Les dons sont légitimes pour Trump, mais pas pour Benkirane ?

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Aux États-Unis, les dons du public pour financer les campagnes des candidats sont au cœur du processus démocratique et sont célébrés comme un signe d’engagement populaire. En revanche, lorsque le secrétaire général du Parti de la justice et du développement, Abdelilah Benkirane, se tourne vers la collecte de fonds pour financer le congrès de son parti, cela est perçu comme une « faiblesse financière » et devient un sujet de critique acerbe.
Pourquoi cette disparité ?
- Un cadre légal et une transparence obligatoires
- Amérique : Le Congrès adopte des lois strictes imposant la divulgation des noms des donateurs et des montants, fixant des plafonds financiers. La publication des données de manière transparente renforce la confiance du public et rend le don une pratique ouverte et claire.
- Maroc : Bien qu’il existe des lois pour réguler le financement des partis, l’application effective de la transparence fait défaut. Le manque de publication régulière sur les sources des dons et leurs utilisations suscite des soupçons et encourage les spéculations sur des « intérêts cachés ».
- Une culture politique différente
- États-Unis : L’appui sur les dons individuels reflète une interaction directe entre électeurs et candidats, perçue comme un droit démocratique.
- Maroc : La croyance prédominante est que les partis doivent être financés par le « budget public » ou par de grandes donations douteuses, tandis que les initiatives de financement populaire sont considérées comme un signe de manque de ressources ou de popularité limitée du parti.
- Outils médiatiques et de communication
- Aux États-Unis, les campagnes de collecte de fonds s’intègrent dans une stratégie médiatique soigneusement élaborée, transformant les petits montants collectés en une histoire de succès qui suscite un sentiment d’appartenance.
- En revanche, au Maroc, la collecte de fonds est souvent présentée de manière critique dans les médias, ce qui conduit l’initiative à tomber dans le piège des accusations d’incompétence ou de recherche de « fonds faciles ».
Comment surmonter cet impasse ?
- Renforcer la transparence : Publier des listes de donateurs et de montants de manière régulière, via des plateformes numériques officielles.
- Éduquer l’opinion publique : Lancer des campagnes de sensibilisation expliquant que le financement populaire est un levier pour activer la démocratie, et non un signe de faiblesse.
- Adopter les meilleures pratiques internationales : Réduire les plafonds de dons individuels et renforcer la surveillance sur les sources de financement pour éviter les suspicions.
En fin de compte, le problème ne réside pas dans le don lui-même, mais dans l’absence de mécanismes de contrôle et de transparence. Si Benkirane réussit à transformer la collecte de fonds en un modèle transparent et bien géré, l’opposition pourrait se changer en éloge, et le Maroc pourrait devenir plus ouvert à des modèles de financement des partis qui renforcent l’interaction directe entre les citoyens et leurs partis.