Art & Culture

Festival Gnaoua et Musiques du Monde : Plus de 300 000 spectateurs conquis.

La vingt-sixième édition du Festival Gnaoua et des Musiques du Monde, qui s’est achevée samedi dernier à Essaouira, a attiré plus de 300 000 spectateurs.

Dans un communiqué des organisateurs, il a été mentionné que cette édition a été conclue avec une forte émotion mêlée de mélodies, de souvenirs et d’humanité, où plus de 300 000 fêtards se sont rassemblés pour cet événement musical grandiose.

Essaouira… Trois jours et trois nuits de célébration et de rythmes

Du 19 au 21 juin, Essaouira s’est à nouveau transformée en un vaste espace de fête, de dialogue et de solidarité, un lieu hors du temps entièrement consacré à la musique, aux rencontres et à la vie ensemble, entre les murs de la vieille ville et sur la plage, où « les percussions ont résonné avec le saxophone, les chants africains ont fusionné avec les rythmes cubains, et les voix gnaouies ont vibré au rythme des tambours sénégalais ».

Des scènes éclatantes et des artistes à leur apogée

Le concert d’ouverture, dirigé par les maîtres, a marqué un départ réussi et une annonce du programme riche en créativité musicale qui a eu lieu sur la grande scène de la place Moulay Hassan. Par la suite, les concerts se sont succédé selon une coordination musicale précise.

L’ouverture maroco-sénégalaise, qui a réuni Hamid El Kasri, le groupe Bakkala, Abir Al Abed et Kia Loum, a constitué une magnifique introduction à un programme riche en musique et en rencontres artistiques. Suivant cela, une fusion musicale variée a été présentée par Hossam Kaneya et Markus Gilmore, offrant une recette artistique mêlant jazz et gnaoua, tandis que Dhafer Youssef et le maître Mourad Merjane ont exploré une dimension soufie silencieuse et vibrante à la fois.

Le samedi soir, Simavink et Khaled Sassi ont rassemblé des foules enthousiastes, pendant qu’un concert de CKay a attiré une jeunesse avide de danse et de cultures multiples.

Au total, 350 artistes originaires de plus d’une douzaine de pays (Sénégal, États-Unis, Tunisie, Nigeria, France, Mali, Cuba, Syrie, Turquie, Irak, Côte d’Ivoire…) ont pris part à différentes scènes du festival, parmi lesquels 40 maîtres gnaouis, tant des pionniers que des talents émergents.

Un public fidèle et diversifié

Des étudiants, des familles, des jeunes ou des fidèles des premières éditions étaient tous au rendez-vous. Dans les files d’attente, les cafés et les ruelles de la vieille ville, des langues multiples et des rires se faisaient entendre. Comme toujours à Essaouira, la musique rassemblait les gens, transcendant nationalités, origines et générations.

Le public du Festival Gnaoua ne se contente pas de regarder, mais écoute, danse, questionne et interagit, contribuant ainsi à bâtir une mémoire vivante et à raviver une vitalité collective.

Un forum riche et lié à la réalité

Pour sa douzième édition, le Forum des droits de l’homme, organisé en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, a tenu toutes ses promesses. Sous le thème « Mouvements humains et dynamiques culturelles », des écrivains, chercheurs, cinéastes et artistes ont discuté des liens complexes entre immigration, créativité et appartenance.

Parmi les moments marquants figuraient les interventions de la poétesse franco-ivoirienne Véronique Tadjo, de l’historien spécialisé dans le colonialisme Pascal Blanchard, du réalisateur Faouzi Bensaïdi, de l’écrivain El Ghaz, et du réalisateur palestinien Elia Suleiman, dont le témoignage sincère a profondément touché l’auditoire.

Tous les participants ont convenu de la nécessité du mouvement humain, malgré les obstacles et les contraintes, pour des motivations diverses, notamment la recherche d’une vie digne, souvent douloureuse, mais fréquemment accompagnée de dynamiques culturelles riches et hybrides, portant des messages politiques et identitaires profonds. Dans le cadre de l’immigration, la créativité culturelle se présente comme un acte de résistance, d’intégration et d’affirmation identitaire.

Une chaire universitaire à l’écoute des maîtres

Dans le cadre de la chaire de l’Université Mohammed VI des Sciences Techniques sur les intersections culturelles et la mondialisation, deux tables rondes sans précédent ont permis un échange rare et précieux : un dialogue direct entre chercheurs, penseurs et maîtres gnaouis. Dans un échange profond et franc, la connaissance académique a croisé les savoirs corporels et les traditions orales.

Il s’agissait d’un dialogue humain fondé sur l’écoute, la curiosité mutuelle et le respect d’un riche héritage, constituant un moment particulier où la langue académique se mêlait aux mots de l’expérience et du savoir-faire, pour explorer la place du patrimoine vivant dans le monde d’aujourd’hui, non pas comme un simple archive, mais comme une force vitale ancrée dans le présent et tournée vers l’avenir.

Une ville vibrante

Toute l’Essaouira s’est transformée en une scène : concerts de cordes dans les coins ou à la Maison de la mémoire, sons kurdes à la Tour de Bab Marrakech, mélodies amazighes et guitares électriques… Sur la plage, les jeunes maîtres ont brillé devant un public admiratif, avec le concert de Fahd Benchemsi et le groupe The Lalas, un moment inoubliable rassemblant une foule immense sur la scène de la plage… Un spectacle exceptionnel mêlant rock, gnaoua et musique populaire, dans un moment festif et poétique qui a rassemblé toutes les générations.

Des ponts durables et un engagement solide

Le festival poursuit son engagement en matière de formation, de transmission de savoir et de recherche, ayant réuni le programme Berklee au Festival Gnaoua, organisé pour la deuxième année en partenariat avec le Berklee College of Music, 74 jeunes musiciens de 23 nationalités durant une semaine de résidence créative, de formation et d’échanges sous l’égide de professeurs de renommée mondiale.

Un rayonnement qui dépasse les frontières

Le Festival Gnaoua est également un rendez-vous médiatique majeur, avec la présence de 250 journalistes et photographes du Maroc, de France, d’Espagne, d’Allemagne, d’Italie, d’Australie, d’Inde, du Portugal, de Turquie, des États-Unis, du Royaume-Uni, de Norvège et des Émirats Arabes Unis.

Une dynamique continue

Le Festival Gnaoua 2025 a assuré que sa mission a été accomplie avec succès : faire de la musique un langage commun, de la ville un laboratoire de mélanges, et du patrimoine une matière vivante. Cette édition a été marquée par sa générosité et son audace.

Le rendez-vous sera renouvelé avec la vingt-septième édition, qui se tiendra du 25 au 27 juin 2026, dans une édition promettant les mêmes aspirations : faire de la musique une force transcendant toutes les frontières.

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