Art & Culture

L’intelligence artificielle et son intégration dans le cinéma africain au cœur d’une conférence principale à Khouribga.

Khenifra : Saïd Al-Aidi

Le Festival du cinéma africain a organisé sa conférence principale sur le thème : « L’emploi de l’intelligence artificielle dans le cinéma africain ? » dans les locaux de l’Institut des sciences appliquées de Khenifra. Ce festival, qui se déroule sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, célèbre sa 25ème édition jusqu’au 28 juin 2025.

L’intelligence artificielle s’est imposée sur la scène internationale dans tous les domaines, y compris l’art en général et le cinéma en particulier. Dans ce contexte de débats, le Festival du cinéma africain a choisi un slogan pour cette édition : « Du récit des conteurs à la rigueur des algorithmes… les tensions du cinéma africain ».

Le visuel de l’édition exprime cette inquiétude qui habite les passionnés de cinéma africain. L’évolution de ce cinéma à notre époque dépendra de la capacité des conteurs africains à chuchoter à l’intelligence artificielle pour donner naissance à un rêve visuel africain renouvelé.

Pour comprendre ces grandes transformations qui commencent à changer les contours du monde et pour déchiffrer la question de l’« intelligence artificielle », cette 25ème édition du festival international du cinéma africain à Khenifra sera une occasion pour les spécialistes et les créateurs de cinéma de approfondir le débat et de lever le flou qui entoure le sujet.

La conférence principale du festival, animée par le cinéphile, critique et chercheur Abdelmajid Sadati, et encadrée par l’expert international en numérique Lahcen Bouhali, a mis en évidence l’impact de l’intelligence artificielle sur l’industrie cinématographique, notamment en matière de distribution et de droits d’auteur. Il a été souligné que l’art reste de l’art, même avec l’usage de l’intelligence artificielle, et son utilisation dans le domaine artistique ne sera pas nécessairement manifeste. À l’avenir, nous pourrions voir des salles spéciales destinées à l’intelligence artificielle.

Un aspect marquant de cette conférence principale a été l’ouverture des échanges entre le conférencier et les participants. Au cours des interactions, les intervenants ont fait remarquer que de nombreux métiers sont menacés d’extinction à cause de l’intelligence artificielle, ce qui a suscité l’inquiétude parmi de nombreux professionnels face à cette menace. Cela s’est matérialisé par exemple dans le film « Matrix », mais également dans des productions comme « Oum Kalthoum », « La Chute », qui évoque la figure de Adolf Hitler, ainsi que « Churchill » et « Lincoln », ce dernier ayant remporté un Oscar. Il ne faut pas oublier qu’il existe également un film réalisé par une seule personne grâce à l’intelligence artificielle, soulevant la question du chômage impactant tous ceux qui touchent au cinéma, de la réalisation à la production, en passant par le tournage, le jeu d’acteur, le scénario, le montage, la décoration, le design de costumes, etc.

L’intelligence artificielle est une forme d’intelligence humaine ; ce qui est humain demeure humain. Il existe une relation entre le technique, l’humain et le mental. Par exemple, pour réaliser un film, nous avons besoin d’une décoration. Si l’intelligence artificielle peut la fournir, c’est un atout. Cependant, la problématique qui se pose dans cette relation entre cinéma et intelligence artificielle demeure celle des droits fondamentaux et des droits d’auteur, quel que soit le contexte, ce qui conduit souvent à des enjeux juridiques.

Il existe une œuvre d’art créée par l’homme et une autre née de l’intelligence artificielle, soulevant alors plusieurs questions : comment garantir les droits d’auteur ? Peut-on considérer les images générées par l’intelligence artificielle comme entrant dans les droits d’auteur ?

L’intelligence artificielle touche à tout et a commencé par se former. Ceux qui possèdent les données fournies à l’intelligence artificielle sont ceux qui détiennent la valeur de ces données ; ainsi, il est possible de produire des films de haute qualité par le biais de l’intelligence artificielle.

Cette intelligence artificielle peut lire des milliards de livres, contrairement à un humain qui ne peut lire au cours de sa vie plus de 3000 livres. Au Moyen Âge, la connaissance était sporadique, mais aujourd’hui, l’intelligence artificielle est capable de comprendre de nombreux domaines.

Les Africains, cependant, s’y jettent sans en mesurer les enjeux ; le terme « intelligent » en anglais signifie « intelligence ». L’intelligence artificielle est un investissement et un moyen d’apprendre des choses personnelles ; elle est exploitée par les puissances dominantes. D’un point de vue linguistique, l’anglais domine avec environ 70 % d’utilisation, alors que l’utilisation de la langue arabe ne dépasse pas 3 %.

Certains intervenants ont considéré l’intelligence artificielle comme un « trick » et ont suggéré qu’un jour, nous n’aurons plus besoin de comédiens. Les générations futures sauront faire la différence entre le monde réel et l’univers virtuel, vivant dans un monde d’imaginaire, ce qui soulèvera des inquiétudes quant à l’avenir. Le monde ne devrait pas se laisser contrôler par les chaînes de télévision et la guerre des algorithmes ; c’est la créativité humaine qui contrôle le monde.

D’autres se sont demandé quelle valeur ajoutée l’intelligence artificielle pourrait apporter au cinéma et à l’industrie cinématographique, son objectif initial étant de réduire les coûts dans tous les domaines, y compris le cinéma. De nombreuses informations présentes dans l’intelligence artificielle omettent la culture africaine, car elles sont rédigées à partir d’autres cultures. Certains ont également interrogé la façon de garder l’intelligence artificielle sous le contrôle de l’homme.

À travers ses réponses aux questions soulevées, le conférencier a souligné que l’intelligence artificielle ne menace en rien, par exemple, l’écriture de scénarios. Il est seulement nécessaire de s’adapter. Bien qu’il y ait des divergences d’opinion – certains voyant un champ de créativité et d’innovation tandis que d’autres y voient une menace pour l’art – de nouveaux métiers émergeront avec cette évolution, et sa puissance devrait être évaluée en comparaison avec l’intelligence humaine, sauf dans le domaine de l’analyse des données.

L’intelligence humaine demeure supérieure à l’intelligence artificielle. Ce dernier est un rassemblement d’éléments créés par l’homme, et il faut accepter les changements induits par la révolution technologique.

L’intelligence artificielle est un moyen de contrôler les autres ; l’élément clé est que ceux qui détiennent des données et des informations contrôlent le monde.

Si les cinéastes africains ont, pendant de nombreuses générations, préservé l’héritage narratif comme source d’inspiration pour les créateurs de cinéma, qui se distingue par son identité continentale et par les douleurs et rêves des peuples d’un continent unique, alors aujourd’hui, nous vivons sous l’emprise de l’image, qui commence à intégrer les techniques de l’intelligence artificielle dans l’industrie cinématographique.

L’Afrique ne doit pas rester les bras croisés ; elle doit monter dans le train, car les droits d’auteur posent problème à l’ère de l’intelligence artificielle. Cela soulève des enjeux de souveraineté sur l’information, et il est impératif d’intervenir pour établir une infrastructure solide. La technologie ne doit pas occulter l’art, surtout dans le cinéma virtuel et l’« espace tridimensionnel ». Ainsi, le rôle du cinéma dans l’intelligence artificielle se renouvèle, avec l’émergence de logiciels qui, en fin de compte, ne constituent qu’un outil d’automatisation.

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