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Colère au Conseil de sécurité après le veto américain contre un projet de résolution pour un cessez-le-feu à Gaza

Les États-Unis ont suscité mercredi la colère des autres membres du Conseil de sécurité des Nations unies en utilisant leur droit de veto contre un projet de résolution visant à mettre fin aux hostilités à Gaza et à permettre l’entrée d’une aide humanitaire sans restrictions dans le territoire assiégé. Ils ont justifié cette décision en affirmant que le texte sapait les efforts diplomatiques destinés à résoudre le conflit.

L’ambassadeur pakistanais, Asim Iftikhar Ahmed, a vivement critiqué le veto américain, le qualifiant de « feu vert à l’extermination » des Palestiniens à Gaza et de « morsure d’ignominie sur la conscience » du Conseil de sécurité.

L’ambassadeur slovène, Samuel Žbogar, a déclaré que « pendant que l’humanité est mise à l’épreuve en direct à Gaza, ce projet de résolution est né de notre sentiment commun de responsabilité. Responsabilité envers les civils de Gaza » et envers les otages israéliens détenus dans la bande palestinienne, « responsabilité envers l’histoire », ajoutant « assez, assez ! ».

De leurs côtés, les ambassadeurs de France et du Royaume-Uni ont exprimé leur « tristesse » quant au résultat du vote, tandis que l’ambassadeur chinois, Fu Cong, a directement blâmé les États-Unis, les appelant à « abandonner les calculs politiques et à adopter une position juste et responsable ».

C’est le premier veto qu’utilise Washington au Conseil de sécurité depuis le retour à la Maison Blanche du président Donald Trump, le 20 janvier.

Avant le vote sur le texte, la représentante américaine Dorothy Shea a déclaré que « cette résolution compromettrait les efforts diplomatiques visant à atteindre un cessez-le-feu qui reflète la réalité sur le terrain et encourage Hamas. De plus, cette résolution établit une fausse équivalence entre Israël et Hamas ».

Elle a ajouté que « le texte est inacceptable tant pour ce qu’il énonce que pour ce qu’il omet », soulignant le droit d’Israël à « se défendre ».

C’est le premier vote du Conseil, qui compte 15 pays, concernant la guerre à Gaza depuis novembre, lorsque les États-Unis, sous l’administration de l’ancien président Joe Biden, ont bloqué un projet de résolution appelant également à un cessez-le-feu dans le conflit qui dure depuis près de 20 mois.

La dernière résolution du Conseil concernant Gaza remonte à juin 2024, lorsque le Conseil a soutenu un plan américain pour un cessez-le-feu en plusieurs étapes prévoyant la libération des otages israéliens. La trêve n’a été réalisée qu’en janvier 2025.

Le projet de résolution, proposé par les dix membres non permanents du Conseil, a obtenu 14 voix en sa faveur et une contre.

Cette résolution appelait à un « cessé-le-feu immédiat, inconditionnel et durable » ainsi qu’à la libération inconditionnelle des otages. Elle mettait également en lumière la « catastrophe humanitaire » dans la région, et demandait « la levée immédiate et inconditionnelle de toutes les restrictions à l’entrée et à la distribution de l’aide humanitaire à Gaza », y compris par l’intermédiaire des Nations unies.

Après un siège étouffant qui a duré plus de deux mois, Israël a commencé, depuis le 19 mai, à permettre l’entrée d’un nombre limité de camions de l’ONU à Gaza. L’organisation a cependant souligné que cette aide n’était qu’une « goutte dans l’océan » des besoins dans un territoire menacé de famine, alors que la guerre et le blocus se poursuivent.

Parallèlement, la « Fondation humanitaire de Gaza », soutenue par les États-Unis, a commencé à distribuer de l’aide dans le secteur de Gaza le 26 mai. Cependant, elle a annoncé la fermeture temporaire de ses centres mercredi, après que des dizaines de personnes ont été tuées à proximité dans des incidents au cours des jours précédents, des tirs israéliens étant signalés par les services de secours dans la région.

Les Nations unies ont refusé de collaborer avec cette fondation aux origines de financement obscures, affirmant qu’elle ne respectait pas les principes humanitaires fondamentaux.

Les Nations unies ont qualifié ces centres de « piège mortel », où des Palestiniens affamés sont contraints de traverser « des fils barbelés », entourés de gardes armés.

L’ambassadeur palestinien auprès des Nations unies, Riyad Mansour, a déclaré mardi : « Vous ne pouvez pas être témoin de la colère au Conseil de sécurité… et accepter d’être impuissants, vous devez agir », faisant référence au discours prononcé par le coordinateur des affaires humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, qui a appelé à « prévenir le génocide » à Gaza.

Il a averti qu’en cas d’utilisation du veto, la pression serait « sur ceux qui empêchent le Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités », ajoutant : « L’histoire nous jugera tous pour ce que nous avons fait pour arrêter ce crime contre le peuple palestinien ».

En revanche, l’ambassadeur israélien, Danny Danon, a qualifié le projet de résolution de « cadeau à Hamas » et a remercié les États-Unis pour « avoir défendu le droit » de l’étouffer.

Le mouvement Hamas a dénoncé dans un communiqué sur Telegram le veto américain, affirmant que « le veto américain incarne le parti pris aveugle de l’administration américaine en faveur du gouvernement d’occupation, et soutient ses crimes contre l’humanité commis à Gaza ».

Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin à la guerre à Gaza, qui a éclaté à la suite d’une attaque sans précédent menée par le mouvement Hamas dans le sud de l’État hébreu le 7 octobre 2023.

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