Transformation bancaire au Maroc : Montée du capital national et recul de la présence française dans le secteur financier.

Le secteur bancaire marocain connaît une transformation profonde qui reflète un changement clair dans les rapports de force au sein du système financier national, marqué par le recul de la domination historique des grandes banques françaises et l’essor de groupes marocains capables d’acquérir et de gérer de grandes institutions bancaires.
Après le transfert de la propriété de la Société Générale Marocaine de Banques à un groupe marocain, qui en fait un nouvel acteur bancaire national, toutes les attentions se tournent aujourd’hui vers des négociations avancées portant sur le transfert du capital du Banque Marocaine du Commerce et de l’Industrie d’un groupe étranger vers un acteur économique marocain. Cette étape est attendue pour mettre un terme à une longue période de domination étrangère sur une part importante du secteur bancaire.
Cette transformation ne se lit pas seulement à travers des transactions commerciales ou des changements d’actionnaires, mais reflète une dynamique plus profonde liée à la refonte de la décision financière dans le pays, avec l’émergence d’acteurs locaux ayant accumulé, au fil des années, une expertise institutionnelle, des capacités technologiques et une force de capitalisation leur permettant de jouer des rôles majeurs dans le financement de l’économie nationale.
Dans le même temps, le retrait des groupes bancaires européens s’inscrit dans un contexte international caractérisé par un renforcement des réglementations et l’augmentation des coûts de conformité, en plus d’une pression croissante sur les marges bénéficiaires sur les marchés étrangers. Cela pousse ces institutions à se recentrer sur leurs marchés d’origine, sans que cela ne signe un recul de l’attrait du marché marocain ou de la solidité de son système bancaire.
Dans ce contexte, l’essor des grands groupes marocains ne se limite plus à une expansion progressive, mais vise à construire des pôles financiers nationaux solides, capables de financer de grands projets stratégiques et d’accompagner l’expansion économique vers l’Afrique subsaharienne. L’acquisition de banques existantes leur permet également de bénéficier de larges réseaux de clients, de systèmes de gestion modernes et d’expertises accumulées au fil des décennies.
Ainsi, le système bancaire marocain se dirige vers une nouvelle phase, où le centre de gravité financier est de plus en plus lié à la décision nationale, illustrant la maturité du capital marocain et sa capacité à accompagner les grandes transformations économiques, tant sur le plan national qu régional, tout en préservant la stabilité du secteur et la confiance des investisseurs.




