Sommet arabe-islamique à Doha pour discuter de la riposte à l’attaque israélienne.

Une sommet arabe-islamique exceptionnel se tiendra à Doha lundi, afin de discuter de la réponse à l’attaque israélienne sans précédent qui a ciblé la semaine dernière des responsables du Hamas dans cet État du Golfe qui, par le passé, s’est toujours tenu à l’écart des conflits directs dans la région et a joué un rôle de médiateur.
Cette réunion se déroule dans un contexte d’indignation internationale face à l’attaque israélienne, notamment de la part des riches pays du Golfe, alliés des États-Unis, le principal soutien de l’État hébreu, dans une tentative d’adopter une position collective.
Selon l’analyste associée à l’Initiative Moyen-Orient à la Harvard Kennedy School, Ilham Fakhro, interrogée par l’Agence France-Presse, ce sommet « représente essentiellement un mécanisme pour les États du Conseil de coopération du Golfe afin de montrer leur unité en un moment où Israël a ciblé directement la souveraineté d’un État membre, lors de la première attaque de ce genre dans l’histoire ».
Fakhro, qui a écrit un livre sur les « Accords d’Abraham » par lesquels des États arabes ont normalisé leurs relations avec Israël, a ajouté qu' »il est prévu que les pays du Golfe profitent de ce sommet pour appeler Washington à faire pression sur Israël, après que ses frappes sur le Qatar ont affaibli les efforts en vue d’un cessez-le-feu auquel Tel Aviv ne semblait pas vraiment engagé ».
Les ministres des Affaires étrangères des pays arabes et musulmans avaient tenu dimanche à Doha une réunion préparatoire à huis clos pour examiner un projet de déclaration, qui sera soumis aux dirigeants afin de parvenir à une décision unanime.
Ce sommet place le Qatar, qui a joué un rôle majeur ces deux dernières années dans la médiation entre Israël et le Hamas pour mettre fin à la guerre à Gaza, face à un test politique crucial quant à l’avenir de son rôle dans le dossier palestinien.
En effet, le pays a accueilli à plusieurs reprises des négociations indirectes entre les deux parties, qui n’ont pas abouti à une solution durable, hormis quelques trêves temporaires.
– « Sanctions contre Israël » –
Dans ce contexte, Karim Beitar, chercheur à l’Institut des sciences politiques de Paris, estime que « ce sommet représente un véritable test pour tous les États arabes et musulmans qui y participent. Il est temps de dépasser les déclarations habituelles, les condamnations verbales et les accusations traditionnelles ».
Il a ajouté à l’AFP que « les gens dans le monde arabe et dans le Sud global en général en ont assez des déclarations classiques de condamnation et de dénonciation ».
Beitar a poursuivi en disant « ce qu’ils attendent aujourd’hui, c’est que ces pays, malgré leurs divergences sur de nombreuses questions, envoient un message d’une importance capitale non seulement à Israël mais aussi aux États-Unis, à savoir qu’il est temps que la communauté internationale cesse d’accorder à Israël ce « chèque en blanc » et qu’elle reconsidère ce soutien aveugle et inconditionnel, et idéalement qu’elle commence à imposer des sanctions contre Israël ».
Les dirigeants de Doha devraient discuter d’options variées, alors que des observateurs craignent que la poursuite de l’escalade ne compromette toute perspective de reprise des négociations pour un cessez-le-feu à Gaza.
– « Double standards » –
Dimanche, le Premier ministre qatari a appelé la communauté internationale à cesser de « pratiquer des double standards », affirmant que « ce qui encourage Israël à poursuivre cette voie est le silence, voire l’incapacité de la communauté internationale à la tenir responsable ».
Beitar a souligné à cet égard qu' »il y a maintenant une prise de conscience que la menace est existentielle, touchant non seulement les peuples palestinien et libanais, mais presque tous les pays. Les États-Unis détiennent seuls le pouvoir d’inciter Israël à changer de comportement et à s’engager dans un ajustement de son comportement, mais ils ne le feront pas tant qu’ils ne sentiront pas que leurs anciens alliés du Golfe les pressent de le faire ».
Le Qatar abrite la plus grande base américaine de la région et joue un rôle de médiateur dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, aux côtés des États-Unis et de l’Égypte.
Pour le sommet prévu lundi, l’Iran a confirmé la participation de son président, Massoud Pezeshkian, et l’Irak celle de son Premier ministre, Mohammed Chia al-Soudani. La présidence turque a également indiqué que le président Recep Tayyip Erdoğan serait présent au sommet, tandis que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est arrivé à Doha dimanche soir.
À la veille de l’ouverture du sommet, des factions palestiniennes ont adressé un message aux participants, demandant des « positions fermes » et « d’utiliser tous les moyens de pression arabes, y compris l’activation de l’accord de défense commune, l’utilisation de l’arme pétrolière, et l’imposition de sanctions arabes complètes contre l’État occupant ».
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré à la chaîne qatarie Al Jazeera dimanche que « le plus grand problème maintenant est l’expansion d’Israël dans la région », ajoutant « après avoir défini le problème de cette manière, les États arabes et musulmans doivent se réunir pour trouver une solution à ce problème ».