La plateforme marocaine de défense du droit à la santé appelle à une réforme radicale après la chute du classement du Maroc au niveau international dans le domaine des médicaments et des vaccins.

La Réseau marocain pour la défense du droit à la santé et au droit à la vie a exprimé sa vive inquiétude suite à la publication du rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS/GBT) le 12 décembre 2025, qui a révélé un déclin sans précédent du Maroc dans son classement international en matière de médicament et de produits de santé.
Le rapport a montré l’incapacité du royaume à obtenir le « niveau de maturité trois » (ML3), une classification qui reconnait la capacité des pays à fournir des médicaments et des vaccins selon les normes internationales. Il a également noté le recul du Maroc dans le classement africain malgré les énormes ressources allouées à ce secteur.
Crise de souveraineté sanitaire au Maroc
Le réseau marocain a estimé que ce déclin n’était pas simplement une « défaillance technique », mais témoignait d’un échec flagrant de la politique pharmaceutique nationale, menaçant la sécurité sanitaire du pays. Le rapport a souligné plusieurs dysfonctionnements graves, parmi lesquels :
Chaos des prix et domination des lobbies : L’augmentation continue des prix des médicaments, certains dépassant dix fois les prix pratiqués dans les pays d’origine ou voisins, ce qui a un impact négatif sur le pouvoir d’achat des citoyens.
Fuite des compétences : Plus de 200 employés de l’Agence marocaine des médicaments ont quitté en raison d’un environnement de travail peu incitatif, entraînant une perte d’expertises accumulées et mettant en péril la stabilité du secteur.
Crise de gouvernance : La détérioration des indicateurs de gouvernance juridique et réglementaire au sein de l’agence, où les indicateurs juridiques et de contrôle montrent un recul important, reflétant l’absence d’autonomie dans la décision réglementaire et son assujettissement à des pressions administratives.
Malgré les succès de plusieurs pays africains comme le Ghana, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal et l’Égypte à obtenir la classification internationale « ML3 », le rapport de l’OMS indique que le Maroc est en déclin injustifié.
Cet échec compromet le projet de souveraineté vaccinale du Maroc et limite les opportunités d’exportation des médicaments et vaccins marocains tant à l’échelle africaine qu’internationale, privant ainsi le pays d’importantes opportunités d’investissement.
Face à cette situation, le réseau a exigé un ensemble de mesures urgentes, comprenant :
Réévaluation de la gestion de l’Agence marocaine des médicaments : Assurer l’indépendance des décisions de l’agence et réduire les interventions des entreprises dans la politique pharmaceutique nationale.
Révision complète des prix des médicaments : Travailler à mettre fin à la cupidité des entreprises et à augmenter le pouvoir d’achat des citoyens par une coordination efficace entre les douanes et la Caisse nationale de sécurité sociale.
Transformation de l’agence en institution indépendante : Garantir la stabilité des compétences scientifiques et techniques au sein de l’agence à travers la mise en œuvre de politiques incitatives pour préserver les expertises nationales.
Activation du rôle du Conseil de la concurrence : Passer de simples recommandations à des actions concrètes pour lutter contre le monopole et la cupidité dans le marché des médicaments.
Le Réseau marocain pour la défense du droit à la santé a affirmé que la souveraineté sanitaire est la pierre angulaire de l’État social et ne peut rester à la merci de politiques inefficaces ou d’une gestion mal maîtrisée.
Il a annoncé la formation d’un comité de veille et d’audit composé d’experts juridiques et scientifiques pour suivre les répercussions de ce rapport et prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger le droit des Marocains à accéder à des médicaments sûrs et à des prix abordables.




