marche, organisée en protestation contre ce que les agriculteurs qualifient de « trahison institutionnelle », préfigure une catastrophe sociale et économique imminente, si des milliers d’agriculteurs des régions de Kettama, Beni Khaled, Taza et Al Hoceïma décident de descendre dans la rue pour défendre leurs droits bafoués. Le rêve de régulation s’est transformé en un cauchemar quotidien à cause d’une mauvaise mise en œuvre et d’un manque de transparence.

Ces agriculteurs, qui ont respecté la législation et ont remis leurs récoltes conformément aux procédures établies, se trouvent piégés entre la bureaucratie de l’Agence de régulation des activités liées au cannabis, qui fonctionne selon une logique autoritaire, et des entreprises autorisées qui ont échoué ou retardé le paiement de leurs dues.

La colère pourrait s’intensifier, et la tension sociale a atteint des niveaux inquiétants, alors que l’agence, dirigée par Mohamed El Khorj, continue d’ignorer les appels des agriculteurs, des investisseurs et des chercheurs scientifiques.

Cette situation impose au gouvernement et au Parlement un courageux examen de la situation, accompagnée d’un questionnement sur la transformation d’un projet royal ambitieux en un dossier enlisée, géré dans une mentalité autoritaire qui écarte les compétences scientifiques et entrave les partenariats d’investissement, au lieu d’ouvrir la voie à un développement durable et à une justice territoriale.

La question se pose : l’État interviendra-t-il pour rectifier le tir, ou devrons-nous attendre une explosion sociale plus large venant du cœur du Rif ?

Exclusion de la recherche scientifique et gel des investissements dans le domaine médical
Bien que la loi ouvre la voie à l’utilisation médicale, pharmaceutique et industrielle du cannabis, la réalité montre une opacité totale sur cet aspect vital, aucune véritable collaboration n’ayant été mise en place avec les universités ou les centres de recherche scientifique. De plus, des projets de recherche qui auraient pu placer le Maroc parmi les pays pionniers dans ce domaine prometteur ont été bloqués.

Des associations scientifiques prestigieuses, dont l’Association marocaine consultative pour l’utilisation du cannabis (AMCUC), ont à plusieurs reprises interpellé les autorités concernées pour faciliter la recherche médicale, sans obtenir d’écho.

Gestion bureaucratique avec l’esprit d’un « homme de pouvoir »
L’un des principaux problèmes structurels qui sont reprochés à l’agence concerne son mode de gestion. Mohamed El Khorj, doté d’une expérience dans l’administration territoriale, dirige l’agence avec une mentalité autoritaire, sans transparence ni esprit de partenariat.

De nombreux témoignages d’investisseurs locaux et étrangers confirment que cet homme a étouffé des projets innovants et a provoqué des conflits qui ont entravé l’investissement dans le domaine, réintroduisant une logique de tutelle au lieu de favoriser l’encouragement et l’ouverture.

Voix de la société civile : pas de réforme sans experts
Les associations œuvrant dans le domaine du cannabis, en particulier celles qui ont acquis une expérience dans les utilisations médicales et industrielles, ont publié à plusieurs reprises des rapports et des communiqués alertant sur la gravité de l’échec persistant dans l’application des dispositions légales.

Ces associations appellent à l’ouverture aux compétences scientifiques marocaines, qui ont une expérience nationale et internationale dans le domaine, plutôt que de laisser la gestion entre les mains de bureaucrates éloignés de l’esprit d’innovation et de la connaissance scientifique.

En guise de conclusion
La régulation du cannabis n’est pas un slogan politique ni une simple feuille de route légale. C’est un véritable projet national qui nécessite un effort collectif, l’écoute des agriculteurs, le soutien à la recherche scientifique et l’implication de véritables experts dans le domaine. Par ailleurs, le maintien de la situation actuelle menace de détruire un rêve attendu par des régions marginalisées depuis des décennies et d’enterrer un projet royal souhaité comme une porte d’entrée vers le développement, la dignité et la justice territoriale.

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