La cime arabe de Bagdad appelle à « une pression pour mettre fin à l’effusion de sang » à Gaza.

Les pays arabes ont appelé, à l’issue d’un sommet à Bagdad samedi, la communauté internationale à « faire pression pour mettre fin à l’effusion de sang » à Gaza, où Israël a annoncé l’intensification de son offensive, et à « garantir l’entrée sans entrave de l’aide humanitaire urgente ».
Les dirigeants et responsables ont déclaré dans le communiqué final de la 34e sommet arabe : « Nous exhortons la communauté internationale, et en particulier les pays influents, à assumer leurs responsabilités morales et légales pour faire pression en faveur de la fin de l’effusion de sang et garantir l’entrée sans entrave de l’aide humanitaire urgente dans toutes les zones nécessitant assistance à Gaza », tout en rejetant les plans de déplacement des Palestiniens.
Ils ont appelé « tous les pays à apporter un soutien politique, financier et juridique au plan adopté » par les pays arabes lors d’une réunion d’urgence au Caire il y a plus de deux mois « concernant la récupération et la reconstruction de la bande de Gaza ».
Le sommet arabe à Bagdad est intervenu après une visite régionale du président américain Donald Trump, qui a affirmé son désir de « prendre possession » de la bande et d’en faire une « zone de liberté ».
En plus des responsables arabes, l’assemblée a accueilli le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qui a souligné la nécessité de « multiplier la pression » sur Israël, ainsi que le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui a appelé à un « cessez-le-feu durable » à Gaza.
Pour sa part, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a exhorté Trump à « déployer tous les efforts et pressions nécessaires » pour mettre fin à la guerre qui sévit dans la région depuis près de 19 mois, tandis que l’Irak s’est engagé à fournir 40 millions de dollars dans le cadre des efforts de reconstruction de Gaza et du Liban.
Ce sommet s’est tenu dans un contexte de changements régionaux majeurs, notamment les efforts des autorités intérimaires en Syrie, dirigées par Ahmad al-Shara, pour ouvrir une nouvelle page avec les pays arabes et occidentaux après la chute de Bachar el-Assad, ainsi que les lourdes pertes subies par les alliés régionaux de l’Iran à Gaza, au Liban et au Yémen, et les négociations entre Téhéran et Washington sur son programme nucléaire.
Sánchez, dont le pays a reconnu l’État palestinien l’année dernière et qui est l’un des dirigeants européens les plus critiques envers Israël, a indiqué que Madrid soumettrait un projet de résolution aux Nations unies demandant à la Cour internationale de justice de « statuer sur la conformité d’Israël à ses obligations internationales », ainsi qu’un projet appelant Israël à « lever le blocus imposé à Gaza ».
Pour sa part, Guterres a déclaré : « Je suis alarmé par les rapports faisant état de l’intention d’Israël d’étendre ses opérations terrestres et plus encore », appelant à « un cessez-le-feu immédiat ».
Lors d’une conférence de presse tenue après le sommet, il a affirmé que « la politique de blocus et de famine (à Gaza) est un mépris pour le droit international ».
En termes de représentation, l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, ainsi que Sissi, les présidents palestinien Mahmoud Abbas et somalien Hassan Cheikh Mahmoud étaient présents, tandis que la représentation des autres pays arabes se limitait généralement aux premiers ministres ou à des ministres.
L’armée israélienne a annoncé tôt samedi avoir mené des « frappes intensifiées » sur Gaza dans le cadre d’une « expansion de la bataille visant à atteindre tous les objectifs de la guerre, y compris la libération des otages et la défaite du Hamas ».
Bagdad a accueilli un sommet arabe pour la dernière fois en 2012, en pleine recrudescence des tensions sécuritaires en Irak et d’un conflit sanglant en Syrie.
Ce sommet de samedi a suivi une réunion d’urgence tenue au Caire en mars, durant laquelle les dirigeants arabes ont adopté un plan de reconstruction pour Gaza prévoyant le retour de l’Autorité palestinienne dans la région et représentant une alternative à la proposition de Trump visant à déplacer la population et à placer la région sous le contrôle de Washington.
Lors de cette réunion, l’Égypte avait avancé un plan de 53 milliards de dollars sur cinq ans pour reconstruire la bande de Gaza.
Au cours de sa tournée dans le Golfe cette semaine, Trump a déclaré à Doha à propos de Gaza : « Je serais fier si les États-Unis en prenaient possession, et les transformaient en une zone de liberté ».
Le Premier ministre irakien Mohammed Shia’ al-Sudani a annoncé lors de la séance d’ouverture du sommet une « initiative de création d’un fonds arabe pour soutenir les efforts de récupération et de reconstruction après les crises, les conflits et les guerres », ainsi que l’« engagement de l’Irak à verser 20 millions de dollars pour la reconstruction de Gaza et 20 millions de dollars pour la reconstruction du Liban frère ».
Le sommet s’est également tenu alors que les nouvelles autorités syriennes font face à des défis dans leur quête de consolider leur pouvoir et de définir leur relation avec diverses composantes nationales et l’étranger.
Depuis la chute d’Assad, qui était un allié proche, Bagdad traite avec prudence Damas, qui, pour sa part, espère tisser une relation étroite avec son voisin.
Al-Shara, qui s’est exilé en Irak pendant des années en raison de sa participation aux combats aux côtés d’Al-Qaïda contre les forces américaines et ses alliés, n’a pas assisté à la réunion de samedi, après que son invitation au sommet a suscité de vives critiques de la part de politiciens irakiens pro-iraniens pendant des semaines.
Son ministre des Affaires étrangères, As’ad al-Sheybani, a représenté son pays.
Au cours du sommet, Al-Sheybani a dénoncé les « menaces et violations continues » auxquelles est confronté le sud de la Syrie, en particulier de la part du côté israélien… en violation flagrante du droit international, soulignant que « ces agressions israéliennes répétées et systématiques… représentent une menace directe pour la stabilité régionale dans son ensemble ».
Le Maroc a annoncé, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, la réouverture de son ambassade fermée en Syrie depuis 2012.
Il a été convenu samedi que l’Arabie Saoudite accueillera le prochain sommet arabe lors de sa 35e session.