Economie

Les prix des carburants en début 2026 ne reflètent pas leur coût réel, et les marges des acteurs restent élevées.

Hussein Yamani, secrétaire général du Syndicat national des pétroles et gaz (CDT) et président du Front national pour sauver la raffinerie marocaine de pétrole, a déclaré que les prix des combustibles actuellement appliqués au Maroc ne reflètent pas le coût réel de l’importation et du stockage, et ne correspondent pas au pouvoir d’achat de la population marocaine, surtout avec l’approche de l’année 2026.

Yamani a précisé, lors d’une déclaration à la presse, qu’en se basant sur la méthode de détermination des prix en vigueur avant la libéralisation du marché des combustibles et sans l’intervention du Fonds de compensation, le prix d’un litre de gasoil n’aurait pas dû dépasser 9 dirhams et celui d’un litre d’essence 10 dirhams durant le premier semestre de janvier 2026.

Il a ajouté que ces calculs reposent sur des données précises, indiquant que le coût d’un litre de gasoil après importation et stockage est d’environ 5,15 dirhams, auquel s’ajoutent des taxes d’environ 3,20 dirhams et des profits des acteurs d’environ 0,6 dirham. Concernant l’essence, le prix du litre stocké est d’environ 4,56 dirhams, avec des taxes de l’ordre de 4,70 dirhams et des profits qui s’élèvent à près de 0,70 dirham.

Cependant, selon l’intervenant, la réalité montre que les prix de vente dans les stations de distribution dépassent largement ces estimations, avec un prix ne tombant pas en dessous de 9,90 dirhams pour le gasoil, tandis que celui de l’essence dépasse 12,30 dirhams, ce qui constitue une preuve évidente que les profits des acteurs du secteur restent élevés, malgré l’indignation croissante du public et l’intervention limitée du Conseil de la concurrence, ainsi que la désapprobation des professionnels et des grands consommateurs de combustibles.

Yamani a souligné que le problème ne se limite pas aux fluctuations des marchés internationaux, qu’il a qualifiées de « donnée permanente », mais qu’il est principalement dû à la décision de libéraliser les prix des combustibles et de supprimer le soutien du Fonds de compensation, une décision prise par le gouvernement d’Abdelilah Benkirane dans un contexte politique spécifique, coïncidant avec la fermeture de la raffinerie de Samir à Mohammedia, ce qui a déséquilibré le marché national.

Il a indiqué que le recours à des subventions directes ou à des augmentations limitées des salaires et du salaire minimum ne permettront pas de réduire les effets négatifs de la hausse des combustibles, affirmant que la solution passe par des décisions structurelles courageuses.

Dans ce contexte, Yamani a appelé à : annuler la décision de libéralisation des prix et revenir à un système de détermination des prix de vente public ; renforcer les sanctions du Conseil de la concurrence contre les ententes tarifaires et les violations de la loi sur la concurrence ; relancer l’activité de raffinage de pétrole à Mohammedia et dissocier le stockage de la distribution pour lutter contre le monopole ; adopter un système fiscal dynamique qui réagisse aux fluctuations des prix internationaux ; et procéder à une révision complète des lois régissant le marché de l’énergie afin de renforcer la sécurité et la souveraineté énergétiques et réduire le coût de l’énergie pour les consommateurs.

Yamani a conclu sa déclaration en réaffirmant que la réforme du marché des combustibles est devenue une nécessité sociale et économique urgente, et non pas un simple choix technique pouvant être reporté.

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